La prise de Jeanne à Compiègne eut une portée inconcevable. Malgré la haine et les calomnies qui couraient sur son compte, l'opinion publique était déconcertée. Les Français, étaient pour beaucoup loin de l'adorer. A la Cour de Charles VII, le roi lui-même, et plusieurs de ses lieutenants, ressentaient un malaise d'avoir êtê commandê par une femme. De plus, grâce à la rumeur exploitée par les Anglais, on parlait de << sorcellerie >> dans la rencontre du roi avec Jeanne à Chinon et dans le sacre de Reims. On se demandaitt si jeanne n'avait pas agit de par le diable plutôt que de par Dieu. C'était le temps des superstitions délirantes. Même l'archevêque Regnault de Chartres invitait ses diocésains à ne pas trop s'affliger de sa prise, que Dieu punissait justement pour avoir fait tout à son plaisir.
Indifférence des Français, vengeance des Anglais, qui font de la condamnation de Jeanne la condition du salut de leur propre cause. Condamnation totale, humaine et religieuse à la fois, mais avant tout religieuse pour la perdre plus sûrement. C'est pourquoi les Anglais entremettent Pierre Cauchon, l'évêque de Beauvais, du diocèse duquel se trouve Compiègne où Jeanne a été prise. Pour juger Jeanne il faut l'avoir à soi. Cauchon, en personne, offre de la part du roi d'Angleterre à Jean de Luxembourg, comte de Ligny, dix mille livres. Ainsi, Jeanne devient la prisonnière de l'évêque de Beauvais.