marcopolo Pour Urbain II, il s'agissait de bien autre chose que d'une affaire de la Terre.
Dans l'esprit de ce Pape plein du souci de Dieu, le premier mobile fut de délivrer le tombeau du Christ, pour permettre aux fidèles d'y aller librement prier. La situation était favorable car les Arabes d'Egypte haïssaient les Turcs qui, eux-mèmes, les tenaient pour des hérétiques. La désunion de l'Islam devait aider grandement l'entreprise chrétienne. Il y avait d'autres raisons qui déterminèrent la décision du Pape, comme par exemple la sévère défaite de Manzikert qui avait fait une brèche dans le rempart que Byzance opposait aux assauts de l'Asie. Le Basileus, Alexis Comnène n'avait-il pas écrit au comte Robert de Flandre pour lui demander le secours des chevaliers d'Occident ?
Pour Urbain II, secourir Byzance était obéir à une loi élémentaire de charité fraternelle, parer à un danger qui menaçait toute la Chrétienté, et surtout, ne l'oublions pas, travailler au grand dessein qui ne cessait pas de préoccuper la Papauté : faire cesser le Schisme. Une autre raison, non moins importante, poussait le Pape à agir : l'Eglise, depuis des siècles, luttait pour faire cesser la violence. Orienter la force vers un but exaltant et sacré, était le meilleur moyen d'en limiter l'emploi en Chrétienté. Dans son discours de Clermont, Urbain II a même invité les anciens brigands à devenir les soldats de Dieu. Ces mobiles décisifs déterminèrent Urbain II à lancer la Chrétienté dans l'aventure des croisades.
Certes, il serait exagéré d'admettre que tous ceux qui allaient entendre l'appel de Clermont devaient y répondre dans l'élan d'un désintéressement total. Des causes plus terre à terre intervinrent sans nul doute. Dans son célèbre discours, le Pape fait allusion au surpeuplement de la France, où il n'y avait pas de place pour les très nombreux enfants qui y naissaient. Comme je l'ai explqué précédemment, il y avait un désir certain, sur le plan économique, d'amener des sources d'or et de produits précieux en Occident.
Si la politique se mêla à la mystique, il ne faut pas oublier que la Croisade fut, et cette fois dans le vrai sens du mot, un fait mystique, la manifestation d'un immense élan spirituel. L'expression héroïque d'une foi qui ne se satisfait que dans le sacrifice.