Voilà enfin une belle étape que nous délivre ce Tour, à la hauteur des paysages mis à sa disposition par dame Nature.
Superbe démonstration collective d'Ineos, vous savez cette équipe que nous avions abandonnée à son affliction si bien décrite par l'expertologue, le fameux Pr Leventail. Tous ces coureurs ayant laissé comme ultime relique un de leurs mollets dans la tombe du regretté Portal. Bla bla bla, bla bla bla.
La vérité est que Bernal et sa méforme, répertoriée déjà au Dauphiné, étaient son boulet, et qu'une fois libérée de sa gangue en fonte, elle a donné la parole aux coureurs d'exception qui la composent. Kwiatkowski, coéquipier modèle, ayant mis son formidable potentiel au service de son équipe depuis des années, se trouve enfin récompensé. Quel sacré palmarès que le sien.
Carapaz en gagnera d'autres, son caractère et son talent le revendiquent, l'annoncent.
Et Ineos sauve son Tour avec une image sur la ligne qui vaut au moins une ou deux vuelta dans la musette, pour ce qui concerne la postérité. Sans oublier que les pois restent possibles pour Carapaz à Paris, même si Pogacar les mérite un tout petit peu plus.
Sinon, que dire ?
Les Glières ont bien été le grand chantier annoncé, Landa a tenté, Uran et Yates sont allés à la poussière.
Le gag du jour est encore à porter au crédit des bataves de Visma qui, c'est désormais une certitude, se partagent un cerveau pour huit. C'est d'abord Roglic qui accélère pour faire péter Dumoulin, puis ensuite Kuss dans la poussière des Glières, sans doute pour le remercier d'avoir enfin tiré un bout droit d'un hectomètre pour lui. Mais Kuss finit par revenir à la cravache juste avant la bascule, sans doute pour faire la descente pour son leader ? Mais non, c'est Roglic qui la fait pour son équipier. Derrière eux à 40 secondes, ses deux meilleurs soutiens ne roulent pas, comme pour ne pas risquer de revenir pour l'aider. Puis ils se mettent enfin à rouler, et alors, dans la plus parfaite synchronisation, Kuss s'y colle aussi devant. Des Visma qui chassent contre des Visma, c'est la science de la course batave. Bon, les fins stratèges finissent par comprendre qu'en cyclisme si on roule derrière, on ne roule pas devant. Et tout ce beau monde, enfin béni par la fée logique, regagne l'arrivée... où le beau van Aert vient priver en s'arrachant au sprint son leader d'une bonif de 4".
Quand on est con, on l'est jusqu'au bout.