Trop souvent, l’Église a voulu prouver qu’elle était «de ce monde» en se consacrant à des causes consensuelles plutôt qu’à l’apostolat, déplore le cardinal guinéen.
L’Église serait-elle devenue inutile à la société?
Le Covid-19 reconduit les chrétiens à l’essentiel. En effet, depuis longtemps, l’Église est entrée dans un rapport faussé au monde. Confrontés à une société qui prétendait n’avoir pas besoin d’eux, les chrétiens, par pédagogie, se sont efforcés de démontrer qu’ils pouvaient lui être utiles. L’Église s’est montrée éducatrice, mère des pauvres, «experte en humanité» selon l’expression de Paul VI. Elle avait bien raison de le faire. Mais peu à peu les chrétiens ont fini par oublier la raison de cette expertise. Ils ont fini par oublier que si l’Église peut aider l’homme à être plus humain, c’est en définitive parce qu’elle a reçu de Dieu les paroles de la vie éternelle.
L’Église s’est engagée dans les luttes pour un monde meilleur. À bon droit, elle a soutenu l’écologie, la paix, le dialogue, la solidarité, et l’équitable répartition des richesses. Tous ces combats sont justes. Mais ils pourraient faire oublier la parole de Jésus: «Mon royaume n’est pas de ce monde». L’Église a des messages pour ce monde, mais uniquement parce qu’elle a les clefs de l’autre monde. Les chrétiens ont parfois pensé l’Église comme une aide donnée par Dieu à l’humanité pour améliorer sa vie d’ici-bas. Et ils ne manquaient pas d’arguments tant la foi en la vie éternelle éclaire la juste manière de vivre en ce siècle. ...
L’État, emmuré dans une laïcité qui choisit par principe d’ignorer l’espérance et de renvoyer les cultes au domaine privé, était condamné au silence. Pour lui, la seule solution était de fuir à tout prix la mort physique, quitte à condamner à la mort morale. La réponse ne pouvait être qu’une réponse de foi: accompagner les personnes âgées vers une mort probable, dans la dignité et surtout l’espérance de la vie éternelle. ...
https://www.lefigaro.fr/vox/societe/robert-sarah-l-epidemie-du-covid-19-ramene-l-eglise-a-sa-responsabilite-premiere-la-foi-20200519