André Hardellet photographié par son ami Robert Doisneau.
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La ronde de nuit (extrait)
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Seul, les yeux fixés sur son verre,
Un gars taciturne au comptoir :
Il me ressemble comme un frère
Et je connais son désespoir
Aux heures blêmes du regret.
Seul, les yeux fixés sur son verre.
Il revoit les hiers perdus,
Un beau sourire qui s'efface
Dans l'âge d'or des bras tendus
Et, tout à coup, dans une glace
Il ne se reconnaîtrait plus
Il revoit les hiers perdus.
Ô vous nos amis de toujours
Embarqués vers le crépuscule
Et disparus au point du jour,
Quand viendra l'heure à la pendule
Priez pour nous, pour nos amours.
Ô vous nos amis de toujours !
L'aube va chasser le silence
Rassemblant ses oiseaux de feutre,
Maintenant la ville apparaît
Et voici demain qui commence
Entre deux nuits et leurs secrets.
L'aube va chasser le silence.
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André Hardellet
(Extrait de "Le luisant et la sorgue", p.52 in "La Cité Montgol"/ Collec "P.S" Seghers)