Poufpouf
« Le luxe est l’avenir » est une affirmation dénuée de bon sens. Ou alors, si elle est sincère de la part de celui qui l’énonce, c’est qu’elle est destinée à se faire indument « reconnaître » par une petite minorité de personnes socialement et financièrement très favorisée.
Sinon c’est une déclaration destinée à faire croire aux éventuels lecteurs que celui qui l’énonce est lui-même bénéficiaire de cette notion de luxe, et donc est lui-même fortuné. Et généralement ceux qui avancent cet argument sont ceux qui dans la réalité n’en bénéficient pas du tout et n’appartiennent pas à la classe sociale suggérée. Les anciens combattants qui ressassent leurs exploits militaires prétendus, le plus souvent n’ont pas dépassé le pied de grue de garde statique dans la guérite sise à la porte du casernement.
Cette affirmation sous-tend surtout une notion visant à banaliser le fait que le luxe puisse être légitimé. Qu’est-ce qui permet à certains de pouvoir bénéficier du luxe, et pas aux autres ? C’est uniquement le système économique dans lequel nous vivons. Celui que le contribuable lambda appelle le Capitalisme en langage vernaculaire. Et la plus belle démonstration de la nature réelle de ce Capitalisme en est le luxe.
Le luxe est caractérisé par le fait que l’on ne peut en bénéficier que si l’on dispose de plus d’argent que celui qui serait nécessaire à la simple vie « ordinaire » ; celle de tout le monde. Mais l’argent n’est pas créé ex nihilo, comme s’il sortait du néant. Pour entrer dans une poche il doit sortir de la poche de quelqu’un d’autre. Et pour que quelqu’un puisse rouler en Lexus, il faut que mille autres personnes ne puissent le faire qu’au volant de vieilles bagnoles qu’ils n’ont pas les moyens de remplacer par des neuves.
Vanter le luxe, c’est vanter l’aspect le plus inégalitaire du Capitalisme. Et tenter de faire croire au vulgum pecus que l’on est soi-même un bénéficiaire des produits de luxe. Tentative vaine la majeure partie du temps. Le purotin a beau se parer des plumes du paon, il n’en demeure pas moins un exclu du véritable luxe.