Au sein des guerres perpétuelles qui ensanglantèrent l'Europe au seizième et au dix-septième siècles, le catholicisme, déjà ébranlé par les guerres de religion, atteignit dans toutes les classes de la société un point critique. La guerre civile et la guerre étrangère, avaient répandu dans les riches campagnes de France, la misére et la famine. Sous le gouvernement de Richelieu, les << Va-nu-pieds >> normands rappelaient par leurs excés, les plus sombres jours de la Jacquerie, durant la guerre de Cent ans. Livrés à de terribles répressions, les gens des campagnes, ruinés, dépossédés par les rapines et les brigandages, en butte, d'autre part, aux exactions fiscales, préféraient souvent la mort à de continuelles souffrances.
En 1636 ce fut, dans les provinces françaises du Nord, l'invasion espagnole ; mais les soldats de Condé, victorieux à Rocroy en 1643, furent aussi pillards, dans la victoire, que l'avaient été, au cours de l'invasion, ceux qu'ils avaient expulsés de France. Le paysan français se décourageait d'ensemencer un champ ou de planter des arbres fruitiers dans son verger, puisque l'ennemi dévasterait son bien avant que la moisson fût mûre. Les bandes de Turenne, les bandes du baron d'Erlach, les bandes anglaises de Digby, armée royale, armée espagnole, toutes ces troupes qui parcourent la France, la traitent en pays conquis, la foule à plaisir, et appliquent a nos malheureuses campagnes la formule de la guerre doit nourrir la guerre.
Les soldats avaient laissés derrière eux d'innombrables victimes sur les champs de bataille de l'Europe, les veuves et les orphelins étaient dans le dénuement complet.