De 2012 à 2014, la NSA a profité d'une collaboration en matière de surveillance avec les services de renseignement militaire danois FE pour espionner des responsables de premier plan et de hauts fonctionnaires en Allemagne, en Suède, en Norvège et en France. Selon la chaîne de télévision publique danoise Danmarks Radio (DR), l’intelligence américaince a pu accéder aux SMS, aux appels téléphoniques et au trafic internet, y compris les recherches, les chats et les services de messagerie des politiques européens dont Angela Merkel, le ministre allemand des Affaires étrangères de l’époque Frank-Walter Steinmeier, et le chef de l’opposition d’alors, Peer Steinbruck.
Ce n’est pas la première fois que Washington est épinglée pour avoir utilisé les services de renseignement européens afin de surveiller ses alliés.
En 2015, le site WikiLeaks a dénoncé la collaboration entre la NSA américaine et les services secrets allemands (BND) dans l’espionnage d’entreprises européennes et de responsables politiques français. Selon les documents publiés, les Etats-Unis ont surveillé Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande entre 2006 et 2012.
« Il s’agit de faits inacceptables qui ont déjà donné lieu à des mises au point entre les Etats-Unis et la France », a protesté alors l’Elysée. C’était une impression de déjà-vu.
«S’espionner entre amis, cela ne se fait pas», avait dit Angela Merkel, en octobre 2013, suite aux révélations d’Edward Snowden sur les pratiques d’espionnage illégale de la NSA. Merkel avait alors tenté d’obtenir du président Obama un accord «no spy». En vain.
« L’espionnage systématique par des alliés est inacceptable », s’indignent l’actuelle ministre danoise de la Défense, Trine Bramsen suite aux révélations de Danmarks Radio.
Malheureusement, au lieu d’affirmer une souveraineté européenne commune, dans les domaines de la sécurité, du développement des technologies ou de la protection des biens communs, les dirigents de l’UE construisent un partenariat avec les Etats-Unis aux dépens des intérêts européens.
Sans doute, les Etats-Unis continuent à surveiller ses partenaires en Europe. Pour ce faire, les Américains peuvent se servir des bâtiments de l’OTAN et l’ infrastructure des renseignements de ses alliés. Il est évident que les collectes massives d’informations par la NSA dépassent le cadre de la lutte nécessaire contre le terrorisme ou contre les autres risques géopolitiques. Washington bénéficie de l’information interceptée pour promouvoire ses intérêts politiques et économiques.
Face à ces défis, plus que jamais, les pays de l’UE ont besoin d’assurer la défense de leur souveraineté, et donc de leur autonomie de décision, contre quiconque la remet en cause, fût-il américain.
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