Ben, c'est son Dieu, pas étonnant qu'il s'identifie, le mec. Ils ne se ressemblent en rien, mais laissons-le faire.
Pour revenir à l'idée de traversée du désert, je crois que les Français aiment assez ce genre de profil - le fait que ce soit arrivé à de Gaulle, Mitterrand, Chirac (tous élus, à la finale) en atteste. L'idée du mec qui rame pendant des années, qui se prend la pile mais qui persiste, et qui au bout du compte, finit par remporter la mise, ça leur plaît bien, je crois.
Que le type ait souffert, ça lui donne un plus. Les réussisseurs d'emblée, dès le premier jet (Giscard, Sarkozy, Macron), on les admire peut-être, mais on ne les aime pas.
Les plus vieux se souviendront peut-être des Guignols de Canal+ qui, à une époque difficile pour Chirac, avait le gag récurrent de le représenter presque mort, avec 14 couteaux plantés dans le dos, allégorie pour les multiples trahisons de ses prétendus soutiens, partant tous chez Balladur. Le genre les rats qui quittent le navire et laissent le capitaine crever tout seul sur son raffiot, vous vous souvenez ?
Eh bien certains ont prétendu que cette image de Chirac supplicié, Chirac outragé, Chirac martyrisé, ça lui avait donné le sursaut, l'inversion des courbes et l'élimination finale de Balladur. Les gens l'ont trouvé sympa parce que vaincu, perdant.
Cette mentalité de louzeurs existe moins aux States, je pense. Si vous regardez leurs élections présidentielles, par exemple, il y a très peu de candidats qui se présentent et représentent après s'être pris déjà deux ou trois raclées. Nixon peut-être, mais il ne doit pas y avoir beaucoup d'autres. Alors qu'en France, en être à sa troisième présidentielle ne choque pas. Chez, eux, le type qui a échoué une fois, il dégage et c'est tout.