Just
En grand prosélyte de la corruption, Poutine n'a, semble-t-il, jamais envisagé que la corruption généralisée affaiblissait tous les rouages de l'Etat, que ce soit dans les administrations, la justice, la police et, bien sûr l'armée où il y a des fortunes à amasser en détournant non seulement les fonds qui lui sont destinés mais aussi, et peut-être surtout, les divers équipements et appareils que l'on peut facilement détourner vers des utilisations civiles et donc vendre à bon prix.
On a beaucoup glosé sur la corruption très présente en Ukraine. Elle existe bel et bien, mais il faut bien se rendre compte du fait que l'Ukraine faisait partie de l'Union Soviétique jusqu'en 1991.
Et en Union Soviétique, la corruption etait quasiment un sport national. La crainte de mal faire, d'échouer dans les objectifs assignés, de déplaire à la hiérarchie, conjuguée à la course à la promotion et à son cortège d'avantages matériels et de passe-droits conduisaient immanquablement au mensonge généralisé, au trucage des chiffres, aux comptes-rendus faussés des performances économiques et de tous résultats chiffrés, dans tous les domaines. (Certaines usines affichaient une production égale à 150% des objectifs avant même d'avoir démarré!)
La généralisation de ces pratiques était telle, à tous les niveaux, que plus personne n'était dupe et que le doute et le scepticisme régnaient dans la population. Il y avait même parmi les couches du prolétariat une certaine solidarité, voire complicité, à l'égard de ces pratiques.
Seuls les hauts dirigeants semblaient sourds et aveugles devant la réalité, à quelques exceptions près.
Il n'est donc pas le moins du monde étonnant que Poutine ait été mené en bateau, depuis des années, par son entourage et ses généraux.
La déliquescence de l'armée, tant sur le champ de bataille que dans la logistique et l'administration chargée de les organiser, est la conséquence logique du systême perpétué par Poutine lui-même.