Comme autre personnage marquant et contemporain des religieux ou intellectuels de cette 1ère moitié du 12ème siecle dont j'ai parlé (Suger. Bernard de Clairvaux, Robert de Sorbon, Abelard), il y a
Pierre le Vénérable. (1092 1156).
Pierre est issu d'une famille noble d'Auvergne. Il entre à 7 ans comme oblat dans une abbaye locale dont son oncle est le prieur.A 12 ans, il est envoyé à l'abbaye de Vezelay comme écolatre . Puis il entre à Cluny.
A seulement 30 ans, il est élu abbé de Cluny, la plus grande abbaye bénédictine d'Europe, où il succéde à son oncle. Il en restera abbé jusqu'à sa mort en 1156.
A cette époque, la maison mère des benedictins connaît une crise morale et financière , alors que de son côté, l'ordre cistercien entre dans une pleine expansion.
Pierre va restaurer la discipline monastique tout en prônant la modération et la charité. Il réorganise le monastère et ses nombreuses dépendances ( plus de 1000 prieurés). Sous sa direction salutaire, Cluny retrouvera son prestige spirituel et intellectuel.
Pierre est un lettré , auteur de nombreux sermons, traités et lettres. Il fait preuve d'un esprit critique et rationnel tout en restant fidèle à la foi chrétienne. On comprend ainsi pourquoi, il donna asile à Abelard, avant sa mort et pourquoi, il entrera en conflit intellectuel avec saint Bernard.
Vers 1142, il encourage la traduction en latin du coran et des textes arabes. Le but est de comprendre l'islam pour le réfuter par la raison. S'il critique la doctrine de l'islam, il reconnaît aux musulmans, le sérieux et la cohérence morale.
Sans être hostile à la défense de la foi chrétienne, il critique l'esprit de haine et de vengeance qui anime beaucoup de croisés.
Il s'oppose également à la persécution des juifs, tout en espérant leur conversion au christianisme.
Il prone un dialogue inter religieux raisonné , ce qui est exceptionnel pour son temps.
Pierre restera comme la figure de médiation intellectuelle, qui préfèrait la plume à l'épée.
Bien sûr , PIerre défendra les privilégiés de Cluny et de l'ordre benedictin. En particulier l'indépendance des abbayes vis à vis des évêques et seigneurs et l,'indépendance de l'ordre vis à vis des princes et rois. Les benedictins ne doivent obeissance qu'au pape.
D'un naturel diplomate, PIerre mènera diverses missions de conciliation ou simplement de conseils en faveur des princes et rois chrétiens.
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Voila, c'' était une petite galerie de personnalités du 12 ème siècle. Des religieux et (ou) intellectuels, moins présents dans nos livres d'Histoire que les chevaliers et guerriers, mais qui pourtant ont encore plus marqué leur siècle . Avec eux, on démontre sans ambiguïté, que l'Histoire de France s'est construite autour du christianisme .
Maintenant place à Louis 9, chevalier et chrétien rempli de sainteté.