Ainsi s'amassait la tempête. Jusqu’en 1904, les relations entre la France et la Grande-Bretagne n’étaient pas très amicales. Il y avait eu davantage de frictions sur les diverses questions de frontières coloniales, à mesure que région par région, les deux grandes nations avaient morcelé et occupé l'Afrique. Mais toutes les questions avaient été assez faciles à régler entre hommes raisonnables. En 1904, presque toutes les questions en suspens entre la Troisième République et l’Empire britannique étaient réglées. L'Entente Cordiale est née d'une communauté d'intérêts dans de nombreux domaines, mais accentuée avant tout par la peur croissante de la politique de Guillaume II.
En 1905, l'Allemagne se montra pour la première fois. Le Kaiser obligea la France à soumettre la question du Maroc, sur laquelle elle revendiquait des droits particuliers. En 1906, les revendications françaises sur le Maroc furent très largement confirmées. En 1911, un événement mineur provoqua des frictions : un navire de guerre allemand fut envoyé au port marocain d'Agadir, apparemment dans le but exprès de déclencher une querelle formelle. La paix fut néanmoins maintenue, car il était évident que l'Angleterre soutiendrait la France, et les préparatifs de guerre allemands n'étaient pas terminés.
L’attention internationale s’est alors tournée vers les Balkans, où il devenait désormais évident que le prochain coup diplomatique pangermaniste allait probablement tomber, mais personne n’imaginait que le premier coup militaire y tomberait également. L'ensemble du projet allemand de mobilisation ne pouvait rester secret. Elle viserait sa première attaque meurtrière, non pas à l’est contre la Russie, mais à l’ouest.
Il y a un passage très intéressant dans le livre de Bernhardi l'apôtre du pangermanisme où il dit sans détour : << Si nous voulons avoir les mains libres dans notre politique internationale, il faut que la France soit tellement écrasée qu'elle ne puisse plus jamais croiser notre chemin. . >>
Les rapports confidentiels de 1912 et 1913 émanant de diplomates français ne laissaient aux autorités parisiennes aucune incertitude quant à ce qui se préparait. Ainsi, avec une anxiété croissante, de 1911 à 1914, la France attendit.