A l'intention de nos amis forumeurs qui n'auraient qu'une connaissance marginale de l'Alsace-Lorraine. Ce que furent ces deux provinces si chères à la France.
Chères à la France car nulle fraction de peuple, séparée par la force, n'a donné de plus belles preuves, ni de plus belles constantes, de sa fidélité à l'ancienne patrie.
On peut affirmer que la Lorraine devint toute française dès l'avènement du duc Stanislas en 1736, mais elle était partiellement à nous depuis bien plus longtemps, et des Lorrains avaient combattu pour la France avant même que Jeanne d'Arc eût paru.
La réunion de l'Alsace à la France, qui eut lieu en 1648 aux traités de Westphalie qui terminent la guerre de Trente Ans, était désirée par la plupart des Alsaciens. Ceux mêmes qui ne l'avaient pas souhaitée s'y rallièrent vite et fortement. La domination française respecta les franchises, les libertés dont la liberté religieuse, la langue, des nouveaux Français. Rien ne ressemblait moins que l'Alsace d'alors, à une pays conquis et contraint.
Déjà, en 1709, sous Louis XIV, l'ambassadeur du roi de Prusse écrivait : << Il est connu que les habitants de l'Alsace sont plus Français que les Parisiens, et que le roi de France est si sûr de leur affection à son service et à sa gloire, qu'il leur ordonne de s'armer, toutes les fois que le bruit court que les Allemands ont dessein de passer le Rhin, pour empêcher ou au moins disputer le passage à la nation germanique, au péril évident de leur propre vie. Il faut donc laisser les Alsaciens au Roy qu'ils adorent, et au pays auquel ils donneront maintenant toujours conseil, faveur, aide et secours dans l'occasion >>.
Louis XV fut reçu triomphalement par l'Alsace. Plus tard, sous le règne de Louis XVI, Strabourg célèbra par de grandes fêtes l'anniversaire de sa réunion à la France, sa reconnaissance et son attachement.
Pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire, plus encore que sous l'ancien régime, l'Alsace et la Lorraine firent superbement leur devoir de provinces frontières. De toute l'Alsace et des plateaux de la Lorraine, il se leva tant de soldats glorieux que la liste en serait trop longue pour la mémoire. Il suffit de se rappeler de Kellerman, de Strasbourg, le héros de Valmy, le comte de Custine, de Strasbourg, qui prit Mayence, kléber, de Strasbourg. je pense aussi à Mouton, de Phalsbourg, Rapp, de Colmar, engagé à l'âge de seize ans, Lefebvre, de Rouffach, duc de Dantzig, par la grâce de la victoire qu'il remporta en 1807. Le maréchal Ney, bien sûr, de Sarrelouis, Lasalle, de Metz, Richepanse, Molitor, Eblé . . . tant de braves et tant de héros dont nous pouvons être fiers. Soixante seize généraux, originaires de l'Asace-Lorraine figuraient sur les contrôles de l'armée française, juste avant la Première Guerre mondiale.
C'est une partie de cette Lorraine et c'est presque toute l'Alsace, qui furent arrachées à la France par le traité de Francfort du 10 mai 1871. On nous enlevait toute l'Alsace avec Strabourg, Colmar et Mulhouse, c'est-à-dire les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, moins Belfort ; dans la Lorraine, tout le département de la Moselle avec Metz, moins l'arrondissement de Briey, les deux arrondissements de Sarrebourg et de Chateaux-Salins dans le département de la Meurthe et le canton de Schirmeck dans les Vosges. Au total 1.750 communes, peuplées de 1.600.000 habitants.
Ce fut une vraie douleur des deux côtés et une blessure profonde.