chevalier-du-temple
Il est sûr que la torture est un système barbare, et que le tortionnaire doit sûrement estimer légitime de ne pas faire dans la politesse et la délicatesse quand il croit avoir affaire à un ennemi de l’état...
Je ne pense pas que l'on torture seulement sous la contrainte d’un ordre, et simplement par un devoir d’obéissance aveugle...
Il faut sûrement avoir tout au moins des prédispositions au sadisme, sinon à un sentiment distant de toute humanité, pour être volontaire. Du moins il me semble, en dehors de la foi immodérée à l’endroit d'une communauté de semblables à qui l’on permet de dormir du sommeil du juste, pendant que des gens dévoués, en coulisse, osent se salir les mains dans l'exercice de la torture de l'autre, ce nuisible qui veut détruire ce qui ferait le ciment d'une nation...
Un état dont le salut réside dans l'omnipotence de ses valeurs morales universelles, et dont il fait la raison-même
de son rayonnement à travers le monde, developpe aussi certainement une culture de la paranoïa quand il ne s’invente pas des prétextes pour conforter sa suprématie en des lieux qui échapperaient à sa sphère d’influence.
Le terrorisme en est une des réactions pernicieuses, dans une guerre asymétrique qui ne répond pas aux protocoles
conformes à la convention de Genève...La peur du terrorisme provoque la haine du terrorisme, et partant de là, de chaque côté, il y a des victimes collatérales. Les innocents...
Cette entité mortifère imaginée marquée du sceau de la dignité humaine parce que sensée être construite dans le respect de la vie, ne frapperait chirurgicalement que « des victimes » conscientes d’être au bon moment et au bon endroit pour mourir, comme au combat ?...Et ceux de cette armée qui en réchapperaient, sous l’uniforme de leur propre foi commune, passeraient à table pour signer le crime qu’on sait déjà, en donnant, sans être torturés, le nom de leur commanditaire ?...
Une réalité autrement plus dénaturée où l’émotion, dans sa ponctualité à s’offusquer de l’instant présent, condamne sans distinction.
Et comme on veut aussi venger ses morts injustement frappés, « Les bons » et « les méchants », alors, se ressemblent tellement que l’ennemi semble se cacher partout où il rappelle au mauvais souvenir de ce que la menace représente. Un délit de faciès, ou une suspicion avérée comme dirait l’autre, par une proximité accidentelle, un accoutrement, un regard, un geste, une parole ?...Le principe étant de ratisser au plus large pour n’oublier quiconque
aurait le physique disgracieux de l’emploi de la terreur.
Et puis vient le temps des accalmies où le recul aidant, les droits de l’homme sont brandis et dénoncent ce qui devient inentendable dans la violence barbare. C’est la barbarie elle-même qui omet volontairement de libérer des détenus qui, parce qu’ils n’ont pas avoué leurs actions malfaisantes, prouvées ou pas, sortiront un jour si cassés psychologiquement qu’ils n’auront plus la force pour dire l’injustice subie. La clause de toutes les confidentialités ?
Vaut-il mieux laisser courir un coupable plutôt que d'enfermer un innocent ?
Les tortionnaires devraient se poser la question de savoir pourquoi les causes qu’ils défendent n’empêchent pas les effets qu’ils induisent dans l’esprit d’activistes encore plus fanatiques qu'un chauvinisme d’état.
Chaque camp assumant son inhumanité.
Mais qui fait l’oeuf, qui fait la poule ?...