Suite aux dénégations à ce sujet de notre ami-e Katou, renouvelées dans plusieurs discussions, sans doute serait-il intéressant de rappeler ce qui suit. C’est long, mais personne n’est obligé de le lire. Ce n’est que pour les esprits curieux.
Il convient d’abord de rappeler quelques notions de base :
Une personne n’a historiquement existé que si l’on peut constater au moins l’un, ou de préférence plusieurs, des caractéristiques suivantes :
L’on possède des documents scripturaux datés de l’époque considérée et qui citent le nom de cette personne. Ou alors, il existe des documents authentiques de cette époque, sur papier ou sur n’importe quel support : papyrus, argile, papier, parchemin, qui citent cette personne. Ou la citation de ce nom se retrouve sur un monument ou une tombe, une dalle, une monnaie, une statue, ou n’importe quel support, sur lequel ce nom aurait été gravé ou mentionné d’une manière ou d’une autre. Et qui serait parfaitement authentifié pour dater de cette époque.
Un document scriptural ne peut être considéré comme datant d’une époque précise que si la recension permet de l’établir. Elle consiste, pour simplifier, à remonter l’une après l’autre les éditions et mentions les plus anciennes d’un même ouvrage, quel que soit son support, pour retrouver un exemplaire du document d’origine. Et éventuellement trouver les modifications qui y ont été apportées chronologiquement. Ou d’autres documents de l’époque citant l’existence du document en cause, ou évoquant des personnes citées dans ce document.
Charles-Magne a historiquement existé parce que nous possédons des écrits authentiques et des monuments datés de cette période, qui nous content l’Histoire de son règne. Et donc parlent de lui. Comme les hiéroglyphes racontent l’Histoire des dynasties pharaoniques. Tous ces pharaons ont existé. C’est gravé dans leurs pyramides et sur leurs monuments bâtis à l’époque concernée. Jules César a historiquement existé, parce que des quantités de documents et de monuments du 1° siècle avant notre ère, en attestent.
Le Christ est censé avoir vécu dans ce qui devint le 1° siècle de l’ère commune, de l’ère dite chrétienne. À cette époque les hébreux, qui deviennent (de nom) les juifs à l’époque rabbinique, vivaient dans ce secteur. Ce groupe ethnique n’a pas usurpé son titre de Peuple du Livre. Les juifs notaient tout avec une grande fidélité. Les Manuscrits de la Mer Morte reprennent au mot près les Livres de la Thora mis au propre à Babylone sept ou huit siècles plus tôt. Et toujours, des plus anciens aux plus récents, strictement conformes les uns aux autres, à la virgule près. Et les Livres de la Thora aujourd’hui sont toujours strictement conformes aux textes de Babylone, d’il y a pratiquement trois mille ans.
Dans le royaume d’Israël de l’époque vivaient donc les hébreux qui parlaient l’hébreu pour tout ce qui concernait la langage religieux, mais seulement le langage religieux. L’on parlait quotidiennement l’araméen qui était le langage vernaculaire du peuple juif et des peuples de la région. C’était la langue administrative des royaumes de cette région du monde. L’on y parlait l’arabe ancien, Israël ayant de tous temps été un carrefour de routes commerciales entre l’Afrique et l’Asie, l’Europe et l’Asie. L’on y parlait également l’égyptien, les échanges de toutes natures entre l’Égypte (qui ramenait les produits africains) et Israël, Israël faisant suivre vers l’Asie, l’Arabie et le Zagros. De plus, depuis des siècles la souveraineté sur Israël était marquée par des guerres ou des batailles entre Israël et Rome. Et Rome entretenait en Israël une forte communauté romaine. Et pas seulement des Légions.
Mais la langue la plus usitée après l’hébreux et l’araméen était le grec. Une forte communauté grecque vivait au Moyen-Orient, et dans toute le Maghrech, depuis la fin du 2° millénaire avant notre ère. Le grec était pratiqué par tous les peuples de la région avec l’araméen. Et les grecs était du 5° siècle avant notre ère, et pratiquement jusqu’au 5° siècle après, les journalistes du Moyen-Orient. C’est grâce à eux que nous connaissons l’Histoire des peuples méditerranéens, arabes, du Maghreb de l’Est, du 1° millénaire avant notre ère et du premier millénaire après.
Tous ces gens auraient donc vécu en Israël en même temps qu’un phénomène exceptionnel s’y produisait. Un homme y faisait des miracles. Il marchait sur l’eau, il multipliait les pains et les poissons, il guérissait les malades, même les plus gravement atteints. Il réunissait des foules à une époque où les réseaux sociaux se limitaient au bouche à oreille. Il est même allé jusqu’à mourir, être mis au tombeau, et être ressuscité trois jours après. Après avoir créé une nouvelle religion et en avoir envoyé ses responsables convertir les peuples du monde connu.
À cette époque, les distractions étaient rares. Et comme pour tous les groupes ethniques se retrouvant dans des conditions comparables, le moindre évènement rompant la vie traditionnelle, y marquait les esprits. L’on en parlait forcément. Et qui plus est dans des langues différentes dont les utilisateurs pratiquaient couramment et systématiquement l’écriture. Or, il s’est passé une chose étrange.
Il n’est pas possible de trouver une seule mention du nom de ce Christ avant la fin du 3° siècle de notre ère, et avant l’installation à Rome d’un groupe religieux qui s’était baptisé les Chrétiens et ont présenté au public ce nom de Christ. Quelle que soit la version de ce nom selon les déclinaisons linguistiques. Il n’existe pas un seul document avant la fin du troisième siècle, juif, hébreu, grec, romain, perse, araméen, ou de quelque langue soit-il, qui mentionne le nom du Christ. Et l’on n’a pas pu le trouver non plus sur aucun monument, aucune tombe, aucune dalle, aucune gravure. Pour un personnage qui bouleversa son époque, c’est étonnant.
Mais cela signifie que pour les historiens, du point de vue historique, le Christ n’a jamais existé. Et que l’histoire que raconte l’église chrétienne de sa fondation, de son histoire, et des premiers siècles de son existence, sont imaginaires et crées de toutes pièces à partir de la fin du 3° siècle de l’ère commune. Et pour l’essentiel bien après le 4° siècle. Comme je l’ai précisé ailleurs, et comme le précisent les manuels d’Études Supérieures d’Histoire, les instruments de la passion, la couronne d’épines, la lance, la blessure au côté, le vase, etc, sont apparus au 12° siècle. Ils n’existaient pas avant. Ils sont apparus avec les Croisades, justifiant la création et la vente aux rois et seigneurs européens croisés en quête de souvenirs à ramener, de divers objets à caractère chrétien. Les suaires par exemple, comme le célèbre suaire de Turin. Mais il y en a une douzaine semblables en Europe, tous datés de cette époque, et qui ne présentent plus aucun mystère pour les scientifiques.
Comme j’ai eu l’occasion de l’écrire dans une autre discussion, les recensions montrent que les premiers fragments de documents qui évoquent les Évangiles datent d’après le 4° siècle. Un fragment minuscule qui daterait de la fin du 2° siècle serait détenu par une fondation suisse, mais qui a toujours refusé à la laisser examiner par des spécialistes. Ce qui laisse perplexe.
Il est facile de s’inscrire en faux contre cela. Du moins si l’on est de bonne foi. Il suffit de trouver les références réelles d’un document, quel qu’il soit, écrit ou gravé, daté de l’époque du Christ, et qui évoque son nom ou celui la nouvelle religion chrétienne. En 222, Rome a décidé d’un recensement dans tout l’Empire de tous les lieux de culte, quelle que soit la religion. Les romains adoptaient toutes les religions des pays qu’ils occupaient. Comme ils ont adopté les chrétiens. Nous possédons ce recensement comme pratiquement tout ce qui concerne Rome et l’Empire romain. L’on y trouve la moindre marre gauloise ou tunisienne, israélienne ou grecque, où les autochtones ont pu déclarer qu’une croyance locale attribuait au lieu un quelconque attrait religieux. Ou qu’il s’y était produit une apparition. Donc au 3° siècle. Et dans tout l’Empire romain du début du 3° siècle, le recensement ne montre aucun lieu, pas un seul endroit, en Israël, à Rome ou ailleurs dans l’empire, qui mentionne soit le nom du Christ, soit celui des chrétiens. Et à fortiori qu’il s’agit d’un site religieux chrétien. Les chrétiens n’existaient pas encore en 222 de notre ère. 170 ans après la mort présumée du Christ. Je reprécise qu’il ne s’agit pas d’une opinion ou d’une possibilité. C’est de l’Histoire, et c’est incontestable.
Lorsque l’on a porté à la connaissance du public l’existence des Manuscrits de la Mer Morte, le Vatican a publié des communiqués dithyrambiques. Il espérait que l’on allait enfin trouver un document de l’époque parlant du Christ. Manque de pot, il s’agissait des Esséniens qui ont vécu plus tôt, et qui n’ont rien à voir avec une religion chrétienne qui n’existait pas à leur époque, et n’est apparue que plusieurs siècles après. Régulièrement l’on ressort de vieux marronniers. Flavius Joseph qui aurait cité le Christ dans ses ouvrages, ce qui est une plaisanterie. Ou encore récemment, l’été dernier, un antiquaire israélien auquel l’on a tenté de fourguer une dalle gravée qui porterait le nom du Christ. Mais comme de coutume, parce que c’est fréquent, il a été vite montré que ce n’était que la tentative d’un petit futé qui l’avait faite graver. Cela arrive régulièrement aux antiquaires au Moyen-Orient.
Et pour ceux qui vont hurler que j’ai tort, ils devraient d’abord se renseigner auprès des historiens. Du moins ceux de bonne foi qui n’ont pas bâti leur carrière sur l’exploitation des Évangiles. Ce que j’ai écrit ci-dessus est à retrouver dans tous les manuels d’Histoire Romaine utilisés par les étudiants en Études Supérieures d’Histoire. Même les commissions d’Histoire du Vatican admettent maintenant cela. De multiples historiens, célèbres ou non ont, ces dernières décennies, publié de nombreux ouvrages, et fait des films documentaires sur ce sujet. Par exemple Corpus Christi, coproduction Archipel - La Sept - Arte, dont les films et les ouvrages qui en ont été tirés, sont célèbres. Et ont reçu quasiment l’Imprimatur du Vatican.
Si vous voulez faire parler de vous dans tout le monde, tant chrétien, que religieux en général, ou même profane, allez faire des fouilles où bon vous semblera, et trouvez un document, un monument, une gravure au fond d’une grotte ou d’une catacombe, qui puisse être datée et porte le nom du Christ. Tous les manuels d’Histoire citeront votre nom pour les siècles à venir.
Par contre, les « historiens » chrétiens et ceux de la vaticane École Biblique de Jérusalem, qui ont tous basé leur carrière sur les commentaires qu’ils faisaient des Évangiles, se retrouveront au chômage.
Ce qui évidemment amène à considérer d’une autre manière l’histoire de la naissance du Christianisme, et, entre autres puisque c’était de cela qu’il s’agissait au départ, la filiation Bible – Nouveau Testament. Sujet passionnant. Si cela intéresse quelqu’un … Suffit de le dire. D’autant qu’il y a plein d’autres trucs marrants dans le contexte. L’histoire des martyrs chrétiens, par exemple.