Fagoule
Fagoule, ton analyse des causes de l’échec des 35 heures repose sur de éléments faux. Les causes de cet échec n’ont rien à voir avec le réalisme des pilotes de l’opération ou avec le niveau des charges sociales.
L’opération devait se réaliser en deux temps. Le premier temps étant de ramener le temps de travail de 40 à 35 heures. Mais le deuxième temps immédiatement réalisé aurait dû être la compensation des heures supprimées par des créations de postes censés remplacer les postes correspondant à ces heures supprimées.
En gros, les 20 millions de salariés touchés par la mesure dégageaient 100 millions d’heures à compenser, ce qui correspondait à la création d’environ 3 millions d’emplois. Opération qui ne changeait rien au niveau des charges sociales. Payer les charges sociales, patronales ou salariales, sur 40 heures pour un salarié, ou séparément pour 35 heures à l’un et pour 5 heures à l’autre, cela revient au même.
Mais si les administrations et la plupart des employeurs ont bien diminué le temps de travail à 35 heures, la plupart n’ont pas procédé aux 3 millions d’embauches équivalant aux heures supprimées.
Il a été créé dans la réalité environ 50 000 emplois nets, a chiffré l’Insee. Les autres chiffres, issus du patronat de combat, sont faux. Les tableaux de l’Insee en témoignent.
Il était donc inévitable que les choses ne se passent pas comme elles auraient dû le faire. Les employeurs et les administrations ont profité des circonstances pour dégraisser leurs effectifs, et l’opération s’est traduite par le problème qui a été constaté.
Les postes devant être supprimés, 5 heures par semaine, l’ont bien été. Mais les créations de postes devant les compenser, n’ont pas été réalisées. Si les employeurs et les administrations avaient joué le jeu prévu, l’opération aurait parfaitement atteint son but. Plusieurs millions d’emplois auraient été créés. Mais les entreprises ont préféré faire accomplir des heures supplémentaires à leurs employés, encouragés par l’État qui les a défiscalisées. Et les administrations, la Santé en tête, en ont profité pour supprimer des centaines de milliers de postes.
Les 35 heures étaient une excellente mesure et aurait dû amener de nombreuses créations de postes, si elle n’avait pas été arrêté à mi-parcours.
Et il est bien évident que l’on reviendra à une formule de ce genre. Le gâteau diminue en permanence. Le nombre d’emplois ne peut que continuer à diminuer. Où est la solution ? Il n’y en a qu’une. Diminuer le temps de travail de chacun est la seule manière d’assurer un emploi à un maximum d’individus. Ce sera cela ou la barbarie.