france2100 Je pense que cela appelle un commentaire à deux étages. Le premier. Bien sûr, on n'est plus aux temps féodaux. En fait, j'ai usé d'une métonymie en disant "Russie" dans ma phrase. Il est bien évident que je sous-entends par « Russie » le peuple de Russie. Cette maïeutique faite, me voici donc d'accord avec vous, qui dites : "les terres appartiennent aux peuples qui les habitent". Nous sommes bien d'accord. Or le ciment de ce peuple est sa langue, en l'occurrence le russe, et tout ce qui va avec une langue (civilisation, culture, etc). Très majoritairement peuplée de Russes, la Crimée appartient bien à ce peuple, selon votre bonne définition.
Ce qui amène le second étage. Cette contrée doit par conséquent être partie intégrante des terres du peuple russe. Cela, au titre historique (diachronique) depuis la Grande Catherine, par droit de guerre sur les Ottomans, droit sanctionné par le traité bilatéral de Jassy (ou Iaçi) intégrant officiellement la Crimée en Russie. Tout montre donc la russité continue de la Crimée jusqu'à nos jours, au moins depuis la fin du XVIIIe s. La russification rapide qui en a découlé a été un fait évident vu cette appartenance par traité officiel. Ce qui est survenu de nos jours (plan synchronique) est dans la continuité naturelle de ce qui provient de l’Histoire (plan diachronique) : les Criméens étant principalement russes, le référendum d'autodétermination de février 2014 a sanctionné, par une très forte majorité populaire, le retour définitif de la Crimée en Fédération de Russie, après la brève parenthèse "administrative" ukrainienne (1991-2014). Le traité bilatéral de Jassy de 1792, traité d’État, est toujours symboliquement en vigueur, d’autant plus que les Criméens sont et restent principalement russes depuis lors. Mettre en cause la russité de la Crimée, pour les Russes, c’est autant mettre en cause, pour les Français, la francité de la Corse, ou de la Savoie (encore plus récente). Ce qui est ontologiquement intolérable pour les Français est aussi ontologiquement intolérables pour les Russes.
Quand je disais que le référendum populaire de 2014, déterminant le retour définitif de la Crimée en Russie, a été une vraie œuvre de Salut Public, je pesais bien mes mots. L'on peut subodorer, en effet, que si la Crimée était restée en Ukraine jusqu'à ce jour, ses habitants auraient évidemment subi le même sort et le même calvaire que leurs malheureux frères russophones du Donbass, de la part d'un régime aussi haineusement antirusse que celui de « Kiiv ». C'est, je crois, le moins que l'on puisse dire.