Poufpouf
Poufpouf, il convient d’apporter quelques nuances d’importance à la teneur de ton message. Aussaresses , depuis les Jedburghs et jusqu’à sa retraite, a eu une carrière militaire exceptionnelle. Mais si c’était un soldat, c’était aussi un militaire. C’est-à-dire qu’il respectait strictement l’éthique militaire qui est basée avant tout pour le soldat d’appliquer les ordres reçus, et d’accomplir au mieux la mission qui lui a été confiée.
Dans tout ce qu’O a pu faire, pendant et après la guerre, pendant l’occupation, pendant la guerre d’Indochine, puis celle d’Algérie et ensuite en Amérique, à l’École des Amériques, puis à Fort Bragg avec les enseignants de la 82° Airborn et de la 101°, et dans toutes les installations et organisations militaires où il a été affecté dans différents pays, tout l’a été sur les ordres de la hiérarchie militaire. Et après l’Algérie, pour le compte en même temps de la France et de l’Otan. Tout au long de sa carrière militaire, il a obéi, comme tout officier français se doit de le faire tant qu’il n’est pas question de forfaiture.
Et sa hiérarchie recevait elle-même les ordres et les directives du monde politique. C’est-à-dire directement du gouvernement. Aussaresses était le principal officier de renseignement de sa division. En fait de toute l’armée française en Algérie. Il a reçu l’ordre d’intervenir avec son 11° Choc, bataillon qu’il avait créé sur le modèle des SAS britanniques, et qui est devenu la «mère » de ce que l’on appelle maintenant les Forces Spéciales. Le gouvernement a demandé à l’État major du bataillon, donc du 11° Choc, de participer à la guerre, plus exactement « aux évènements » d’Algérie. Le 11° Choc d’Aussaresses était la seule unité militaire française ne dépendant pas du Ministère e la Guerre, mais seulement du Premier Ministre.
Le 11° Bataillon Parachutiste de Choc d’Aussaresses n’est pas, n’était pas plus exactement, un bataillon parachutiste comme les autres. C’était un bataillon de commandos. Si les commandos sont tous des parachutistes, seule une minorité des parachutistes sont des commandos. Ce que les politiques n’ont jamais compris. Ils n’ont jamais compris la différence et ils n’ont jamais utilisé le 11° comme tel. Mais seulement comme un bataillon para « classique », seulement chargé des actions demandant un peu de discrétion. Ce faisant, le gouvernement à privé notre armée de ce qui aurait été la meilleure façon de donner une tournure différente au conflit. Les responsables politiques du gouvernement n’ont jamais accepté que le 11° sous les ordres d’Aussaresses, se conduise en opérant comme les capacités de ses hommes auraient permis de le faire. Ce qui aurait très vraisemblablement changé le sort de la guerre d’Algérie. Mais c’est une autre histoire.
Il y a une autre considération qui est à prendre en compte, et qui s’est vérifié en permanence dans tous les pays du globe et dans tous les cas. Les soldats sont là pour faire la guerre. Ils sont formés dans cette optique, avec cette finalité. Pas pour faire du maintien de l’ordre. Ce qui s’est révélé être la principale occupation de l’Armée Française d’Afrique en Algérie. Les soldats ne sont pas des policiers, et cala génère toujours des situations délicates.
Il y a un second élément majeur que ton message n’évoque pas. Durant la guerre d’Algérie, si l’on écoute les versions de nombreux des jeunes qui y sont allés, les choses ont été abominables pour nos militaires. Tout le monde a entendu parler des « corvées de bois », pendant lesquels l’on abattait les algériens. Ou comme tu le dis, des rafles au hasard pour torturer à tour de bras des civils, en espérant tomber par hasard sur un membre du FLN. Ily a quelques corrections à apporter.
Les corvées de bois ont existé. Mais c’était très loin d’être une pratique courante. Et cela ne se passait que dans des circonstances particulières. Par exemple durant une opération, où les circonstances empêchaient de garder des prisonniers sans nuire à la poursuite de l’opération. C’est profondément regrettable. Mais une guerre ne peut pas être 100 % « propre » et sans victimes collatérales.
En outre, si l’on en croit les propos des d’anciens « combattants » d’Algérie » lors des commémorations qui étaient chères à Coluche, tous nos appelés ont été malgré eux des complices involontaires et obligés, de gradés dévoyés adorant la « gégène », de soldats français tortureurs. Que cela soit arrivé est une évidence. Que ce fut une pratique large est une plaisanterie.
Il y avait deux catégories de soldats français en Algérie. D’une part des appelés, la très grande majorité des hommes. Et d’autre part les professionnels, souvent para, ou d’autres armes. Il n’y a pas un appelé sur dix qui a vu réellement un membre du FLN armé. À fortiori contre lequel il ait tiré un coup de fusil. Et il n’y en a pas un sur mille qui a vu des militaires français torturer de algériens, ou ont participé à des séances de torture. Ce qui ne signifie pas qu’il n’y en avait pas. Au contraire. Il y en avait. Des camions, certains au début du CCI mais pas que, passaient chaque soir dans les locaux de certains centres d’interrogatoire, seulement quelques-uns, et soit emmenaient les prisonniers en détention, soit relativement fréquemment, emportaient des cadavres de civils qui n’avaient pas résisté aux interrogatoires. C’est vrai et largement prouvé et commenté. Mais il ne faut pas juger de cela sans tenir compte du point de vue de la partie adverse, de ceux qui avaient torturé. Surtout des habitant d’Alger dont la famille courrait chaque jour le risque d’être pulvérisés par les bombes que les jeunes filles ou femmes du FLN disséminaient dans les cafés, les cinémas, les bus et les marchés. Et qui pouvaient très légitimement penser qu’il était impossible pour eux d’agir autrement. Et leur point de vue tient parfaitement la route. Il est impossible d’en juger sereinement sans s’être trouvé soi-même dans certaines situations.
En outre, il est évident que les interrogatoires avec torture n’étaient pas réalisés par n’importe quels soldats. Seulement pour l’essentiel par des soldats professionnels de quelques unités « guerrières ». Ou principalement dépendant du CCI, le Centre de Coordination Interarmées. Conseillé c’est vrai, au début par Aussaresses. Mission dont sa hiérarchie chargeait Aussaresses. Mais aucun appelé n’y a jamais participé. Ou alors des cas d’espèce. Le Pen père, c’est bien connu, portant pour l’occasion des barettes de sous-lieutenant ( ?) mais là en qualité de député, s’est êlmefait passer lui-même à la Gégène, pour voir ce que cela faisait. Mais pratiquement tous les gradés et officiers qui participaient aux tortures, se faisaient un devoir d’y passer d’abord. Ce qui leur permettait de comprendre ce qui pouvait se passer sur le plan de la douleur dans l’esprit d’un torturé.
Tu écris ; - « … que ces criminels étaient redevenus de braves types après la guerre ». Mais comment pourrait-il en être autrement ? Ou alors toute la population du globe est complice des assassins putatifs. Dans les pays démocratiques l’armée obéit au pouvoir civil qui lui donne des directives. Mais il ne peut pas y avoir de guerre sans dommages collatéraux, et sans ces crimes inévitables. Surtout lorsque l’on charge officiellement des soldats d’élite en matière d’efficacité militaire, de remplacer la police dans le maintien de l’ordre. Les chocs ne spont pas des flics, et inversement. C’est pour cela, et avec les héritiers des soldats d’Aussaresses, que l’on a eu des victimes civiles dans la grotte d’Ouvéa. Tous les gouvernants du monde le savent très bien, mais entretiennent quand même des armées. C’est donc l’ensemble de la population de la planète qui est complice et assassine.