La décision n'est pas encore officielle, mais tous les feux sont passés au vert pour que le chêne l'emporte sur le béton et la ferraille.
La charpente de Notre-Dame sera reconstruite à l'identique
Publié le 31/12/2019 à 13:45
Dans les coulisses de Notre-Dame, on y croit, désormais, dur comme fer : la nouvelle charpente sera en bois. L'un de mes informateurs m'a confié que, désormais, même le général Georgelin, à la tête de l'Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame, y est favorable. Les spécialistes l'ont convaincu que la reconstruction à l'identique s'avère la solution la plus rapide à mettre en œuvre, la moins chère et, surtout, la plus fiable. C'est en tout cas la seule option qui permette de tenir le délai de cinq ans fixé par le président de la République ! Reste à ce dernier à donner son feu vert ultime, malgré le lobbying intensif des entreprises du BTP et de certains architectes avides de gloire.
L'immense avantage d'une reconstruction à l'identique, c'est qu'il n'y a aucune étude à entreprendre. Les architectes disposent de relevés millimétriques de la charpente effectués en 2015. Mieux, l'entreprise Art graphique & Patrimoine leur a déjà remis un double numérique parfait de la charpente qu'elle a réalisé en 2014 de sa propre initiative. Si le montage ne posera pas de grands problèmes, où trouver les milliers de chênes centenaires nécessaires ? Mauvaise question ! En effet, la charpente de Notre-Dame n'a demandé pour sa construction au XIIIe siècle qu'un millier de chênes, dont 97 % avaient moins de 60 ans d'âge, correspondant à un diamètre de 25-30 centimètres. Les autres, c'est-à-dire une trentaine, étaient un peu plus vieux pour avoir une cinquantaine de centimètres de diamètre. Cela peut paraître aberrant, mais il ne faut pas oublier que les maîtres charpentiers de l'époque ne pouvaient pas se permettre de poser sur les murs d'édifices gothiques percés de grandes ouvertures des charpentes trop lourdes. « Ils ont su relever ce défi avec brio en concevant une structure complexe, mais équilibrée, stable pour elle-même et les murs, avec de nombreux dispositifs de raidissement au sein des fermes, des renforcements des entraits, un doublement des triangulations… » explique Frédéric Épaud, spécialiste des charpentes médiévales au CNRS.
Donc, pas de forêts entières à abattre !
Dans les six millions d'hectares de la chênaie française, il n'y aura aucune difficulté pour les forestiers à trouver le millier d'arbres nécessaires. Ils seront alors abattus en prenant toutes les précautions écologiques nécessaires, puis analysés au moyen de toutes les technologies modernes pour s'assurer de leur parfait état interne, et enfin déposés sur le parvis de Notre-Dame pour y être immédiatement équarris.