katou
Je continue. Peut-être l’un des intervenants sur cette discussion aura-t-il suffisamment de réflexion et de curiosité pour se poser la question de la véracité de mes affirmations. Et les vérifiera. Ce qui lui permettra d’aller au-delà des présupposés et des croyances bâties au Moyen-âge et destinées à des individus aux connaissances limitées qui étaient celles de l’époque.
Comment est apparu le christianisme ? Qu’est-ce qui explique ce que j’ai déjà dit de la naissance du Christ ? En résumé et en schématisant, tout en tentant d’être suffisamment compréhensible. Du moins je vais essayer. Mais je suis prêt à expliciter n’importe quel point de mon intervention.
Au premier millénaire avant l’ère commune, avant l’ère dite chrétienne, le royaume d’Israël occupait en gros le territoire situé entre l’Égypte à l’Ouest, le Liban à l’Est, la Méditerranée au Nord et le Jourdain au Sud. En réalité plus que cela, mais dans le cadre de la situation du XIX° siècle, tout le monde s’est à peu près accordé sur ce point. L’archéologie montre que les hébreux qui l’occupaient étaient vraisemblablement un regroupement de différents groupes ethniques dont le noyau de base serait venu deux millénaires avant de la région de Babylone et après moult péripéties, seraient arrivés en Israël. Dans leurs bagages, ils amenaient la notion de D.ieu unique et la Bible. En fait le D.ieu unique était né également en Égypte, mais c’est une autre histoire.
La Bible a une particularité de plus en plus mise en évidence par les ethnologues. Elle est le seul témoignage que possède l’Humanité de l’Histoire du passage du Paléolithique au Néolithique. Mais c’est une autre histoire et ce n’est pas le lieu d’en débattre ici. La Bible est d’abord constituée pour son essence des Dix paroles, des Dix Commandements, qui sont de fait un Code Universel de bonne conduite de l’individu. Elle a été élaborée entre le deuxième millénaire avant notre ère et le huitième siècle du premier millénaire avant notre ère, ou elle adopta sa forme ultime et ses textes n version définitive durant l’Exil à Babylone. Son écriture s’arrêta pour l’essentiel à ce moment où ses textes définitifs ont été collationnés. La recension prouve que ces textes de cette époque, que l’on retrouvera plus tard dans les Manuscrits de la Mer Morte, sont toujours strictement ceux de la Thora d’aujourd’hui. Ils demeurent inchangés depuis l’Exil à Babylone.
Le peuple juif a toujours été un peuple de guerriers. L’Histoire des royaumes d’Israël est l’histoire de nombreuses guerres successives entre ce royaume et tous les autres peuples qui ont existé dans le Moyen et le Proche Orient. Et principalement contre Rome, entre les derniers siècles du premier millénaire avant notre ère et le deuxième siècle après notre ère. Un point amusant à ce sujet. Les armées étaient toutes composées de mercenaires, souvent étrangers au pays dans lequel ils servaient. Vercingétorix a été général dans l’armée romaine, avant de réunir une partie des peuples de Gaulle pour affronter ces mêmes romains. Lorsqu’un empereur ou un général romain voulait partir en guerre, il commençait par réunir une armée de mercenaires « professionnels » pour le faire. Lorsque César a voulu occuper la Gaulle, où les habitants étaient renommés pour être des guerriers redoutables, c’est en Israël que César est allé recruter sa principale Légion. C’est une Légion juive levée en Israël qui battit Vercingétorix à Alésia et conquit la Gaulle pour César et pour Rome.
Mais au premier siècle Titus a battu Israël et a détruit le Second Temple de Jérusalem. En l’an 73, les sicaires romains ont pris Massada, dernier lieu de combat entre Rome et Israël au premier siècle. Titus a alors contraint à l’exil hors d’Israël les habitants de Jérusalem et d’une partie des autres villes juives. C’est la Diaspora. De nombreux juifs sont alors partis dans d’autres pays où ils ont reconstitué des communautés. Dans tous les pays du monde connu, en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie. Beaucoup de ces communautés existent encore, même si certaines ont connu une existence curieuse. Dans leur majorité, les musulmans ignorent que Tombouctou, ville musulmane par excellente et qui fut longtemps interdite aux non musulmans, a été fondée par une petite communauté juive partie d’Israël à l’époque de la Diaspora. Les archéologues en attestent. Cette communauté juive a disparu plus tard, dans le cadre de l’extension violente de l’Islam des débuts du deuxième millénaire.
Et plus de 90 000 de ces juifs d’Israël ont été amenés à Rome comme esclaves.
Les romains adoraient, au sens exact du mot, tous les dieux qu’ils rencontraient. Ils adoptaient systématiquement les dieux des pays qu’ils avaient conquis. Au point qu’ils avaient construit à Rome, au premier siècle avant l’ère chrétienne, le Panthéon, un Temple dédié à tous les dieux de l’Antiquité. Quiconque voulait bâtir une nouvelle religion et installer un nouveau D.ieu y était le bienvenu. Dans la majorité des foyers romains il y avait un autel consacré à l’adoration non pas d’un, mais de plusieurs dieux ou déesses.
Dans la deuxième moitié du 3° siècle, un groupe de personnes dont l’on ignore totalement l’origine, a décidé de la création d’une nouvelle religion. Peut-être des anciens juifs exilés ou descendants d’esclaves amenés à Rome par les romains, ce qui néanmoins est peu probable 250 ans après la diaspora. Ils n’auraient pas attendu si longtemps. Ou des romains de toujours. Ou des individus de n’importe quelle origine, Romme recevant des communautés de personnes venant de tous les pays de l’empire. Tous les peuples de l’Empire se croisaient à Rome et y avaient créé des communautés.
Ils ont choisi de s’appeler les Chrétiens et d’être les fidèles d’un Christ. Comme toutes les religions et sectes diverses, l’extension actuelle des sectes évangéliques à travers les continents le montre, une religion ne peut se créer et s’étendre que si elle recrute des membres. Le christianisme et l’islam tentent de recruter et de convertir à leur religion le plus grand nombre possible d’adeptes. C’est le nombre de ses fidèles qui fait le succès d’une religion. Par contre certaines religions, le judaïsme et les juifs par exemple, refusent les conversions. Ils n’acceptent dans leur religion que ceux qui descendent d’anciens membres de cette religion. Les chrétiens devaient donc recruter. Ce qui n’est pas toujours simple.
Mais les anciennes religions orientales qui existaient à Rome avaient une même caractéristique. Elles n’acceptaient ni les femmes ni les esclaves. Les femmes romaines étaient privées de tout droit civil. Elles n’avaient même pas de nom propre, mais gardaient toute leur vie celui de leur père. Et la religion était l’affaire des seuls hommes, pas des femmes.
Quant aux esclaves, qui souvent accédaient à une position sociale enviée auprès de leur maître, étant souvent plus cultivés qu’eux, parce que l’usage voulait que l’on amène en esclavage de préférence les lettrés et les cadres des pays conquis, ils n’avaient pas davantage de droits civils. Ils n’en acquéraient que s’ils étaient affranchis, mais c’était rarement le cas. Et aucune religion ne les acceptait.
Les chrétiens, n’eurent pas le choix et n’eurent pas besoin d’une grande étude de marché pour comprendre que là résidait une grande source de fidèles. Parmi les femmes et les esclaves. C’est d’ailleurs à une femme, ancienne prostituée et mère de l’empereur Constantin, qu’ils durent au début du siècle suivant, le 4° siècle, l’évolution réelle de leur secte passant grâce à Constantin, du statut de secte à celui de véritable religion, et de plus unique religion ayant droit de cité officielle. Stricto sensu.
Il restait aux chrétien une dernière faveur à obtenir. Une religion à Rome depuis la fin de la République, pouvait bénéficier de deux avantages. D’une part de la nomination par elle parmi ses fidèles d’un Pontife de la religion. Pontife qui était grand chef de la religion, et qui avait sur le plan social le droit de figurer à Rome et dans l’empire au rang des notables de haut rang. Faveur sociale qui s’accompagnait, comme aujourd’hui en France, du droit de recevoir des legs, d’exemptions d’impôts sur les dons engrangés et de taxes sur leurs biens immobiliers. Mais il y avait une condition, valable pour toutes les religions. L’autorisation de la création d’un poste de Pontife et les avantages fiscaux qui en découlaient étaient soumis à la nécessité de prouver l’ancienneté de sa religion. Les romains avaient de tous temps accepté toutes les religions, mais ne reconnaissaient officiellement au rang de religion officielle bénéficiant d’un Pontife et du statut officielle de religion, que les religions créées dans l’Antiquité. Les religions anciennes.
Chaque religion, révélée ou non, au Moyen-Orient ou ailleurs, possède son D.ieu, ou ses dieux, et au fil de son histoire a créé ses prophéties et ses prophètes. Les chrétiens ont alors expliqué qu’ils étaient les successeurs des hébreux, des juifs. La tradition juive veut qu’un Messie arrivera sur la terre lorsque le monde sera terminé. Lorsque le mal et l’injustice auront disparu. Lorsque le lion paîtra avec l’agneau. Les chrétiens ont alors déclaré que ce messie des juifs, c’était « leur » messie, c’était le Christ. Et qu’ils en étaient les fidèles. Donc que leur religion était ancienne, puisque issue de la Bible juive et eux étant les continuateurs des juifs. Et à partir de ce moment-là, ils ont commencé à se préoccuper de textes qui justifieraient cette version de leur création. C’est de là que sont nés les Évangiles, sur plusieurs siècles, et de nombreuses mains différentes. Voir les chercheurs et les spécialistes.
Les Évangiles n’ont donc strictement rien à voir avec la Bible. Il n’y a pas de filiation entre les deux.
C’est d’ailleurs pour cette raison que dès sa création, le christianisme a fait la chasse aux ouvrages de toutes natures datant d’avant le quatrième siècle de l’ère commune. Tous les ouvrages datant des derniers siècles du millénaire précédant l’ère commune et des premiers siècles de notre ère commune ont été interdits par Rome et ont été détruits. Interdits de consultation et interdits de détention. Rome les a fait détruire dans tous les établissements religieux ou civils qu’elle pouvait contrôler. C’est le thème d’une partie des recherches de l’historien italien célèbre Umberto Eco. L’un de ses ouvrages les plus connus, dont Jean-Jacques Annaud à tiré un filme exceptionnel, a été vu par tout le monde. Il est une exceptionnelle leçon de l’histoire du christianisme : « Le Nom de la Rose ». C’est très exactement cette histoire qui est le thème de l’ouvrage et du film. Mais il est évident qu’il faut déjà une certaine connaissance du sujet pour en apprécier le contenu. Rome faisait détruire les ouvrages antiques dans les établissements religieux, surtout les monastères où elle faisait facilement la Loi. Mais pas forcément dans les Abbayes qui dépendaient beaucoup moins de Rome, selon les Ordres concernés, et dans lesquelles les bibliothèques étaient conservées par des lettrés beaucoup plus au courant de l’intérêt historique des manuscrits que l’on leur demandait de détruire, que des envoyés papaux, généralement plus « politiques » qu’historiens. Et qui les cachait. Heureusement. Ce qui les a sauvés.
Quant à l’histoire réelle des martyrs chrétiens dans ce contexte, martyrs évoqués par Katou, l’histoire en est encore plus caractéristique de la saga chrétienne. Je vais ajouter un post à ce sujet qui mérite d’être mieux connu. Pour y parler des martyrs chrétiens, mais à la lumière de l’Histoire. Pas de la foi en des légendes qui ne reposent historiquement sur rien. Et comme je l’ai déjà dit dans mon post précédent, tout ce que j’ai écrit là se trouve dans tous les manuels d’Histoire Romaine destinés aux Études Supérieures d’Histoire. Il est aisé à qui le souhaite de le vérifier. Dans n’importe quelle bibliothèque de ville un peu importante, ou dans n’importe quelle bibliothèque universitaire d’Histoire. Leur accès est libre.