sangtriste
Il faut faire attention : si je peux utiliser bon et juste comme des synonymes, c'est essentiellement parce qu'un juste pour le chrétien est celui qui est aligné sur Dieu, qui respecte sa loi éternelle, dont la loi naturelle dérive ; une loi humaine ne peut être juste si elle nie la loi naturelle, telle qu'elle est définie par les chrétiens. Mais pour un athée, il est tout à fait possible de distinguer le bien, du juste, défini par les lois de la société donnée. Il y a un petit piège.
S'il n'y a plus Dieu comme fondement pour définir le bien, reste alors comme alternative la subjectivité ou volonté de l'homme, que je ne développe pas, car elle ne vous concerne pas, et la Nature: ce qui est conforme à la nature est bien, se conserver ne pourra lui être reproché, alors qu'il s'agit du but de tout animal ; ou le bien est ce qui rend l'animal heureux, en général la sensation, le plaisir, comme principe de l'éthique. Ces conceptions sont d'ailleurs de nature à développer une toute autre loi naturelle que celle du chrétien.
Il est même tentant pour l'athée de nier cette idée de bien : d'expliquer que l'animal ne répond pas à une fin, que l'ordre dans la nature n'étant pas le produit d'une volonté, l'on ne peut parler de bien ; que cette idée est une fantasmagorie de l'homme, une projection de l'imagination de l'homme sur la Nature ; que l'homme doit se contenter de vivre ou survivre, de mener sa barque dans le monde sans aucune référence à une quelconque éthique.
Même si l'on s'en tient aux hypothèses éthiques, seront-elles conciliables avec la nature de l'homme ? L'homme est un animal qui vit en société, comme la fourmi ou l'abeille : il tire profit et plaisir de la vie en société, un bien pour lui, tout en pouvant la détruire par son action, sa liberté, un mal pour les autres hommes. Il faudra procéder à une juste évaluation de ses facultés : intelligence et volonté, par rapport aux autres animaux notamment. L'homme a-t-il la même intelligence que les autres animaux ? N'a-t-il pas en plus la capacité de spéculer ? A-t-il la même volonté ? Ou au contraire cette notion de bien, et le libre-arbitre ne le distingue-t-il pas ?