En 1198 dès le début de son pontificat, le pape Innocent III avait l'ardant désir de promouvoir à nouveau la Croisade. Son objectif était de reprendre Jérusalem aux musulmans. Il lance donc un appel à la croisade. Mais l'enthousiasme ne fut plus celui de Clermont ou de Vézelay et son appel eut un succès limité auprès des souverains européens qui hésitaient à s'engager dans une aventure aussi coûteuse. Par contre, les barons de la féodalité decadente en quête de fiefs et un groupe de chevaliers, répondirent à l'appel du pape. A noter qu'à cette époque, l'Europe était déchirée par des luttes internes, ce qui rendait plutôt difficile une mobilisation générale.
C'est donc en avril 1201 qu'une armée de croisés s'organisa, sous le commandement de Thibaut III comte de Champagne. Les principaux chefs de cette Croisade étaient Baudouin de Flandre, le comte de Saint-Pol, Simon de Montfort et Geoffroy de Villehardouin.
L'expérience de la Troisième Croisade prouvait que la voie maritime était la meilleure pour aller en Terre Sainte. Il fallait donc trouver des vaisseaux et pour cela, il fallait faire appel à la première puissance maritime de cette époque qui était les Vénitiens. Les Croisés se sont donc dirigés vers Venise afin de chercher son aide pour le transport des troupes en Egypte. Le problème, c'est que le doge Henri Dandolo faisait de la Coisade une affaire commerciale. Il demanda 85 mille marcs d'or et la moitié de toutes les terres conquises par les Croisés. Les Croisés ne pouvant s'acquitter que de 49 mille marcs d'or, le doge accepta d'en tenir quittes, a condition que les Croisés prennent pour eux la ville de Zara, leur concurrente de l'Adriatique. Ainsi fut fait.
Mais après la prise de Zara, les princes byzantins exilés ont demandé aux Croisés de prendre Constantinople afin de reprendre le trône en échange de leur aide. Les Croisés ont accepté cette proposition qui leur coûtera d'être tous excommuniés par le pape qui était furieux de cette diversion, car au lieu de se diriger en Terre Sainte, ils prirent le chemin de Constantinople.
A ce monent, comme par hasard, Alexis le fils du Basileus détrôné Isaac l'Ange, à qui Alexis III avait fait crever les yeux, rejoigna la Croisade. Il supplia les Croisés de rendre le trône à son père, promettant 200 mille marcs d'or, des vivres et des soldats et le remboursement de toutes leurs dettes.
Entraîner les troupes contre les Byzantins n'était pas une affaire difficile car les Croisés les considéraient comme des traîtres, des voleurs et des criminels. Ne s'étaient-ils pas livrés à un effroyable massacres des Latins en 1182 ? Ils méritaient donc un châtiment exemplaire ! Rares furent les Croisés qui s'opposèrent à ce détournement de la Croisade. L'expédition cingla maintenant vers Byzance tandis que le pape prépara une nouvelle excommunication.