cheshire-cat
Ce texte entrera dans l’arsenal législatif et sera applicable, comme toutes les Lois adoptées, lorsqu’elle aura reçu son décret d’application.
Pratiquement la moitié des Lois votées par l’Assemblée Nationale ne sont jamais entrées en application, parce que leur décret d’application n’a jamais été signé. Ce décret d’application dépend uniquement non pas de l’Assemblée et des députés, qui à ce stade n’ont plus leur mot à dire, mais du ministre concerné par la nature de ladite Loi. Ministre qui évidemment dans notre V° République n’est que l’un des rouages d’exécution du président. Son porte-parole fidèle.
C’est à dire que le président donnera à son ministre l’ordre de la signature du décret, c’est-à-dire de la mise en action de la Loi, qu’au moment où il l’estimera le plus avantageux pour lui. S’il veut calmer un peu les cathos réac genre « La Manif pour Tous ». Ou s’il pense que cela l’aidera à gagner les voix qui restent chez les Républicains. Ou quand il pensera plus globalement que cela l’arrange. Et seulement à ce moment- là. Mais il y a peu de chances que cela soit avant la présidentielle. Cette Loi est sujette à controverses, donc à problèmes éventuels d’acceptation populaire. Donc nuisible avant une élection importante.
D’ailleurs, il est fréquent que le délai qui sera laissé au président pour décider de la signature du décret d’application, fasse partie des tractations d’avant signature du projet de Loi. Mieux encore, nombre de Lois sont décidées par l’Assemblée, alors qu’il est bien convenu entre les députés et la présidence que son décret d’application ne sera pas envisagé dans un avenir prévisible. L’on verra plus tard. Voire jamais, ce qui n’est pas exceptionnel. Quiconque est initié aux mœurs législatives de la V° République en attestera. Que la Loi ait été votée par l’Assemblée ne suffit pas, loin de là, pour qu’elle soit mise en application.
Dans le cas de cette Loi, selon ce que désire réellement Macron, ce décret d’application peut aussi bien être signé dans un mois ou deux, que dans un an ou deux. Voire jamais, ce qui arrive à nombre des Lois votées. Il est fréquent que la moitié des Lois votées soient en attente de décret, et dans un pourcentage important d’entre elles, ne verront jamais de décrets d’application. Donc n’entreront jamais en application. Quelles soient votés est bien. Mais cela ne garantit aucunement qu’elles entreront en fonction.
C’est-à-dire que pour au minimum un délai difficile à apprécier en l’absence de savoir ce qu’est la volonté de Macron, s’il a un plan à ce sujet parce que souvent il agit au coup par coup, en fonction des circonstances, pour un certain tempos, cette Loi n’existe qu’à titre de projet quant à son application. Mais pas dans la réalité. Donc maintenant, à la date de ce jour, et pour le proche avenir, elle n’existe que sur le papier. C’est-à-dire que pour le moment, et pour le proche avenir, elle n’existe pas.
En contrepartie, le délit de racolage passif que Sarkozy avait fait introduire dans la Loi, n’existe plus. Les dames tapineuses pourront toujours étaler leurs charmes sur les trottoirs et près des portes de immeubles abritant leur « atelier de travail ». Mais elles ne « travaillent » pas sur le trottoir. Depuis longtemps, et depuis la menace de pénaliser les clients, ces dames ont adapté leurs techniques. Il suffit au client ayant jeté son dévolu sur une péripatéticienne dont le minois lui revient, de pénétrer dans l’immeuble près de la porte de laquelle se tient la dame, dix secondes avant la dame, et après l’opération de ne sortir de l’immeuble que 30 secondes avant ou après la dame, pour que légalement il soit impossible de lui reprocher quoi que ce soit.
Tant que la police n’aura pas connecté l’intérieur de la mirabelle de la donzelle, sa bouche, son anus ou simplement ses mains, avec un écran policier enregistrant l’opération, aucun délit ne pourra être reproché au client, s’il n’est pas entré ou sorti de la chambre elle-même en compagnie du client. Et même dans ce cas, ce ne serait pas gagné pour les flics. Encore faudrait-il qu’ils puissent établir qu’il y a eu acte sexuel, et que cet acte a été rétribué. Ce qui est quasiment impossible.
En outre, cela fait des années que toutes les dames tapineuses organisées travaillent par téléphone ou Internet. Elles restent dans leur « studio » de travail dont le client a trouvé l’adresse sur le Net, ou sur son téléphone, et elle ne pourra jamais être vue, ou photographiée, en compagnie du client. Il sera, il est déjà, dans tous ces cas, impossible de constater une infraction et un délit.
Mis à part les dames de « tout venant », se livrant à un « acte furtif » sur la banquette arrière d’une voiture sur un parking vide de supermarché, ou dans une camionnette garée dans une allée du Bois de Boulogne, ou au fond d’une entrée d’immeuble ou d’une cour non éclairée, cas dans lesquels les flics pourront constater de visu ou filmer la réalité de l’acte, cette Loi si elle vient à être applicable, ne servira à rien.
Elle sert simplement déjà depuis plusieurs années à pousser toutes les vraies prostituées à s’organiser sur le plan immobilier. Depuis plusieurs années, depuis que l’on parle de la pénalisation du client, dans toutes les villes, un certain type d’appartements, dans des immeubles à grand passage, est loué ou acheté par soit des prostituées, soit souvent dans les grandes villes, par des proxénètes qui les louent aux filles. Les clients vont directement à la porte de la demoiselle. Même si elle est cataloguée comme prostituée, le simple fait d’aller lui rendre visite, voire de pratiquer avec elle un acte sexuel, ne prouve en rien qu’il est venu en qualité de client. Il peut être venu la voir en qualité d’ami. Simplement parce qu’ils se connaissent. Et s’ils ont poussé la discussion jusque dans un lit, cela peut très bien être par plaisir entre deux adultes consentants. Sans échange d’argent. Pas en qualité de client et de tapineuse. C’est leur droit le plus strict. Et il n’y a là aucun délit. Aucun juge ne prononcerait une condamnation sur ces bases.
Et même s’il pouvait le constater, aucun flic ne parviendrait à établir que l’argent en possession de la môme est sorti de la poche de l’ami venu lui dire bonjour en passant. D’autant que l’on dit, et c’est très vraisemblable qu’à Paris, mais c’est certainement vrai ailleurs, nombre de tricoteuses se font payer d’avance, par Internet, ou par Western Union. Et même par Paypal. Si le BitCoin n’avait pas atteint des sommets, il est certain que nombre de gigolettes se feraient payer en BitCoins. Mais d’autres monnaies virtuelles existent. Il est peu probable que certaines hétaïres n’aient pas commencé à s’en servir. Ou cela ne saurait tarder.
Et qui établira, comment et avec quelles preuves, qu’une séance de zizi-panpan s’est passé dans un cadre festif gratuit, ou dans un cadre de dame rétribuée pour la location provisoire de son vagin ? Il n’y a eu dans l’opération aucun billet de banque donné ou reçu. Gratis pro Deo !
C’est le droit de n’importe quelle dame de s’envoyer en l’air, ou de faire semblant, avec qui elle le veut bien. Et c‘est le droit de tout homme de de se masturber le gland à l’intérieur d’une dame qui y consent. Où est le délit justifiant une condamnation ou une amende ?
Tout au plus, il est possible que les deux soient condamnés à aller en enfer. Parce qu’il est vraisemblable que la tapineuse et le client, s’ils sont mariés tous les deux, le sont rarement ensemble. La belle affaire ! Ils cuiront ensemble dans les chaudrons infernaux, c’est tout ! Cela ne regarde qu’eux. Et ne concerne pas les moralisateurs du Café du Commerce et des Bénitiers Réunis.