katou
OK, ma phrase est mal construite ou elle est mal citée, en omettant la suivante, peu importe. Je voulais seulement dire que la vérité religieuse est éternelle et inchangeable, d'où l'allergie que manifestent toutes les religions à l'égard de toute innovation, qui ne peut être que suspecte. De Socrate à Luther et la suite, les réformistes se sont toujours pris un mur. Avec Dieu, y a rien de nouveau sous le soleil, cependant qu'en science, on déguste - en lisant les revues scientifiques - les dernières nouveautés, qui sont le plus intéressant. Alors qu'en religion, le plus intéressant, c'est ce qui a été dit le plus tôt possible, cependant qu'en science, plus c'est vieux plus c'est faux (en tendance générale).
Si vous voulez changer quelque chose qui est parfait au départ, ça ne peut être qu'une dégradation. Si vous changez un truc pas terrible à la base (une oeuvre humaine, quelque chose de souvent raté, plus ou moins), il y a une chance que ce soit une amélioration. L'idée de progrès n'est pertinente dans la religion que sous deux formes :
- une religion "progresse" sociologiquement, quand elle convertit de plus en plus et augmente le nombre de ses adeptes
- l'individu peut progresser dans sa vie religieuse en se rapprochant de plus en plus de Dieu, dans sa foi et dans sa pratique, plus ou moins intenses et éclairées.
Mais les vérités de la religion ne changent pas en elles-mêmes, si on les entend comme ici, un corpus de propositions qui définissent une affiliation à cette religion-là en particulier et qui la distingue des autres.
On peut creuser ce point en utilisant la philosophie, pour le christianisme au moins, que je connais un peu mieux que le reste :il y a un problème avec l'idée même de changement. Sur la fameuse question de Galilée, à laquelle on songe souvent dans le rapport religion/science, il faut mentionner que le mouvement de la Terre, Aristote évoque la difficulté et l'idée que la Terre tourne lui semble possible. Ce qui fait qu'il la rejette finalement, ce ne sont pas des arguments logiques - il n'a pas d'éléments pour réfuter efficacement - mais plutôt théologiques, ceci parce que le mouvement, l'impermanence, la caducité lui semblent impropres à faire ressortir la perfection et la divinité du kosmos, de l'Univers, qui est, sinon le Bien, au moins quelque chose qui pointe vers le Bien. Et le Bien ne peut pas être mû, puisqu'il est au contraire ce qui meut sans être mû lui-même, le Premier moteur immobile, dans son jargon.