Le “quoi qu'il en coûte” promis par Macron.
Comment les promesses de l'État s'écrasent sur la réalité de la bureaucratie.
Pour le seul fonds de solidarité, l'aide versée dans le cadre du reconfinement n'est pas la même selon la situation de l'entreprise, son domaine d'intervention et selon le mois considéré ! Exemple : pour décembre, les entreprises fermées administrativement bénéficieront d'une aide pouvant aller jusqu'à 10 000 euros ou d'une indemnisation jusqu'à 20 % de leur chiffre d'affaires 2019 (deux modes de calcul déterminent son montant) avec un plafond de 200 000 euros par mois. Les règles changent pour les entreprises ouvertes néanmoins touchées par la crise. Ces dernières auront accès au fonds de solidarité (10 000 euros ou 15 % du chiffre d' affaires 2019) à condition d'avoir perdu au moins 50 % de leur activité. « Sur mes cinq restaurants, seuls trois ont été éligibles : les deux autres n'ont perdu que 42 % de leur chiffre d'affaires, calcule le chef Jean-François Piège. Nous n'avons pas d'indemnisation alors qu'un établissement dégage en moyenne entre 4 et 8 % de marge brute. » Les entreprises ayant perdu plus de 70 % pourront toucher jusqu'à 20 % de leur chiffre d'affaires. Les règles sont bien évidemment différentes pour les mois de novembre et d'octobre…
Il n'y a pas que la complexité, il faut également composer avec les zones d'ombre. Le site de Bercy indique ainsi que les entreprises peuvent bénéficier d'étalement ou de report de leurs impôts directs, voire, dans les situations les plus difficiles, d'une remise d'impôts. Cette décision est prise au cas par cas, après examen individualisé des dossiers. Selon quelles règles ? Mystère. « On passe notre temps à faire des parties de ping-pong avec notre cabinet comptable, au fur et à mesure que les aides sont annoncées, raconte Frédéric Anger, responsable du magasin de jouets Cellules grises, dans le centre commercial d'Évry 2. Une aide est décrétée, y a-t-on droit ? Notre comptable nous répond qu'il va devoir se renseigner, qu'il ne sait pas. » Exemple : « Nous, restaurateurs, avons toujours manifesté notre envie de travailler, nous nous sommes soumis aux règles sanitaires car elles étaient normales, nous en avons assumé les investissements comme celui pour le click and collect, rappelle Jean-François Piège. Mais je vois aussi qu'en novembre, quatre de mes restaurants recevront 10 000 euros du fonds de solidarité et pas le cinquième car il a le même numéro de Siret qu'un autre de mes établissements… » ...
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