katou
Non. Ce que je pense de Thomas d'Aquin, c'est que c'est un des plus grands penseurs de l'Occident. Je remarque que l'Eglise a pris un petit moment (sans ironie ici : ils se sont rendus compte assez vite de leur connerie) à s'en aviser elle-même, le soumettant à des vexations genre mise à l'Index, ses ouvrages brûlés en place publique, c'était pas très sympa, avoue.
Ce qui le rend aussi grand, c'est sa synthèse entre Aristote et la pensée et religion chrétiennes, c'est connu. C'est pas si facile, ça coince par endroits mais il s'en sort très brillamment, ou génialement, il faudrait dire.
Il n'est pas sans défauts toutefois, et j'en signale un à ton attention : il est illisible en continu parce qu'il rallonge tout. Il est longuissime. Pour tes amours de la concision, tu devras le mettre au dernier rang. Sur la plus petite pignolade théologique ou un petit point de désaccord sur une virgule, il peut te coller 20 pages pas marrantes et où il faut s'accrocher, parfois juste pour comprendre de quoi t'est-ce qu'y cause, le monsieur.
C'était sa manière de travailler : il faisait publier ses idées et sollicitait des réponses, demandant au public (à ses collègues, donc, son taff, c'était prof de théologie à la Sorbonne, la plus grande fac chrétienne du monde) s'il avait des objections. Il ramassait toutes les copies et il faisait la correction. Ca je vous l'accorde, ça je ne vous l'accorde pas, etc. Et il y en avait qui surenchérissaient, et à qui il fallait re-re répondre, un truc allant à l'infini. Et in fine, tout est dans le bouquin, les thèses, les anti-thèses, les conneries à rejeter purement et simplement, les trucs à prendre en partie, etc.
Fascinant mais frustrant : quand tu le lis, tu as l'impression de n'avoir qu'une loupe pour visiter une cathédrale.