Savant et un petit peu méchant, quand même : présenter Robespierre comme un aristo, c'est pas chou, c'est pas cool.
Mais si vous voulez bien, on va essayer de dépasser le niveau simplement savant pour essayer (je dis essayer) d'être profond.
Robespierre a vu le danger de "l'humanisme" : si on oublie Dieu dans le tableau, les déclarations, les politiques, ne reposeront plus que sur la volonté humaine.
Or cette volonté humaine présente quelques défauts, qui n'ont pas été évoqués jusqu'ici : elle est changeante, par exemple, ce que fait un homme, un autre (ou le même à un autre moment) peut le défaire, ce n'est pas stable. Et les pouvoirs politiques n'aiment pas être instables.
Par ailleurs, cette volonté peut être mauvaise (ce qu'on évite avec Dieu), parce qu'il se trouve qu'il y a aussi, chez l'homme, des désirs de brutaliser, de voler, de violer, de tuer, de génocider. Pas chez Dieu. Privé de toutes limites, l'homme institué comme instance suprême, c'est inévitablement la porte ouverte aux saloperies.
Robespierre a vécu cela, le moment de la Terreur où, avec une pétition de 300 clampins réunis on ne sait où, on pouvait bazarder aux chiottes les institutions les plus vénérables, millénaires, les habitudes les plus ancrées, la culture, etc. Juste parce que 300 mecs (et souvent même beaucoup moins) avaient soudain décidé que... et que le principe de toute souveraineté légitime ne pouvait être que le peuple les autorisait.
Mais lorsqu'il a été question - pour que la Révolution arrête de partir en vrille de cette manière - de mettre un peu de limites, de mesure aux légitimes d'aspirations (exterminatrices, ( par exemple) du peuple - Robespierre a cessé d'être un humaniste (1).
Qu'a-t-il fait ? Il a voulu remettre un peu de religion , et ça lui a coûté sa tête. Les gens ont compris : il veut nous la faire à l'envers, alors qu'il ne voulait que remettre un peu d'ordre dans la baraque.
Mais il ne voyait pas comment remettre un peu de sérieux sans faire appel à la religion et au moins à Dieu.
Pour me résumer d'un mot, Robespierre s'humanise quand il se déshumanise.
(1) En voulant instaurer un culte de l'Etre suprême. Il n'a pas l'impression de trahir, la Déclaration des droits comporte cette référence à l'Etre suprême).