Au sens juridique du terme le serf était considéré comme une personne alors que l'esclave un bien meuble. Mais dans la réalité les différences entre l'esclavage et le servage étaient vraiment minces !
Le serf n'avait pas d'autre choix que de travailler au service d'un Seigneur toute sa vie durant sans espoir de changement. Il était enchainé à sa condition , à une terre dont il ne recevait qu'une infime part des richesses lui permettant juste de survivre. La belle affaire Polomnic.
Encore une fois, vous faites dans l'anachronisme, en considérant une situation historique, scientifique et technologique qui n'a rien à voir avec celle d'aujourd'hui. Ici, il s'agit considérer un système socio-économique avec les réalités de l'époque. Et donc de savoir si selon cette situation, la condition du serf était aussi effroyable et injuste que vous nous la présentez.
Tout d'abords, la condition de servage est le produit de l'histoire. A savoir, l'effondrement de l'empire romain et l'anarchie et le chaos qu'il a engendré, nécessitant la réorganisation de la société au niveau local, assurant un système de protection et de défense efficace avec les moyens dont ils disposaient à l'époque.
Le servage, qui rappelons le, avait quasiment disparu à la fin du XIème siècle, était un contrat passé entre la paysan et le seigneur que l'on peut résumer par protection contre nourriture. Un contrat qui assurait l'usufruit de générations en générations aux paysans, gage précisément de sécurité pour ce dernier. Le seigneur ne pouvant bannir un serf de sa terre pour le remplacer par un autre paysan qu'il aurait considéré plus productif. Sécurité que certains serfs refusèrent d'abandonner(voir la video) lors de leur affranchissement.
Bref, il ne s'agit pas de vouloir revenir à la condition matériel du serf de l'époque et d'abandonner tous les progrès en terme de productivité que nous ont apporté les progrès scientifiques, mais de savoir si en fonction des réalités de l'époque le servage était un système aussi injuste et inhumain que vous le prétendez.
C'est cela l'histoire, la capacité à se remettre dans le contexte de l'époque et non regarder une époque avec nos références contemporaines. C'est à peu près ce qu'on répété sans cesse nos plus grands médiévistes de Le Goff à Régine Pernoud. Bordonove est un excellent vulgarisateur(j'ai lu toutes ses biographies des rois de France), mais il ne s'agit pas de la référence historique sur la période médiévale.
Concernant l'espérance de vie je me suis trompé je m'en excuse humblement , ce n'était pas 25 ans pour un Homme mais 14 ans au Moyen Age !
Oui c'était le paradis Polomnic , vivre en moyenne 14 ans , la vie d'un jeune serf du Royaume de France est en effet très enviable.
http://www.cvm.qc.ca/glaporte/vie.htm
Par contre les nobles s'en sortaient mieux pouvant atteindre les 50 ou 60 ans.
Cette espérance de vie n'a aucune signification, si l'on ne tient pas compte de la formidable mortalité infantile de l'époque. Mortalité qui perdura bien après le servage qui je le rappelle avait pratiquement disparu à la fin du XIème siècle. Donc, il est totalement malhonnête de mettre en rapport la condition du servage avec l'espérance de vie. Cela n'a aucun rapport. Un serf affranchi devenu paysan libre durant le Moyen Central ne vivait pas plus vieux.
Votre exemple, illustre parfaitement ces manipulations historiques visant à stigmatiser le Moyen Age.
Sans compter que cette statistique de 14 ans, prend en compte même les enfants morts nés, qui étaient comptabilisé puisque baptisés. Et oui, dans cette époque profondément catholique l'enfant dans le ventre de sa mère était considéré comme un être humain ayant une âme.
Georges Bordonove célèbre historien a composé plusieurs écrits où il relatait la passion des rois de France pour la chasse. Leur intérêt pour les serfs existait également mais c'était pour leur imposer des taxes dont la fameuse Taille afin de mieux les écraser et d'en profiter. De plus ces derniers ne pouvaient même pas transmettre leurs rares biens avec le fameux droit de Mainmorte.
Bon déjà, pour une nouvelle fois, la taille seigneuriale apparait à la fin du XIème siècle, alors que le servage a presque totalement disparu. Et la taille royale, impôt créé pour avoir une armée permanente par Charles VII, permettait justement de ne plus avoir des bandes de mercenaires désœuvrées pillant les paysans. De plus, Impôt voté lors des états généraux de 1439. Hors sujet donc.
Concernant la main-morte, celle-ci pouvait facilement être contournée.
Pour échapper aux rigueurs de la mainmorte, on imagine un procédé ingénieux, connu sous le nom de société ou communauté taisible (voir le roman Les Bons Dieux de Jean Anglade pour un exemple de constitution de communauté, fictive, en Auvergne). Les membres de la famille formaient entre eux une société de fait, composée du père et de la mère et des enfants, même après leur mariage. Ils vivaient ensemble, sous le même toit, au même pot et pain. De cette façon, quand le père ou la mère mourait, il n’y avait pas lieu à l’exercice de la mainmorte. La communauté continuait à fonctionner, la part du défunt augmentant celle des survivants. Le seigneur ne pouvait exercer son droit de mainmorte que quand la société était entièrement dissoute. Cependant, pour que cette combinaison fût admise, il fallait deux conditions : que les héritiers fussent serfs comme le défunt, et qu’ils fussent restés tous en société avec lui jusqu’à sa mort. Il suffisait du départ d’un seul pour mettre fin à la société.
Cela démontre bien que le serf n'était pas sans ressources juridique face à son seigneur.
Pour les écrits honteux on repassera donc. Le servage permettez moi de le trouver honteux lui.
Je viens de vous démontrer le contraire.
Je n'aimerais pas subir les conditions de travail de ces milliers de personnes mortes en construisant des cathédrales durant plusieurs décennies. Combien a t-il fallu de décès pour ériger ces monuments certes magnifiques , il vaut mieux ne pas s'interroger en effet et profiter du spectacle en touriste ou en pratiquant.
Les personnes ayant bâti les cathédrales étaient toutes volontaires. Il s'agissait en grande majorité d'artisans spécialisés, qui bénéficièrent économiquement de la construction de ces édifices, et par voie de conséquence l'économie locale.
Et puis, votre remarque sur le nombre de morts est une blague. Regardez le nombre de décès sur des ouvrages modernes comme les canaux de Suez et de Panama. Et je ne parle des ouvrages d'art de la très moderniste URSS. De véritables hécatombes et des conditions de travail sans doute pire que durant l'édification des cathédrales.
Vous croyez peut être en la réincarnation ? comment être certain que les bâtisseurs participaient à de tels efforts dans la joie et la bonne humeur ? Vous étiez de ces personnes ?
Non, mais si vous lisez les historiens sur la question, il ne s'agissait pas de l'enfer que vous semblez décrire.
J'adore les gens nostalgiques pour qui c'était mieux avant. La nourriture n'était pas celle des nobles avec viandes grasses à profusion sur des banquets immenses , je cite :
La base de la nourriture des paysans du moyen-âge est constituée de fèves, lentilles, pois chiches, gesses, épinards, courges, choux, oignons, ail, poireaux, navets, vesces (plante herbacée) panais ,et autres légumes mais aussi de quelques fruits, et des ressources du poulailler
http://www.saisons-vives.com/Alimentati ... s,220.html
La réalité est que les gens étaient pauvres , se nourrissaient mal , possédaient peu de vêtements , ne bénéficiaient d'aucun soin particulier sauf quelques médecines naturelles plus ou moins douteuses qui tuaient plus qu'elle ne sauvaient. Ils étaient victimes de brigandages , de viols pour les femmes , la sécurité et la Justice n'avaient pas le même sens que de nos jours.
Cette époque serait considérée comme un enfer maintenant surtout quand je vois les pleureuses nous expliquer que la loi Khomri anéanti les droits des travailleurs . Nous sommes une putain de société gâtée pourrie Polomnic. J'ai infiniment plus de respect pour les gens qui vivaient autrefois dans des situations sans droits ni protections où le courage n'était pas un vain mot.
Si les français actuels devaient supporter les conditions d'autrefois ils se suicideraient !!
J'aime le Moyen Age , l'Histoire en général mais surtout je suis conscient de la chance immense que j'ai de vivre en 2016 en France avec ce confort de vie inégalable que mes ancêtres n'auraient pas imaginé une seconde.
Mais Wolfy, vous remontez juste à la dernière guerre mondiale(époque moderne pourtant et quelques siècles après la fin du servage, soit près de mille ans) aucun d'entre nous n'aurait pu supporter de telles conditions. Je dirais que même en temps de paix, nous aurions du mal à nous adapter aux conditions du début du XXème, et encore moins la condition de mineur du XIXème siècle. Des oranges, vous n'en mangiez qu'à Noël et c'est le père Noël qui vous les apportait. Seulement, à l'époque les gens étaient plus rudes et plus résistants physiquement et mentalement qu'aujourd'hui. Notre faiblesse morale, issu d'un confort excessif, est ce réellement un progrès ?
Bref, tout cela pour dire que vous n'analysez pas la situation de manière historique, mais êtes dans le plein anachronisme, et que vous passez complètement à côté de ce qu'était le Moyen Age.
Dans les conditions de l'époque, le système du servage n'était ni inique, ni infernal, mais au contraire parfaitement adapté à la situation. Quand la situation suite à l'effondrement économico-sociale de l'empire romain se fût améliorée, le servage disparu rapidement. Fin du Xième siècle, je le rappelle. Le Moyen Age dura pourtant encore 4 siècles avec une majorité de paysans libres.