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Oui, peu cultivé n'est pas juste. Il n'avait pas une culture classique, littéraire en particulier. Ce n'est pas le modèle de l'intello français genre Pompidou, de Gaulle ou Mitterrand, càd des littéraires.
Mais il en connaissait un rayon sur les civilisations exotiques (extrême-orientales, africaines, etc.).
Il avait de bonnes connaissances en russe et Zemmour raconte que vers 25 ans, il a essayé de vendre une traduction de Pouchkine (le plus grand poète russe, l'équivalent d'un Goethe, d'un Shakespeare pour les Russes) et qu'ayant été reçu comme une merde par tous les éditeurs parisiens, il s'est dégoûté du milieu et n'a plus jamais parlé de Pouchkine à quiconque.
L'inculture du mec qui n'ouvre jamais un bouquin, c'était aussi une tactique dans la construction de son image, et il a pris le masque (qui lui convenait aussi, c'était un type complexe) du technocrate, du zénark (1) inculte ne possédant que 50 mots dans son vocabulaire. Il adorait jouer au con devant les prétentieux, et ceux qui y ont cru, il les a baisés profond, ça l'amusait.
Je reviens également sur le côté "sympa" de Chirac. Mais c'est encore un masque - qui marche bien, encore une fois parce que c'est vrai aussi, mais pas seulement. Mais on oublie là-dedans que c'était un tueur politique particulièrement dangereux, avec un tableau de chasse éloquent. La manière dont il a massacré Chaban-Delmas en 74 est devenue proverbiale. On a parlé de "chabanisation" plus tard pour désigner l'art de tuer en politique. Il a répété les choses en 1981 pour tuer Giscard, lequel ne s'en est jamais remis. Giscard qui (je rejoins mon premier point) lui avait fait le coup de la supériorité de l'homme intelligent et distingué, en le traitant comme une merde, et qui a payé le prix fort sur toutes les vexations, et au centuple.
Son souci, c'est que son talent était de tuer ses propres amis, comme Chaban, ou des associés, comme Giscard, mais qu'il était moins bon contre l'adversaire politique (Mitterrand).
(1) Je crois que ça n'a pas été rappelé, mais c'est quand même un Zénark, à la base, faut pas l'oublier.
