Bon je continue quand même :
Il faut souligner la prégnance de ces déterminations
phénoménologiques. Une fois que l'initiation mondaine a pu
atteindre une certaine consommation transgressive, le
libéralisme libertaire ne peut en venir qu'à ses ultimes
conséquences, à une intériorisation radicale, aliénation
définitive qu'est la servitude volontaire, forme pathologique
de l'action sociale.
Du narcissisme à la psychose, quel parcours ! C'est aussi
la relation dialectique du marché et du désir. Toute une
padiologie sociale est contenue dans la logique économique
des trois parrains et des quatre vénéneuses.
b/ Le triplé électoral de Le Pen : les repentis, les
ratés et les réussis
La crise va révéler tout un nouveau jeu social, un jeu de
société qui est à la fois comédie humaine et drame social.
Trois spécimens humains combien remarquables sont
apparus pour constituer un ensemble spécifique de la
modernité en crise : les parvenus et les ratés de la nouvelle
société, et les repentis du gauchisme. La raison de cette
situation est paradoxale : c'est la société mise en place par
Cohn-Bendit qui est à l'origine de l'électorat de Le Pen.
Cette affirmation mérite évidemment d'être explicitée. Notre
thèse sera une loi méconnue : une société qui accède au
permissif doit proposer une autorégulation de ce permissif.
Dans l'opposition, le discours contestataire a dû être une
radicalisation provocatrice. Au pouvoir, face à la crise, il doit
se normaliser, assurer le minimum de fonctionnalité.
Le petit prince du populisme estudiantin sera la parfaite
illustration de cette loi. Dans l'opposition, il provoque, se
vante d'une certaine pédophilie. Accédant au pouvoir
écologique, il met de l'eau dans son vin, procède, tout
penaud, à son autocritique. Et il se sert habilement de
l'hypothèse freudienne d'une sexualité infantile réprimée
pour justifier des actes équivoques.
Qu'il y ait une sexualité infantile, peut-être. Mais le fait ne
doit pas engendrer la loi, comme le cynisme empiriste
voudrait nous le faire croire. La prétendue libération sexuelle
fondatrice du libéralisme libertaire ne serait dans ce cas que
justification du fait naturel. Prétendant se libérer, le petit
prince du populisme estudiantin se soumet à l'impitoyable
pression de la nature. Sa proclamation immoraliste est une
proposition anti-sociale, anti-républicaine, anti-
démocratique. Elle n'est autre que l'alibi qui cache qu'il est le
parvenu du permissif.
Ne faut-il pas dire au contraire que, puisque sexualité
infantile il y aurait, mais potentielle, virtuelle, il faut d'autant
plus la prévenir, la cultiver par l'interdit pour qu'elle puisse
atteindre sa totale plénitude civique ! L'interdit est donation
de sens à ce qui manque d'être, d'existence. Il charge, il
apporte les conditions de la plénitude. Si l'on fait jouer la loi
naturelle, la soumission à la dictature du fait, on pourrait dire
aussi que, la femelle n'étant en chaleur et disponible à l'acte
sexuel qu'une très courte période du cycle menstruel,
l'homme - par respect naturaliste — ne devrait pas connaître
de vie sexuelle en dehors de ce moment. La loi naturelle doit
jouer dans l'ensemble si elle est promulguée dans une partie.
Le fait de la sexualité infantile devrait avoir comme
conséquence le respect du fait menstruel, la non
instrumentation de la femme en dehors de son « désir ».
Deuxièmement : la crise se manifeste dans la société
globalement rénovée (double contrôle et dressage par
l'animation et le management). Il s'agit alors, pour toute une
population de parvenus, de conserver les privilèges acquis et
de se défendre contre ceux qui voudraient prendre leur
place, profiter aussi du permissif.
De là cette situation brzarre, paradoxale, comico-
dramatique : une société de « réussis » et de ratés. Les réussis
de la refondation que Mai 68 a imposés (parce que
nécessaires à la survie du capitalisme) : un corps élitaire de
gens qui ont su profiter de la création d'emplois, ou de leurs
transformations selon de nouvelles compétences. Ces
individus doivent faire face à l'énorme cohorte des victimes
de la crise, des suppressions d'emplois, des emplois
précaires, de la flexibilité, masse informe des victimes du
système, ratés objectifs.
Les deux vieux copains que l'on disait inséparables, et qui
s'étaient perdus de vue, se rencontrent fortuitement : « Viens
prendre un pot ! », « que deviens-tu ? ». On informe l'autre
de son parcours depuis Mai 68 et l'on se remet à discuter...
Jusqu'à ce qu'une violente dispute les sépare à jamais : « Moi,
je n'ai pas trahi ». « Toi, tu n'es qu'un rêveur ! »
Ce ratage objectif s'alourdit de toutes les retombées de la
permissivité par temps de crise. Les petits boulots s'avèrent
impossible survie ; c'est là où il y a, paradoxalement, le plus
de concurrence. Le retour à la terre qui, en période
d'euphorie de la croissance (les Trente Glorieuses) a pu se
vivre comme vacances bucoliques, s'avère création de néo-
surplus, héritiers de la non formation professionnelle de
l'après Mai 68, celle de gens qui n'ont pas suffisamment de
qualification pour exercer un métier qui fait vivre à la
campagne et qui interdit aussi d'envisager une réinsertion
sociale à la ville.
Après la fin de l'amitié, la fin de l'amour, la rupture avec
la compagne rencontrée à la manif, femme libérée et qui jette
l'éponge, ultime trahison. Elle épousera un métier, car il faut
bien que vivent ses enfants. Quelle amertume pour le raté de
Mai 68. « Les salauds ! Le Pen a bien raison ».
Troisièmement - et c'est l'ironie de l'histoire et du
transcendantal (de la connaissance) - les opposés votent
pour le même parti, le F.N. ! Mais alors, inquiétant constat :
Le Pen pourrait faire l'unanimité ? C'est toute la modernité
qui vote pour ce ringard. Il peut ratisser large. Les réussis et
les ratés de Cohn-Bendit - c'est lui qui est le symbole de la
société permissive - vont se retrouver dans l'électorat de Le
Pen. Engendrement réciproque du permissif et du répressif,
Faut-il s'étonner, étant donné la logique de l'ensemble, de
trouver dans cet électorat des jeunes, des chômeurs, des
employés, des ouvriers ?
On peut alors mesurer toute la portée de la menace Front
National. C'est celle d'un populisme moderne qui traduit et
récupère l'inquiétude d'une société en crise, qui a normalisé
le permissif mais qui reste toujours dépendante des effets
contradictoires de la crise : l'arrogance d'Alcibiade, le jeune
fils à papa, et la frustration du quidam de base, qui a cru que
tout était permis et pour qui rien n'est possible. L'un attend
sa revanche, l'autre est prêt à tout pour conserver sa
consommation libidinale, ludique, marginale.
Ce pouvoir syncrétique du lepénisme est très
préoccupant : c'est toute la modernité qui adhère à la contre-
révolution libérale, qui la façonne. Mais ce syncrétisme n'est
pas la seule prouesse de Le Pen. 11 amalgame ce populisme
du Front National et le national-socialisme, du moins ce qu'il
en reste. Il y a toute une vieille clientèle d'extrême droite à
récupérer et toute acquise à un leader charismatique. Le petit
patron et même la grosse entreprise, dont la production et la
distribution restent délimitées par le territoire national,
opposent à la mondialisation un néo-nationalisme. Les petits
vieux retraités redoutent la dévaluation de leur retraite.
Toutes les composantes du national-socialisme redressent la
tête.
Il faut bien convenir de la fécondité de la méthode qui
consiste à définir un corps social, un mouvement de société,
le populisme lui-même, par la relation dialectique de la
production et de la consommation. La sociologie électorale
est le moyen de cacher cette dialectique et d'imposer des
critères purement descriptifs, des repérages qui sont
proposés comme des explications.
B LE TRAVAILLEUR COLLECTIF
1 Rendre inexistante la classe ouvrière
Ce livre est inspiré par le parrain et par la marraine de
l'humanité. Pour rendre grâce du cadeau de Prométhée - la
praxis — et de l'offrande de Psyché — la psyché. Les deux
étincelles divines sont en nous et ont laissé croire qu'elles ne
pouvaient venir de nous. Il faut rendre le divin au procès de
production et à la création continuée, à Prométhée et à
Psyché, aux deux pouvoirs de l'homme, savoir-faire qui se
fait devoir-faire et pulsion sexuelle qui se fait création
continuée de la fidélité.
Mais Prométhée est enchaîné et Psyché interdite et
bafouée par la société prostitutionnelle de la consommation
transgressive. La refondation est-elle possible, celle de l'unité
des contraires, de la complémentarité du politique et de
l'affectif? L'histoire prouve - avec le mythe de Tristan et
Yseult - que cette unité est réalisable. Aussi, le projet
révolutionnaire n'est pas utopique. Il a des précédents. Mais
ils n'impliquent pas une fatalité mécaniciste. Cela doit se
faire et on sait comment le faire. Ce qui ne veut pas dire que
cela se fera parce que ça s'est déjà fait.
L'actuelle société permissive peut-elle être « redressée » à
son tour ? Le libéralisme libertaire triomphe et semble avoir
atteint un point de non retour. Fin de l'histoire ? L'entropie
ne pourrait que s'accélérer pour en venir au pourrissement
de l'histoire. L'impossible refondation ! Narcisse triomphe
de Vulcain. Mais tout un processus est enclenché, sur le
terrain, dans la vie quotidienne, dans la famille. L'univers
politique, culturel, médiatique « résonne » de la dispute des
frères ennemis. Je n'ai fait que mettre en scène ce conflit en
proposant une linéarité : une morale citoyenne du jeu et du
bonheur. Celle-ci se joue non seulement sur le terrain mais
sur celui de l'adversaire. Elle est faite de rencontres
l'inévitable étant celle du type qui fait du sport et du type qui
va en boîte : confrontation de la dope et de la drogue. Ce
conflit est encore plus révélateur s'il est celui de la même
personne, dualité de la conscience.
Mais très vite le débat se déplace et Narcisse — acteur et
sujet du libéralisme libertaire - peut imposer le pré-fascisme
culturo-mondain, sans même faire intervenir l'économique et
le politique. Le fantasme se donne droit de cité pour réifier,
chosifier, mercantiliser l'autre. Celui-ci n'est plus
qu'instrument de jouissance, sans payer et sans contre partie
sentimentale, pur bénéfice, résurgence incoercible de
l'accumulation primitive qui tend à la régression généralisée.
Que serait le fantasme sans cette surdétermination de
classe ? Le sado-masochisme n'est-il pas l'expression de
classe de chacun, imposée par le mimétisme concurrentiel :
« sado » à l'égard de l'inférieur, du subalterne, et « maso » à
l'égard du supérieur, parce qu'il faut bien « encaisser » ça
pour à son tour se faire « sado ». Le masochisme du maître
n'est-il pas la forme ultime de l'appropriation combien
perverse : salaud au point de vouloir vivre pour lui-même la
souffrance de l'autre pour mieux la mesurer.
Comment Vulcain pourrait-il intervenir sur le
fantasmatique ? Prométhée son parrain est en bien fâcheuse
posture, avec son aigle. Vulcain lui-même n'occupe que le
monde d'en bas, comme si les forges remontaient de l'enfer.
Narcisse a pu procéder à tout un négationnisme de la classe
ouvrière.
La linguistique permettra d'expliciter ce refoulement de la
praxis que figure Vulcain et de faire faire apparaître ce
refoulement comme un acte de l'inconscient de classe.
Ferdinand de Saussure l'a révolutionnée. Son apport peut se
ramener à ce schéma :
Signifiant : S
Signifié : s
Réfèrent : R
Je le traduirai selon le procès de production :
Signifiant : code de classe
Signifié : classe ouvrière
Réfèrent : le travail
Ce qui donne en termes marxistes :
Signifiant — « Valeur d'échange
Signifié /Réfèrent — ? Valeur d'usage
Et en terme de philosophie de la connaissance, selon la
querelle des universaux :
Signifiant — ? nominalisme
Signifié /Réfèrent — > réalisme
Ce qui est essentiel et qui explique le rapport de la
bourgeoisie et de la classe ouvrière, c'est la dénégation
apportée par le S (signifiant) du s (signifié). Le pouvoir
fabuleux du signifiant est de servir de code de classe qui
refoule, nie, récupère et exploite le travail et la classe
ouvrière. Le passage de la valeur d'usage à la valeur
d'échange est celui du producteur au consommateur, du
travailleur au client. Le rapport s/ R est une continuité des
deux termes, alors que « S » apporte une discontinuité, un
renversement total du sens.
Conclusion de cette logique de la dénégation : la classe
ouvrière n'existe pas ! La praxis non plus !
L'ironie transcendantale se doit de signaler cet abus de
pouvoir du langage, qui « arrange » bien le discours idéaliste.
Si la classe ouvrière est néantisée, volatilisée, l'argument de
St Anselme permet, lui, de donner l'existence à dieu, étant
donné que le parfait ne peut qu'exister. La classe ouvrière
n'existe pas mais dieu existe : néo-nominalisme. C'est que le
bon dieu ne peut être que l'explication de la réalité si la
praxis est niée. Simple inversion du sens.
(Autrement dit les réac vous pensez à l'envers.... comme les gauchiste que vous dénoncez...)
Il ne peut y avoir de prédicat d'existence de ce qui est
invisible et illisible ! C'est le néo-kantisme en toute son
imposture : renvoyer au noumène, ce qui ne peut être connu
et qui même ne doit pas être connu.
#afraban le noumène le cache sexe ! Et ce qui ne ne doit pas être connue ---> La baisse tendancielle du taux de profit.
Lac lasse ouvrière qui ne s'est pas laissé séduire par le FN l’immondice de la CIA..... Et tout au fond du fond la chose en soi ! La vérité ! @france2100 Je sais lire Clouscard.
Le fantôme de la classe ouvrière errait encore sur le mur
de Berlin. Mais plus de mur, plus de spectre.
Bonjour les archives de l'URSS qui démonte la propagande occidentale, vous vous demandez pourquoi les gilets jaunes à Genève se revendiquaient tous peut importe la région de l'anti capitalisme.
2 La classe ouvrière s'arrache au misérabilisme
et engendre les ingénieurs, techniciens et
cadres (ITC)
« Et pourtant elle tourne » ! L'inconscient - le processus
de négation, de refoulement que je viens d'exposer - fait « le
plein ». La radicale négation de la classe ouvrière lui donne la
formidable présence du négatif. La dépression nerveuse
généralisée est un symptôme parmi d'autres. Cette classe
ouvrière est capable de répondre à Narcisse, au monde qu'il
engendre, au libéralisme libertaire. Et je soulignerai
l'avantage que lui confère sa négation : elle chemine dans
l'ombre, dans le refoulé, clandestine et cachée. « Bien creusé,
vieille taupe ».
Elle est devenue classe ouvrière élargie du travailleur
collectif (celui de la société du salariat généralisé). Pendant
les funérailles du vieux modèle, la naissance secrète du
nouveau modèle « révolutionnaire ». Il est vrai que cette
classe ouvrière élargie est insaisissable parce qu'en transit, en
devenir. Cette situation permet aussi de saisir la
problématique de sa modernisation. Notre méthode : la
relation du procès de production et du procès de
consommation, permet, elle seule, renonciation
révolutionnaire.
Je reprendrai les deux façons de faire disparaître la classe
ouvrière pour renforcer leur sens et les transformer en
renforcement de la classe ouvrière élargie.
Lorsqu'elle s'identifie au prolétariat, la classe ouvrière est
bien plus « damnée de la terre » que force productive. La
misère ouvrière est surdéterminante du travail manuel. Elle
empêche la conscience de classe selon le rôle dans le procès
de production ainsi que le passage à l'acte qui en reste à la
révolte. Le prolétariat ne fait que survivre. En accédant aux
biens de subsistance de la production de série et de la
consommation de masse, ce prolétariat ne s'intègre pas à la
société de consommation — thèse de Marcuse et du
consensus — mais se libère de l'ouvriérisme et de la misère.
J'en viens à l'autre argument moderniste qui prétend en
finir avec la classe ouvrière. Le robot et l'ordinateur auraient
remplacé l'ouvrier. Les ITC - ingénieurs, techniciens,
cadres - seraient la nouvelle force productive qui réduirait la
classe ouvrière à un corps subsidiaire.
Tout au contraire : le prolétaire s'efface dans la mesure où
l'ouvrier qualifié s'impose. C'est un mouvement social qu'il
faut reconstituer en son ensemble. L'accès à la production de
série et à la consommation de masse témoigne d'un saut
qualitatif. La production de série exige une technicité
nouvelle pour la construction des chaînes de production et
pour le montage de l'objet industriel. C'est-à-dire qu'il faut
une qualification professionnelle, un apprentissage qui
n'étaient pas nécessaires du temps où la classe ouvrière était
un corps unique et l'unique force productive. Mais pour que
cette formation soit possible, il faut des conditions de vie
nouvelles, celles que garantissent la subsistance et la
recréation de la force de production. Ce processus est rendu
possible avec le progrès du niveau de vie ( + 3% par an
pendant les Trente Glorieuses) et le passage à un autre genre
de vie. Tout se tient, production de série et consommation
de masse s'engendrent réciproquement. Si l'ouvrier accède à
la consommation de masse c'est qu'il est devenu le
technicien qui a mis en place la production de série.
Les ITC ne sont pas un corps social qui débarquerait de
l'extérieur, « parachuté ». C'est le cas du personnel de
surveillance. Les ITC sont un auto-engendrement de la
production. Entre l'O.S. et l'OP, il n'y a que différence de
formation. De même entre l'ouvrier et l'ITC. Ils travaillent à
la même chose selon une complémentarité qui n'est autre
que travail collectif. Tous ensemble pour créer un objet alors
commun. Chaque poste de travail est nécessaire pour le
montage collectif. La hiérarchie s'efface dans le commun
procès de production.
Les deux remises en question et même « condamnations »
de la classe ouvrière — intégration dans le système et
désintégration par les Ingénieurs-Techniciens-Cadres
s'avèrent tout au contraire l'accomplissement conceptuel de
la classe ouvrière. Elle se libère du misérabilisme prolétarien
et se fait auto-engendrement, selon le procès de production,
de l'ensemble O.S. - O.P. — technicien — ingénieur — cadre.
Ce technicien-cadre est unité d'action. De la production.
Cette unité est faite sur le terrain, sur le lieu de travail. Mais
elle est doublement interdite en termes politiques par
l'encadrement venu d'en haut, du management et de
l'animation. C'est un marquage « à la culotte » de l'ordre
montant, le Travailleur Collectif, par l'ordre descendant, le
personnel d'encadrement et de surveillance. Du PDG
devenu salarié au chef de bureau ou d'atelier !
3 La co-gestion
a/ Pour des Etats Généraux et un Parlement du
Travailleur Collectif (T. C.)
Ce paradoxe du travailleur collectif est au cœur de la lutte
des classes. Il est unité d'action dans le procès de production
et incapacité de se reconnaître en termes politiques comme
conscience de classe. Mais celle-ci est-elle nécessaire à la
révolution ? Le parti communiste, conçu comme avant-garde
du mouvement ouvrier, conscience de classe d'une classe qui
n'a pas conscience d'elle-même, ne mettait-il pas la charrue
avant les bœufs ? N'était-il pas entaché d'idéalisme objectif?
Le PC en soi qui doit devenir pour soi.
La conscience de classe s'objective avec le procès de
production et se nie avec le procès de consommation. Le
travailleur collectif, sur le terrain, est nié par le
consumérisme du libéralisme libertaire. Si Vulcain devient
travailleur collectif, Narcisse devient libéralisme libertaire. Le
Travailleur Collectif, dans la vie courante est constamment
« distancié ». Avec la double exploitation (du même individu)
il en vient à se snober lui-même.
Dans ces conditions, on pourrait se dire qu'après tout on
peut se passer d'une conscience de classe, qu'elle apparaîtra
sur le terrain, comme en 95. Mais faut-il se résigner à cette
situation : un Travailleur Collectif qui aurait fait l'unité
d'action dans la praxis et qui serait incapable de la transposer
dans le politique ?
Il y a un moyen de précipiter cette prise de conscience
d'actualiser le potentiel politique : des Etats Généraux du
Travailleur Collectif pour constituer un Parlement du
Travailleur Collectif.
Son soubassement est déjà en place : la vie associative, les
comités d'entreprise. La vie associative est très développée
en France. On a même pu dire qu'elle empêchait le
développement syndical. On dispose d'une masse citoyenne
de mutuelles, associations auxquelles certains syndicats
pourraient se joindre, à partir de leur expérience des comités
d'entreprise.
Pour ce qui est de ces comités d'entreprise, leur rôle
révolutionnaire a été en partie dévié par la stratégie patronale
de la gestion des loisirs. Le fameux un pour cent de la masse
salariale qui leur est imparti a permis ce marché : vous gérez
le loisir à votre gré, sans vous occuper de la gestion du
travail.
Deux autres raisons d'exiger des Etats Généraux du
Travailleur Collectif. Il n'y a aucune représentation nationale
des travailleurs en tant que tels et selon leur propre gestion.
Bien sûr, il y a les comités d'entreprise, les Comité
Economique et Social, le Ministère du Travail. Mais ce
dernier est géré par l'Etat avec une administration qui lui est
propre. Bien sûr, il y a les syndicats. Mais ceux-ci ont des
pouvoirs limités depuis toujours et ne peuvent souvent que
constater les dégâts et mesurer leur impuissance. Re-
introduire le jeu syndical dans le Parlement du Travailleur
Collectif serait reconduire leur éternel problème sans
solution : l'unité d'action. De même que les associations ont
pu concurrencer le développement des syndicats, ceux-ci
pourraient entraver, par leurs divisions, la réalisation
parlementaire du Travailleur Collectif.
L'autre raison est la parité. Pourquoi les femmes auraient
droit à la parité dans les instances nationales et pas les
hommes ! Non sans ironie, nous reprenons le discours
féministe pour inverser son sens. La femme exige la parité
avec les hommes. Etant donné que les ouvriers ne sont pas
des chiens, ils devraient exiger la parité avec les femmes. La
parité ne doit-elle pas, pour être juste et équitable, jouer dans
les deux sens ?
Il n'y a qu'un ouvrier à l'Assemblée Nationale. Mais
prenons la démocratie prétendue au mot : à chacun son
Assemblée Nationale. On vous laisse cette Assemblée
Nationale et même le Sénat. On n'a pas à intervenir sur les
instances acquises de la Nation. On déclare ne pas remettre
en cause l'exécutif et le législatif. Nous respectons votre jeu
démocratique. Mais laissez-nous jouer le nôtre, démocratique
aussi. Pourquoi ne pas admettre un pouvoir autonome du
Travailleur Collectif? Les patrons ont bien le MEDEF. Et
pourquoi ne pas agréer la représentation nationale de ce
Parlement du Travailleur Collectif. Il y a bien aussi une
justice du travail — les prud'hommes — justice agréée et
garantie par l'Etat ?
Encore une fois, ce Parlement ne ferait qu'intervenir
démocratiquement dans le jeu démocratique. Il ne veut que
la reconnaissance du Travailleur Collectif et le pouvoir qui
est dû à cette existence parlementaire.
La population concernée serait celle de la société du
salariat généralisé. Tout salarié serait concerné. Ce qui amène
un préalable. Le vote serait obligatoire. Par civilité
républicaine, solidarité des travailleurs, rappel de la dignité
civique gagnée par le travail : corps de métier et cœur de
métier.
Comment seraient élus les délégués de ce Parlement ?
Quel serait son rôle ? Comment l'insérer dans le jeu des
institutions de la nation ? Il va sans dire qu'on ne peut
proposer que des pistes de recherche. Mes suggestions
devraient provoquer autant de discussions.
Pour bien faire apparaître le potentiel révolutionnaire du
Travailleur Collectif, je le situerai par analogie aux
circonstances et aux catégories de la Révolution Française.
Par exemple : vote par tête ou vote par ordre ?
Les ordres ? A la base, les trois grandes composantes du
Travailleur Collectif : l'ouvrier, l'employé, l'Ingénieur-
Technicien-Cadre. Trois fonctions, trois « estats », trois
corps sociaux : les trois productions qui interviennent dans
le procès de production de l'objet industriel. Mais il faudrait
ajouter une quatrième composante : le travail non productif
mais nécessaire à la production : le routier par exemple. Il
faudrait aussi se contraindre démocratiquement à reconnaître
le PDG comme salarié ! Situation cocasse, à assumer. Nous
avons dit société du salariat généralisé ! La contrainte
démocratique doit reconnaître cet ordre. Le PDG
correspond au grand seigneur de l'Ancien Régime. Un ordre
de plus. En contre partie, l'ordre des retraités. Le procès de
production ne peut oublier ceux qui ont produit.
Six ordres, donc, les six composantes de la société du
salariat généralisé. Cet ensemble est-il clos ? Ne faudrait-il
pas ajouter le septième ordre : tous les salariés qui n'entrent
pas dans la classification proposée ? L'intermittent du
spectacle, par exemple !
Les Etats Généraux du Travailleur Collectif seraient
mouvementés, tumultueux, à l'exemple de ceux de la
Révolution Française. Ce qui serait fait par la force des
choses, par la seule assemblée de tous les délégués, ce serait
un audit de la société française indépendamment des médias.
Enfin une appréciation politique qui échapperait à la mise en
forme de « la communication ».
Mais c'est la simple et élémentaire question de la
représentation : le vote, par tête ou par ordre, qui mettrait le
feu aux poudres. Le débat et la dispute sur ces statuts
professionnels deviendraient très vite affrontements sociaux,
tout un cheminement vers la conscience de classe.
Dans les deux cas - vote par tête, vote par ordre - une
majorité devrait se dégager pour en venir à une assemblée
constituante, comme pour la Révolution Française. Ce serait
déjà un saut qualitatif de la conscience de classe, sur le
terrain, chacun ayant dû puiser au plus profond de lui-même
pour argumenter, et ainsi, éclaircir sa propre réflexion.
Constituant ? Quoi et qui? Quelle serait la vocation de cette
assemblée, son rôle, son but. Ces Etats Généraux pourraient
déjà indiquer leurs grands principes, en référence à la
Révolution Française. Car il est essentiel de faire surgir cette
révolution dans le monde du travail. Celui-ci n'existe que par
la République et celle-ci ne peut exister sans le mouvement
ouvrier. Leur mise en relation et leur complémentarité
constituent la socialité même. Aussi, le Parlement du
Travailleur Collectif, en tant qu'acte constitutif, devrait-il
proclamer le respect le plus absolu de la Constitution. Il
n'entend pas se substituer aux deux parlements qui
représentent la territorialité nationale. Le Travailleur
Collectif est venu pour accomplir et non pour abolir. Il n'a
pas à intervenir sur la division du pouvoir, qu'il respecte et
qu'il doit servir. Il ne prétend qu'apporter ce qui manquait à
la République : la représentation nationale du travail.
N'est-ce pas paradoxal que puisse exister une vie
nationale sans représentation ouvrière ? Le Travailleur
Collectif n'est pas un sectarisme : ni ouvriérisme ni
travaillisme : les ITC. L'intelligence du travail au service de la
force du travail !
Du coup, sur le tas, est reconnue une classe ouvrière
élargie, qui répétons-le, accède au pouvoir de gestion - de
co-gestion — de l'acte de produire. Et celui-ci a pris une telle
importance — société du travail généralisé et société de la
technologie généralisée - qu'il « mérite » une part du
pouvoir, étant donné aussi qu'il ne serait plus classe
dangereuse, puisque de la bouche même des penseurs
journalistiques et médiatiques, il se serait « intégré » !
Ces engagements républicains et démocratiques du
Travailleur Collectif doivent avoir comme contrepartie
l'autorisation étatique d'une association - de travailleurs -
parmi les autres associations qui ne vivent que de leurs seules
ressources. Le MEDEF par exemple, cette association des
patrons agréée par l'Etat, jusqu'aux félicitations réciproques
du chef du gouvernement et du chef des patrons. Le
Travailleur Collectif ne ferait que suivre son exemple.
Une formule royale permettra de résumer le processus
d'intégration et de reconnaissance qui permet au Travailleur
Collectif de passer des Etats Généraux à l'Assemblée
Constituante : « Ils y sont ? Qu'ils y restent ».
b/ Décider de la production : co-gestion
La vocation, le rôle, le but du Travailleur Collectif:
décider de la production. Il doit être responsable et ne serait
qu'un mauvais producteur s'il produisait sans savoir ce qu'il
fait. C'est en connaissance de cause qu'il peut faire le
meilleur produit.
Décider de la production peut commencer
empiriquement comme remontrance platonique qui relaierait
celles de la Cour des comptes. Dénoncer les abus,
gaspillages, cadeaux aux patrons, dépenses somptuaires, etc.
Le Travailleur Collectif prendrait ainsi une autorité
morale qui ferait alliance avec les petits juges pour désigner
la corruption, l'abus de pouvoir, le népotisme.
Le « décider de la production » ferait un progrès avec le
Plan, la planification de la production. Celle-ci s'est faite
selon une succession de plans quinquennaux. Le Travailleur
Collectif peut glisser son propre plan dans cette généalogie.
Il ne lui manquerait que 1 ou 2 ministères pour passer de
la remontrance éthique à la mise en pratique (ministère du
travail, des transports ...).
Ce Parlement, je le répète, pourrait être pendant un
certain temps marginal, instance accomplie mais non
reconnue par la constitution, l'institutionnel étatique.
Cela permettrait un mûrissement réflexif et politique, une
accumulation de savoirs et d'expériences à propos d'un
projet — décider de la production — qui prendrait de plus en
plus de consistance pour en venir à la théorisation
philosophique et politique.
Mais celle-ci ne serait possible qu'après un retournement
décisif. Jusqu'au Travailleur Collectif le travail industriel ne
faisait que répondre à une demande, une commande. Le
Travailleur Collectif peut inverser la tendance, la demande
apparemment immanente et antérieure à la production. Le
travail n'est plus le moyen de satisfaire une fin qui lui est
étrangère. Il est l'auto-engendrement de la fin et du moyen.
Son savoir est tel qu'il peut décider par lui-même et de lui-
même de la production. C'est le deuxième moment de la
logique de la co-gestion, d'une auto-production,
commandement du Travailleur Collectif au.
Collectif.
Travailleur
Il doit produire ce dont il a besoin pour produire. Et du
coup, c'est reconnaître ce dont l'homme a besoin pour
exister. C'est la nécessité qui s'impose : les conditions
requises pour passer de l'économie de survie à l'économie de
subsistance.
La réflexion sur le besoin comme programmation du
Travailleur Collectif retrouve alors l'éthique de la praxis. La
conscience de classe apparaît comme constat du
dysfonctionnement de la production et de la consommation.
« Décider de la production », c'est constater ce hiatus et
proposer la solution de son dépassement.
Ces quelques propositions fondent la cogestion, celle-ci
n'étant que la conséquence de la logique de la production
sans faire intervenir des exigences politiques a priori.
Conclusion
La Somme et le manifeste
Contribuer à la refondation philosophique du
progressisme et en éclairer le chemin politique : tel
est l'objectif de cet ouvrage. C'est un manifeste, mais aussi
une somme, parce que pour refonder, il faut comprendre,
interpréter et proposer.
La philosophie de la praxis propose une première
Somme : morale provisoire, éthique socialiste, Travailleur
Collectif, Parlement du Travailleur Collectif. Toute une
prospective progressiste peut se constituer selon ces
premières acquisitions.
Mais ce qui importe dans la Somme, c'est le reste, le non-
dit..., la prospective.
Il s'agit de proposer un nouvel horizon pour la vie
humaine, à la fois concret et spirituel : le partage de l'amour
et de l'amitié, l'unité du sujet et du citoyen. En marchant
dans les pas des grands refondateurs, qui comprenaient
l'amitié - philia — comme une vertu politique et une parente
de l'amour.
Innover, tout en s'inscrivant dans les filiations
philosophiques. Cela pourrait être figuré par la
programmatique suggérée par le tableau suivant :
@france2100 et là on arrive à la monogamie exogamique !
Tu vois tout ce connecte... Monsieur je crois comprendre clouscard.