AF a écritLe réalisme politique nous garde de donner trop d’importance à l’économie ; mais il doit tout autant nous garder de lui ôter son autonomie. L’économie est un domaine propre de l’activité humaine, soumis à des lois qui ne se commandent pas, certes, mais ce n’est qu’une des formes de la vie sociale et non le fondement ou le principe de celle-ci. Les faits économiques doivent se soumettre aux lois naturelles de la vie sociale, c’est-à-dire aux exigences, aux limitations, aux règlements, en un mot au gouvernement que suppose la vie des hommes en société. C’est sur ce respect des lois de la vie humaine que peut s’appuyer un ordre économique véritable. Ainsi ce sont un certain nombre de principes politiques qui présideront à l’établissement de l’ordre économique sous la monarchie.
Dire qu’il n’y a pas de prêt-à-porter économique sous la monarchie ne signifie pas le maintien de l’anarchie libérale, au contraire. Le libéralisme, qui constitue une séparation par consentement mutuel de l’esprit et du monde, accepte dans l’économie le libre jeu de la nature, de ses instincts et de ses excès, au mépris des valeurs d’arbitrage, de justice et de droit. Et l’on voit quotidiennement les ravages d’une liberté forcenée laissée aux marchands et l’influence de l’économie dans les autres domaines de la vie sociale. Cette critique nous éloigne tout autant du marxisme, qui s’il combat les formules libérales, accepte l’idée d’une économie autonome, comme fait fondamental, n’obéissant qu’à des lois internes à son développement.
« O Roi ! … Laissez donc ces banquiers avides ; ces avocats disputeurs, ces bourgeois ignobles, ces écrivains infâmes, ces nobles flétris, tous ces gens-là, sire, vous haïssent, et ne vous soutiennent encore que parce qu’ils ont peur de nous. Achevez l’œuvre de nos rois, écrasez l’aristocratie et le privilège, conspirez avec ces prolétaires fidèles, avec le peuple qui, seul, sait honorer un souverain, et crier avec franchise : Vive le Roi ! »
Pierre-Joseph Proudhon « Lettre à Blanqui »
L’État monarchique devra tenir compte, dans son action sur l’économie, d’un certain nombre de principes politiques et de la situation particulière de la France. On peut penser que son intervention dans l’économie se fera dans le cadre de deux fonctions.
1°) Sa fonction première d’arbitre, et de réorganisateur, l’amènera tout d’abord à entreprendre certaines réformes structurelles nécessaires et à abandonner certaines fonctions usurpées.
2°) En fonctionnaire de la société, il interviendra comme acteur économique de deux manières : contrôleur d’abord, entrepreneur ensuite par la permanence d’un secteur public adapté.
« Il n’y a pas de privilèges, il n’y a que des services. Tel était le principe fondamental de la monarchie populaire française. »
Georges Bernanos
Bien souvent, certains esprits croient pouvoir opposer notre volonté d’instaurer une monarchie sociale et notre refus des syndicats actuels. En réalité, c’est l’élément démocratique seul que nous voulons voir disparaître des syndicats, conformément à l’esprit de la monarchie française qui refuse de considérer les individus selon des critères purement idéologiques. C’est au contraire la convergence d’intérêts qui présidera à la constitution de syndicats sous la monarchie. Ces syndicats débarrassés des conflits politiciens et des manipulations seront à même de faire valoir les droits des diverses catégories de travailleurs des différents secteurs économiques sur les décisions relatives à l’avenir de leur activité. Les syndicats deviendront ainsi des institutions stables capables de définir au plus juste les modalités de travail des uns et des autres et d’apaiser les tensions sociales.