1- Que cela me plaise ou non, je suis bien obligé de constater qu'aujourd'hui la nation n'est plus vraiment la communauté plébiscitée qu'elle était jadis. Disons que si l'on parle « d'identité », puisqu'il s'agit du terme consacré, le sexe, la race ou l'ethnie, la culture fondée sur les goûts... d'une part, la tribu pourrait-on dire plus généralement, et la « civilisation », sorte de communauté « idéologique » d'autre part ont plus le vent en poupe : soit une échelle inférieure à la « nation », soit une échelle supérieure.
Dans les pays dits « occidentaux », la relation entre nation et droits de l'homme aide sûrement à dissoudre les nations dans un bloc plus général. A terme, la communauté des droits de l'homme, sorte « d'Oumma » , et les tribus, chez nous ? Peut-on espérer que le conflit actuel avec la Russie redonne quelques lettres de noblesse à la nation ?
2- Chez nous, la « nation française » a commencé elle aussi par être portée par une petite minorité, sorte de tribu. Puis, la tribu ou minorité, s'est emparée des moyens de l'imposer au reste de la société, progressivement, contre les autres tribus, ou communautés possibles. Je ne détaille pas plus ; j'en parle assez souvent : l'Etat comme instrument au service de la construction de la « nation ».
Aujourd'hui, peut-être vivons une nouvelle intégration, dans un Etat plus large, portée une nouvelle fois par une minorité agissante, une partie de l'élite, dénationalisée ou cosmopolite, contre certainement une bonne partie de la population : une sorte d'Etat « civilisation » à l'échelle du continent.
Si le schéma précédent est généralisable, en gros l'idée que certaines minorités ou « élites » sont à l'origine des grands changements dans les sociétés, font « l'histoire » plus simplement, pour y échapper, il faudrait que d'autres minorités naissent parmi les foules ou dans la bourgeoisie, et soient en mesure de conquérir les institutions existantes, ou de les renverser, et d'imposer leur projet, d'être « agissantes » en un mot.