Déficit: le décrochage à crédit de l’Etat français
11 novembre 2019 à 19h51
Il y a un an jour pour jour, l’Etat français ne disposait plus d’un euro en caisse et devait donc s’endetter pour achever l’année. Calculée avec science par l’Institut économique Molinari, cette date du 12 novembre vaut toutes les démonstrations. Et relativise le storytelling sur les exploits budgétaires de Bercy… Car la situation se dégrade. Car la France affiche, avec la Roumanie, la pire performance de l’Union européenne. Car dix ans après, la crise a laissé un impact trois fois plus important sur nos finances publiques qu’ailleurs en Europe. Car, enfin, rien ne laisse augurer d’une normalisation rapide : en 2019, l’administration centrale vit à crédit depuis le 31 octobre !
Comme ses prédécesseurs, Emmanuel Macron semble avoir renoncé à tout redressement conséquent des comptes publics – ses prétentions originelles restaient faibles. Avec cette facilité si française qui consiste à justifier quatre décennies de reniements, de mensonges et d’artifices : le déficit n’est pas le souci, mais la solution. Le chef de l’Etat peut minimiser les règles de discipline budgétaire dans un monde de taux d’intérêt nuls. Il peut argumenter sur la nécessité de s’endetter pour investir dans l’avenir. Mais comment ne pas voir que le mur budgétaire est un obstacle à la «transformation » qu’il défend urbi et orbi ?
D’abord, cet étatisme unique chez les Vingt-Huit va de pair avec un excès de fiscalité et de réglementation, cause d’une croissance atone et d’un chômage massif. Ensuite, l’obésité administrative limite toute réforme d’envergure – hôpital, police, justice… – faute de marge de manœuvre et en raison d’un ras-le-bol fiscal explosif. Enfin, le décrochage français affaiblit la crédibilité d’Emmanuel Macron dans ses ambitions européennes, décryptées par nos partenaires comme une tentative de maquillage de nos irresponsabilités. Comme un abandon à crédit.