katou
Les digressions relatives à l’âge des Évangiles peuvent être passionnantes. Mais elles oublient l’essentiel. Elles oublient de regarder préalablement la nature de ce à quoi elles se rapportent. J’ai abordé ce sujet dans une autre discussion, mais le rabâchage étant, dit-on chez les instituteurs, la clef de la pédagogie, je vais me répéter un peu.
Que sont les Évangiles ? Élémentaire, mon cher Vasseton ! répondraient approximativement les godons. Les Évangiles sont le récit de la geste d’une personne, un juif, le Christ, qui aurait vécu autour de l’an zéro de notre ère, à laquelle il a donné son nom « d’ère chrétienne ». Il a eu une vie de 33 ans, a réalisé des miracles ébouriffants, était le fils d’un D.ieu en trois personnes, a été crucifié pour racheter les péchés des hommes (et ceux des femmes ?), a été mis au tombeau et est ressuscité trois jours plus tard.
Qu’aurait-il fait durant ces trois jours, le Christ ? Les mormons, qui se veulent chrétiens, ont la réponse. Il est allé en Amérique voir ses fidèles mormons. Mais oublions les mormons. Leur seul intérêt se situe au niveau de la généalogie.
Il convient préalablement de faire un aparté d’ordre général, mais essentiel en matière d’Histoire. Qu’est-ce qui fait d’une personne qui aurait vécu dans les temps passés, une personne qui a historiquement existé ? Que l’on a une preuve historique de son existence. Pas un écrit datant de quatre ou cinq siècles plus tard et qui cite cette personne. Mais un écrit datant sans aucun doute possible de l’existence supposée de cette personne. Ou d’un témoin qui cite cette personne, mais dont le témoignage a été fait à l’époque considérée, et qu’en outre le document soit authentique, pas un faux ou une simple déclaration d’un tiers datant de plus tard.
Ce document authentique peut avoir diverses formes. Un écrit, quel qu’en soit le support, mais qui puisse être daté scientifiquement. Une sculpture d’époque. Une gravure, sur une pierre tombale ou un monument, sur un linteau ou un arc de triomphe, sur une plaque votive, etc.
Si Hammurabi, roi de Babylone au 18° siècle ante ère commune, est un personnage historique, c’est parce que l’on a retrouvé les bornes de granit de plus de deux mètres de haut qu’il a fait installer sur les voies d’accès à son royaume, pour y préciser, en akkadien, la nature des lois qui s’imposaient en Mésopotamie. Ce qui permet de souligner au passage que la Babylonie était un pays de droit trois mille ans avant que la Région Parisienne ne le soit.
Il en est de même d’un fait exceptionnel, ou simplement remarquable. Les grecs ont été depuis l’Antiquité les journalistes du monde Méditerranéen. À différents sujets, Homère dans l’Iliade et dans l’Odyssée, cite des faits de manière romancée, mais dont les bases historiques ont pu être retrouvées et prouvées par les archéologues et les chercheurs. Leurs archives anciennes regorgent de relations d’actes anciens s’étant produits dans le bassin méditerranéen depuis le premier millénaire avant notre ère.
Les hébreux ont eu le même rôle avec la Bible, qui a permis de retrouver nombre de sites historiques attestant de faits anciens. La Bible est même beaucoup mieux que cela. Elle est le seul document que nous possédions rapportant les étapes et les stades successifs du passage de l’humanité du Paléolithique au Néolithique. Mais c’est une autre histoire.
En résumé, si Charles Magne est un personnage historique, c’est parce que nous possédons des preuves, réelles, authentiques, authentifiées scientifiquement sans doutes possibles, que cette personne a bien existé. Des écrits, des statues, des bustes, des monuments, des citations dans les archives de tous les pays existants à l’époque.
Il convient également de souligner préalablement que l’Histoire n’a rien à voir avec la foi. L’Histoire croit et admet uniquement ce qui a été prouvé, constaté matériellement. Les archives originales de Rome disent que Vercingétorix a été étranglé dans son cahot souterrain à la Mamertime, au pied du Capitole. Donc c’est un fait historique.
Par contre, l’on sait maintenant que l’histoire des « martyrs chrétiens » morts pour leur foi dans les arènes, est basée sur l’interprétation partisane et chrétienne d’un seul document, lui original. Un rescrit de Trajan répondant à une question dont l’objet était de nature fiscale, et n’avait rien à voir avec un sujet religieux. Les chrétiens qui ont pu, peut-être, mourir dans les arènes, ont été condamnés pour des faits de droit commun, jamais pour leur foi. Pseudos martyrs dont les relations les plus anciennes datent toutes de plus de huit cents minimum après l’époque concernée, et d’après l’an mil pour les plus anciennes. Admettre l’histoire des martyrs chrétiens est un acte de foi. Pas une constatation historique. Strictement aucune constatation historique authentique, aucun document historique, ne cite un seul martyr chrétien. Tous les récits qui en ont fait datent de beaucoup plus tard que les faits évoqués, et sont du ressort de l’acte de foi. Pas de l’Histoire. Sujet passionnant, mais lui aussi est une autre histoire.
Ce sont surtout Mathieu et Luc qui racontent le début de l’épopée christique, au début de leurs Évangiles respectifs. L’on se doit d’oublier que leurs évangiles sont considérés comme des faux fantaisistes, copiés et recopiés moult fois les uns sur les autres, rédigés par des rédacteurs multiples sur des siècles, entre probablement le VI° siècle et le IX°. Comme les deux autres d’ailleurs.
Sans entrer dans les détails, le Christ a eu une existence fabuleuse, en ce sens qu’il l’a émaillée de miracles stupéfiants. Il marchait sur les eaux. Il multipliait les pains et les poissons. Il guérissait les malades. Il faisait voir les aveugles. Il remettait en marche les paralytiques. Il soulevait les foules qui le suivaient. Au grand dam de l’autorité du roi Hérode et de ses gardiens-surveillants-policiers, et au grand désagrément des romains, qui étaient chargés du maintien de l’ordre et de la Pax Romana , de la paix romaine en Israël. D’autant que les juifs et les romains menaient entre eux une guerre latente permanente depuis le premier passage des légions, des siècles auparavant. Régulièrement, toutes les quelques dizaines d’années, les juifs ressortaient leurs glaives et castagnaient les légionnaires romains. Au moins une Légion romaine était en garnison permanente en Israël.
Il y avait alors dans tout le proche Orient les grecs, reporters permanents. Les hébreux, qui ne sont pas appelés Le Peuple du Livre pour rien. Ils écrivent tout, notent tout, et gardent tous leurs écrits. Il y avait les romains, dont les célèbres scribes notaient eux aussi tout. Et le pouvoir central romain plaçait des scribes dans toutes ses administrations. En outre, selon les personnes concernées, ils écrivaient, parlaient et écrivaient dans des langues différentes. Mais les lettrés de chaque catégorie pratiquaient aussi les autres langues que la leur. Tous parlaient au moins le grec et l’araméen, en plus de l’hébreu. L’on a de cette manière des vues différentes d’un même évènement. Ce qui facilite les analyses des textes retrouvés. Et c’est bien là que le bât blesse, comme le disent les meneurs de mules qui peinent à équilibrer le chargement de leurs bêtes.
Parce qu’aucun de ces personnages qui vivaient alors en Israël na’ jamais cité le nom du Christ. À fortiori et encore moins celui de « chrétiens ». Étonnant, n’est-il pas ?, pour un mec qui avait pour la première fois dans l’histoire de l’humanité la possibilité de faire des miracles sur demande, de remuer les foules et de les entraîner derrière lui, ce qui automatiquement ne pouvait que révulser les pouvoirs en place, religieux, civils ou militaires, qui tous se méfient comme de la peste de quiconque parvient à agiter le peuple. L’on sait comment cela commence, mais l’on ne sait jamais comment cela peut finir.
Les français sont bien placés pour le savoir. Il a suffit que des étudiants se voit interdire l’accès au bâtiment, et partant aux dortoirs, des filles, et l’on termine avec Cohn Bendit dans la rue, un De Gaulle effrayé qui se réfugie en Allemagne chez Massu, les gaullistes sur les Champs Élysées, et un changement quasi-total de société.
Il n’existe aucun document rédigé à l’époque présumée du Christ, qui le cite ou en parle. Il n’y a aucun monument, aucune plaque, aucune gravure, où que ce soit, de cette époque, et qui mentionnerait le nom du Christ. Et ne pas ressortir Flavius Joseph. Tous les spécialistes ont prouvé depuis la première fois que l’on a cité son nom dans ce cadre, que c’est une blague. D’ailleurs n’importe qui sachant lire les langues de l’époque peut en juger lui-même. De multiples tentatives pour faire passer pour authentiques et d’époque des plaques ou des stèles citant le nom de Jésus. Tous étaient des escroqueries. La dernière en date de l’an dernier. Un côté d’une pierre funéraire qui porterait le nom gravé de Jésus. Mais les spécialistes ont eu vite fait de démonter et démontrer l’arnaque.
Et tous les manuels de traduction d’archives destinés aux étudiants en Fac d’Histoire s’intéressant à l’Histoire romaine, mentionnent le grand recensement effectué en l’an 222 dans tous les pays, toutes les possessions et régions de l’Empire romain, et visant à recenser tous les lieux de l’Empire qui avaient une fonction religieuse. La moindre marre gauloise ou se serait produite une apparition, le moindre rocher où a officié un prêtre d’une religion quelconque, et il y en avait des centaines dans l’Empire, a été recensé et situé précisément. Ce document est une mine d’’or pour les spécialistes.
Mais grand mystère, et qui pour le coup n’est pas un mystère de foi, il n’y a pas dans tout l’Empire romain en 222, près de deux siècles après l’époque présumée du Christ, une seule mention d’un lieu fréquenté par les chrétiens. Les mots Christ et chrétiens n’y figurent pas. Ce qui aux yeux des historiens ne peut avoir qu’une seule signification. Au début du 3° siècle de notre ère, il n’y avait pas encore de chrétiens. Et le Christ n’étant cité pat personne ni sur aucun document de quelque nature qu’il soit, avant cette date, le Christ n’a aucune existence officielle. Pour l’Histoire, la seule, la vraie, celle qui découle des constatations authentiques et non pas de la foi, le Christ n’a, jamais existé. Le nom du Christ apparaît au début du IV° siècle, sous Constantin, pour des raisons que les chercheurs connaissent. Raisons de nature du recrutement des premiers chrétiens, qui en étant généreux avec eux sont apparus au mieux à la fin du III° siècle et ont dû attendre Constantin au début du siècle suivant, sa soif d’une nouvelle capitale, et l’origine de sa mère, pour lancer le christianisme.
Que des milliers d’auteurs aient ensuite bâti une œuvre sur les Évangiles, sur les commentaires de textes rapportant, mais des siècles plus tard, l’histoire d’un être qui n’a jamais existé, en appelant à l’aide des auteurs antiques qui étaient morts depuis longtemps à l’époque des faits qu’ils rapportent, ou auxquels l’on fait dire des choses qu’ils n’ont jamais écrites, ou carrément des faux qui abondent dans cette littérature, est sans importance.
La seule chose qui compte est la suivante. Aucun document authentique datant de l’époque supposée du Christ n’existe qui cite son nom. Aucun document, aucune mention de son nom au cours des trois premiers siècles de notre ère, n’existe qui cite son nom. Aucun témoin réel de cette époque ne cite son nom ou l’évoque. Même pas ceux qui auraient été intéressés au premier chef par cette histoire. Les juifs par exemple.
En outre, ceux qui suivent les travaux de la Commission Pontificale d’Histoire le savent, le Vatican lui-même est parfaitement d’accord depuis longtemps avec cette thèse. Parce qu’il lui est impossible d’être contre. Mais le Vatican attend toujours la découverte qui mentionnerait enfin le nom du Christ durant le premier siècle de notre ère. Du moins il est bien obligé de feindre d’y croire. Il attend toujours. Trouvez ce document portant le nom de Jésus, et qui daterait bien de son existence, et votre fortune est faite. Mais le Vatican va attendre encore longtemps. Pour devenir riche, vous aurez plus de chances avec le Loto.