Tribunal correctionnel de Blois
Selfie, autoportrait que s'échangent les « accros » du téléphone portable. Mais, comment dit-on quand on prend en photo son sexe …, sa queue… partie située juste en dessous de la ceinture ? Retraité de Blois, Philippe, 64 ans, l'aime bien son pénis…, sa bite… au point de l'envoyer en photo à des inconnues dont il a récupéré le numéro par on ne sait quelle ruse. Trois fois qu'il comparaît devant le tribunal pour des faits similaires. C'est plus fort que lui, ça lui prend souvent le matin. Quand tout le monde est au garde à vous, clic-clac ! La dernière destinataire en date, Marie-Claude, n'a pas du tout apprécié cette verticalité pointée inopinément sur son petit écran. D'où sa plainte en janvier dernier.
Pour comprendre le phénomène, Sébastien Evesque, le président du tribunal, lit ses dépositions de la victime qui font état d'une drague crescendo. Au départ, il s'agit d'une salve de 20 à 30 contacts par jour « plutôt corrects. » Puis les SMS se font insistants, cherchant à semer le trouble par l'envoi de photos d'hommes nus. Enfin, ses propres attributs seront envoyés en guise de bouquet final ! « Au début, elle a été complaisante, assure le retraité, elle m'en a même renvoyés ! » Le président tique, le nez dans les dépositions de Marie-Claude. « C'est bizarre, votre révélation à l'audience, vous ne l'avez pas dit aux enquêteurs, ça aurait été facile de vérifier, pourtant. » Philippe persiste en évoquant un jeu trouble, puis finit par raconter sa dépression, doublée de sa triste vie de célibataire. « Je vis seul, Monsieur le Président, j'ai divorcé et élevé ma fille. Quand elle est partie faire sa vie, ça a commencé. » Le président s'inquiète de savoir s'il a déjà réfléchi aux conséquences que la vision de son…, de sa… pouvait avoir sur ses victimes. Philippe sait bien qu'il a franchi la ligne. Il assure avoir entrepris une thérapie pour ne pas recommencer à mettre le petit oiseau dans la boîte.
Plaidant pour la victime, Me Frédéric Chevallier estimera sa cliente « déstabilisée » par ces images grivoises au point d'en voir sa santé altérée. Il réclamera un préjudice de plusieurs milliers d'euros. « Pour ma part, je suis fort sceptique sur le consentement de la victime », enchaînera la vice-procureure Delphine Amacher. « Cela fait trois fois qu'on vous y prend tout de même ! »
Au final, le tribunal a condamné Philippe à trois mois avec sursis dont dix-huit mois de mise à l'épreuve avec obligation de soins. De quoi relever sa tactique de séduction, disons juste un cran au-dessus de la ceinture