Chaleur suffocante, malaises en série : au Qatar, les championnats du monde d'athlétisme de la honte
Les athlètes pleuvaient comme à Gravelotte, mais nous étions à Doha, ce vendredi 27 septembre, lors de l'épreuve féminine de marathon des Championnats du monde d'athlétisme. Un record a été battu à l'occasion de cette course : pas celui du temps le plus rapide, non ! Ce marathon dames a été même le plus lent de l'histoire de la compétition. Sur les 68 partantes, 28 athlètes ont abandonné, un chiffre inédit. Défaillances soudaines, évacuations sur brancard ou fauteuil roulant, expressions de détresse : les marathoniennes n'ont pas supporté la chaleur du Qatar. Même si le départ de la course a été donné au coeur de la nuit, il faisait 32 degrés sur le parcours, et le taux humidité atteignait 73%, ajoutant dix bons degrés de ressenti. Les seuls spectateurs du marathon ? Des volontaires de la Croix-Rouge, postés tout au long du parcours pour secourir les athlètes en perdition, et des médecins qui contrôlaient l'état de santé de la dizaine de marathoniennes ayant accepté d'ingérer des capsules permettant de surveiller leur température corporelle.
SOUPÇONS DE CORRUPTION
Excepté le marathon et la marche, les autres épreuves ont toutes lieu au stade Khalifa, à Doha. Les gradins sont vides - seuls 50 000 billets ont été vendus pour toute la compétition - à tel point que des invitations ont dû être distribuées à des travailleurs migrants et à des enfants. Le Qatar n'est pas un pays d'athlétisme. La température, toutefois, est supportable dans le stade : trois mille tuyaux diffusent de l'air frais à plein tubes, soustrayant quinze degrés au thermostat dans l'enceinte. 81 millions d'euros ont été investis, et tant pis pour le climat.
Chaleur accablante en dehors du stade, désastre écologique à l'intérieur, absence d'engouement populaire : ces championnats du monde sont un fiasco aussi complet que prévisible. Ils signent la prévalence de l'appât du gain sur toute logique sportive : la planète regorge de pays davantage férus d'athlétisme et au climat plus adapté, mais seul le Qatar était prêt à mettre autant d'argent sur la table. L'argument pécuniaire l'a emporté pour l'IAAF.
