Slin On a refusé la nationalité Française à Picasso, puis lui l'a refusé quand on a voulu lui donner.
Picasso avait suivi de près la chronologie de son pays natal. Lorsque Franco et Queipo de Llano déclarent le putsch qui lance la marche sur Madrid, le chef du gouvernement espagnol envoyait un télégramme à Blum, demandant l'intervention française, et soumettait en même temps aux autorités françaises la même requête à déposer auprès de la chancellerie britannique. Refus français, silence britannique.
Il ne semblait pas particulièrement politisé, mais il avait un penchant anarchisant remontant à sa jeune période barcelonaise autour du milieu du caboulot Els Qatre Gats.
A Paris, débarqué au Bateau Lavoir à Montmartre il sympathisait avec des figures pas spécialement politisées non plus mais anti-systèmes, par tempérament ou par exil forcé,, tels Cendrars, Chagall,, Soutine.
en 1936 Picasso voit que la république française lâche l'Espagne républicaine, puis il assiste entre 1939 et 1945 à un changement de veste en France.
Picasso a ceci que trois villes se l'accaparent:. Malaga,, Barcelone, Paris et les français tendent à oublier qu'avant d'être en France, la personnalité et les idées de Picasso s'étaient formées en Espagne, et notamment à Barcelone, où régnait dans la bohème un contexte anarchisant un peu similaire à celui que restitue occasionnellement Léo Malet dans une paire de ses romans et polars.
Barcelone était l'un des poumons de cette variante non-allemande mais russe d'anarcho-syndicalisme non lénino-stalinien. Les cercles inspirés de Kropotkine. C'est du reste la grosse méprise, et dans le cas de l' historiographie anglo, la grosse arnaque, que de faire du communisme espagnol des années 20 et 30 un péril rouge soviétique, car ces anarcho-syndicalistes communistes étaient une bouture distincte bien séparée du léninisme, ils étaient anti-soviétiques.. Les staliniens le savaient bien, qui, lors de l'aide à la république espagnole, envoyèrent le NKVD pour éliminer ce communisme ibérique particulier et le remplacer par le PCE stalinien. Avant même que de mener des opérations contre les franquistes, les bolchéviques voulaient purger et mettre en place les leurs. Avant 1936, il n'y a quasiment pas de PCE en Espagne.
Un communiste franco-polonais, du nom en France de Jacques Rossi, travaillant pour le NKVD après la révolution bolchévique, était justement en mission en Espagne dans le cadre des purges des anars locaux et des gens du POUM . Jusqu'à ce que lui-même fut fauché par les purges de Jézov et expédié à Vorkouta. Il évoque celà dans un docu télé français de 1992 "Les français du Goulag".
En 1945 à Paris c'est Aragon qui pousse assez Picasso vers le PCF. Il n'y a rien d'idéologiquement structuré là-dedans, mais il est influencé par le discours pacifiste, social et anti-impérialiste.
Sur ce dernier point, Picasso est enfant de 98, c'est à dire la génération espagnole traumatisée par la guerre que les Etats-Unis déclarent à l'Espagne et les procédés yanquis en général.