Voilà une réponse assez détaillée relevée sur un autre forum:
Aucune demande de bombarder Auschwitz ou ses installations ferroviaires ne fut faite par quiconque avant mai-juin 1944 écrit William Rubinstein, l'ancien président de la Jewish Historical Society of England. La première demande de ce type émanait d'un rabbin slovaque, Michael Dov Ber Weissmandel et fut faite à l'Agence juive, le 16 mai 1944.
Le premier ministre britannique, Winston Churchill, n'envisageait pas le bombardement comme étant une solution, partant du fait que les bombardements étaient imprécis et auraient tué des prisonniers au sol (Le 24 août 1944 l'U.S. Army Air Force réalise un bombardement d'usines situées à proximité de Buchenwald, malgré les conditions optimales, 315 prisonniers furent tués, 525 grièvement blessés et 900 légèrement, Volant sous un intense feu anti-aérien les bombardiers ne purent infliger que des dommages légers à l’usine. Beaucoup de leurs bombes ratèrent également leur cible. Quelques unes, par accident, tombèrent sur Auschwitz, frappant un atelier d’habillement, dans lequel 23 Juifs et 17 autres occupants furent tués. Elles détruisirent des baraques S.S.- tuant 15 membres de la S.S., et en blessant 28. D’autres bombes perdues frappèrent Birkenau qui était proche- tuant 30 personnes dans un abri anti-bombe, endommageant un remblai de chemin de fer et la voie de garage qui menait aux crématoires.)
En raison de la controverse qui fit rage dans les années 1970, de nombreux experts se sont penchés sur les implications soulevées par un éventuel bombardement d'Auschwitz et de son chemin de fer et ont conclu que ce projet aurait été extrêmement difficile et risqué et que les chances d'obtenir des résultats significatifs auraient été minces.
En 2004, un documentaire, Auschwitz; the forgotten evidence (Auschwitz, la preuve oubliée) contenait des interviews des historiens William Rubinstein et Richard Overy. Le reportage revient sur la demande du 6 juillet 1944 de l'Agence juive concernant le bombardement d'Auschwitz par les alliés et sur les photographies de reconnaissance pour en examiner la faisabilité opérationnelle et technique. Deux catégories de bombardement pouvaient être envisagées: un tir de précision mené par des bombardiers légers du type Mosquito et un bombardement de la zone par des bombardiers lourds. Selon cette analyse, un tir de précision sur les installations ferroviaires était tellement courant à cette époque que les allemands avaient des équipes spécialisées capables de tout remettre en état de fonctionnement en quelques heures, voire, au maximum, en quelques jours. Par ailleurs, le ravitaillement du camp aurait été interrompu et les détenus en auraient souffert. Un bombardement massif de la zone d'Auschwitz-Birkenau aurait quant à lui causé trop de victimes dans la population des camps. Quant au bombardement de zone, à titre de comparaison, on note qu’il n’a pas fallu moins de 10 raids de bombardements séparés, entre juillet et novembre 1944, avec des flottes de 100 à 350 bombardiers lourds, pour que les Alliés arrivent à paralyser l’installation pétrolière de Blechhammer, près d’Auschwitz. Citant l’étude, qui fait autorité, « Les forces armées dans la Deuxième Guerre Mondiale », Uttal rappelle qu’aux bombardiers qui ont attaqué les raffineries de pétrole à Ploesti il fallut plus de 6 000 sorties et 13 464 tonnes de bombes pour accomplir leur mission. Trois cent cinquante bombardiers furent perdus.Il note que les bombardiers lourds de la Deuxième Guerre Mondiale "touchèrent leurs cibles 3% du temps", et insiste sur leur difficulté à viser leurs cibles lorsqu’ils volaient à 25000 à 30000 pieds d’altitude.
http://www.lafauteadiderot.net/Pourquoi-les-allies-n-ont-pas
https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9bat_sur_le_bombardement_d'Auschwitz
Il y a une question au sujet de laquelle il y a peu de conflit : celle concernant le moment où des nouvelles détaillées, crédibles arrivèrent aux Alliés au sujet de ce qui se passait dans ce camp. Il se peut qu’il soit vrai que de la fin 1942 au printemps 1944 des informations soient parvenus à l’Ouest suivant lesquelles des Juifs étaient mis à mort dans cet endroit : Dans une étude qui fait date "Auschwitz et les Alliés" l’historien anglais Martin Gilbert détaille les rumeurs concernant de "grands bâtiments en béton" sur la frontière russo-polonaise "où les gens sont tués par gaz et sont brûlés" ; il évoque les comptes rendus de seconde main sur des "masses de Juifs" qui sont exterminés "en masse" ; la lettre qui parlait de "fusillades et brûlage" à Auschwitz. Jan Karski parla à Anthony Eden, le ministre des affaires étrangères britannique. Il témoigna sur ce qu'il avait vu au Camp d'extermination de Bełżec et à Varsovie. La plupart de ceux auprès desquels il s'adressa ne le crurent tout simplement pas ou pensèrent que les propos étaient exagérés, déformés par le Gouvernement polonais en exil.
Mais ce ne fût que fin juin ou début juillet 1944, avec la réception de témoignages de première main de rescapés d’Auschwitz que la "destination inconnue" vers laquelle tant de Juifs disparaissaient fut révélée dans toute son horreur et des demandes pressantes d’intervention faites par des dirigeants Juifs aux Alliés, commencèrent à se multiplier. Et à ce moment, l’immense majorité des Juifs qui devaient mourir à Auschwitz-Birkenau avaient déjà rencontré leur destin.