J'aimerais m'attarder un peu plus sur les pèlerinages qui expriment la foi du Christianisme.
Tout d'abord, il est bon de savoir que la coutume de se rendre en masse, en un lieu de culte vénéré, est aussi vieille que l'Eglise. Dès le 2ème siècle, des voyageurs entreprenaient de périlleuses étapes afin de se rendre sur les tombeaux de Pierre et de Paul à Rome. Au 4ème siècle, nombreux étaient les pèlerins de Terre Sainte. Mêmes les invasions barbares et la marée islamique n'avaient pas ralenti cette entreprise. Durant cette période troublée, des milliers de chrétiens bravaient tous les dangers afin d'aller à Jérusalem.
Il est difficile d'imaginer ces énormes déplacements et ces interminables caravanes. On ce temps-là on comptait chaque année un demi-million de pèlerins sur la route de Compostelle en Espagne.
Lors de la première année sainte, deux millions de pèlerins se trouvaient à Rome. Ces chiffres sont à peine croyables. En 1064, vers Jérusalem encore aux mains de l'Islam, 7 mille pèlerins se rendaient au Saint-Sépulcre.
Pour ceux qui souvent posent la question <<Pourquoi faisait-on un pèlerinage >> je répondrai tout simplement pour Dieu ! Parce qu'on avait quelque chose à lui demander. Les malades prenaient la route pour obtenir la guérison, parce qu'on avait une faute à se faire pardonner ou une pénitence à accomplir. Ou tout simplement encore, pour dire à Dieu sa foi et son amour. Pour toutes ces raisons et autres, les <<Jacquots >> se rendaient à Compostelle, les << Romieux >> se rendaient à Rome, les << Paulmiers >> se rendaient à Jérusalem et les << Miquelots >> se rendaient au Mont Saint-Michel. Tout le monde allait en pèlerinage au moins une fois dans sa vie : les petits et les grands, les prélats et les princes, les artisans et les laboureurs. C'était une rude marche pour toute cette piétaille, faites de peineuses étapes. De nombreuses difficultés et périls attendaient ces pèlerins. Certes, il y avait un certain nombre d'abbayes et d'hospices à l'hospitalité généreuse pour recevoir tous ces gens-là, reste que les épreuves étaient rudes.
Chaque année, aux environs de Pâques, la tour Saint-Jacques à Paris, était le lieu de ralliement pour des centaines de pèlerins. Une longue caravane d'hommes, de femmes et d'enfants, cheminaient pêle-mêle à pied. Les gens n'avaient pas vraiment conscience des distances. Il fallait des mois pour atteindre Compostelle et Rome, et deux à trois ans parfois pour se rendre à Jérusalem. Durant les temps barbares, il était très dangereux de se risquer en Palestine. Au 11ème siècle, le pèlerinage des Lieux Saints était extrêmement difficile, à cause des Seldjouqides, qui massacraient les pèlerins ou les réduisaient en esclavage.