[supprimé]
Que ce soit cordialement ou pas, il est évident que l’on ne peut pas alphabétiser des individus qui s’y refusent. Sur toutes tes affirmations concernant l’Algérie sous Vichy, c’est la seule chose que tu aies écrite qui ait un peu de sens. Mais tu ne l’as pas fait exprès.
Mais les choses sont beaucoup plus complexes que cela. Il y avait trois grandes catégories d’habitants en Algérie, lorsque les français y ont débarqué. Des musulmans, des français, et « d’autres ». Et chaque catégorie avait sa propre stratégie en matière d’écoles pour ses enfants.
Parmi ces trois catégories, seuls les français, et « les autres » étaient pleinement des citoyens français. Les autochtones étaient le plus souvent musulmans. La population berbère autochtone a été convertie à l’Islam par les arabes, juste après l’Hégire, au début du VII° siècle, après que Mahomet ait quitté Médine en vitesse, pour ne pas se retrouver au paradis. Sans les 72 vierges perpétuelles. Berbères convertis à la manière propre à l’islam, c’est-à-dire par le fer et le feu. Cela continue encore aujourd’hui de la même manière. En ce moment, 2022 de l’ère commune, le pouvoir civil algérien s’est lancé pour la ènième fois, et 13 siècles plus tard que la fuite de Médine, dans une opération d’arabisation des écoles à propension berbère. À coups de matraques policières.
Et à quelques points de pourcentages près qui constituaient les exceptions, les enfants autochtones allaient très peu à l’école.
Les enfants de tous ces musulmans et assimilés pouvaient aller dans les écoles de la République. La France en a construit dans tous les pays de l’Empire, y compris en Algérie. Mais les conditions sociales et sociétales rendaient difficiles aux enfants musulmans la scolarité en écoles françaises. En Algérie comme partout, les enfants sont des pervers polymorphes, comme l’oncle Sigmund nous l’a expliqué il y a plus d’un siècle. Et sont particulièrement cruels entre eux, s’ils décèlent une différence d’avec eux.
Mis à part deux catégories d’élèves. D’une part ceux de la classe musulmane ultra favorisée, qui comme partout dans le monde allaient en pension en Suisse, en Angleterre ou en Amérique. Et les enfants de l’élite musulmane qui envoyait ses enfants dans les écoles de l’Alliance en Algérie, l’Alliance Israélite Universelle. Elle accueillait les enfants musulmans de l’élite algérienne. Ou d’ailleurs sur la planète. Les meilleurs écoles d’Asie, en Indochine ou au Cambodge par exemple, étaient très recherchées par les élites locales. L’Alliance fonctionnait selon les programmes de l’enseignement français, et donc étaient très loin des écoles que le monde musulman réservait à ses enfants. Elle formait les enfants à tous les niveaux, du primaire aux entrées aux Grandes Écoles françaises.
Mais sur toute la planète, les écoles de l’Alliance accueillaient les enfants de toute religion des intellectuels et des notables locaux qui le souhaitaient. Non pas parce qu’ils étaient sélectionnés en fonction des responsabilités et des finances des parents. Mais parce que la fréquentation d’une école moderne en pays musulman pose de gros problèmes aux enfants non musulmans et à leurs parents.
Les juifs, qu’ils soient de la petite bourgeoisie juive algérienne, sépharade ou parfois ashkénase, et les juifs « de base », pas spécialement favorisés financièrement, loin de là, envoyaient évidemment tous leurs enfants à l’Alliance. Les enfants des fonctionnaires français non juifs du continent, lorsqu’ils n’avaient pas de préventions antisémites marqués, envoyaient eux aussi leurs enfants à l’Alliance. Les places y étaient très recherchées par les non juifs. Et la plus grande partie des fonctionnaires, quasiment tous d’origine française du Continent, le plus souvent ceux qui étaient un peu gradés et avaient compris l’importance de l’enseignement pour leurs enfants, envoyaient leur progéniture à l’Alliance.
La proportion d’habitants non arabes, non berbères ou non juifs d’Algérie, était importante. Elle était d’origine surtout espagnole. Et parfois italienne. Mais les italiens allaient principalement en Tunisie. Les espagnols se sont rués en Algérie après la conquête par la France, à la recherche d’opportunités et d’emplois qu’ils ne trouvaient pas en Espagne. Et leurs enfants allaient dans les écoles de la République. Ce n’est pas par hasard que les pieds noirs non juifs qui sont venus sur le Continent après l’Indépendance de l’Algérie, ont quasiment tous des noms en « ez ». Martinez, Sanchez, Xzed.
En réalité, la majorité des pieds noirs n’était pas d’origine française, mais d’origine méditerranéenne, et principalement espagnole. Et ce sont leurs enfants qui ont constitué le lumpen prolétariat algérien. Eux qui le plus souvent ont découvert la modernité sur le bateau qui les amenait en France. En Algérie, ils vivaient comme les arabes et avec les arabes. Il leur a fallu s’adapter à la vie moderne. Mais comme la République les a accueillis comme elle ne l’avait jamais fait pour personne, les choses se sont très bien passées pour les pieds noirs.
Merci pour eux.