Tous les récits de voyage et rapports sur la Palestine du XVIIe au XIXe siècle parlent d’une région désolée de l’Empire ottoman.
• Henry Maundrell, en 1697 : Nazareth, « un village minuscule et sans importance » ;
• Jéricho, « une bourgade minable et sale » ;
• Acre, « une désolation ».
• L’archéologue britannique Thomas Shaw, en 1738 : la Terre Sainte « vide, désolée et manquant de tout ».
• Le comte Volney en 1785 : « Nous avons du mal à reconnaître Jérusalem... on y compte environ douze mille habitants ».
• Alphonse de Lamartine, qui visita la région en 1832, écrit, dans le Voyage en Orient (1835), qu’à part Jérusalem, il ne rencontra pas âme qui vive, et que la Palestine était « le tombeau de tout un peuple ».
• Ou encore, Alexandre Keith, en 1844 : « A l’époque de Volney, la Terre Sainte n’en était pas encore arrivée à l’état de désolation totale, décrit par les prophètes ».
• Et puis le consul britannique en Palestine ottomane, James Pinn, en 1857, dans un rapport à Londres : « Le pays est à peu près inhabité ».
Autres citations :
« Jaffa ne représente qu’un méchant amas de maisons rassemblées en rond… Nous nous avançâmes dans la plaine du Saron, dont l’Ecriture loue la beauté… Le sol n’offre de toutes parts que des chardons, des herbes sèches et flétries, entremêlées de chétives plantations… Ca et là apparaissent quelques villages toujours en ruine, quelques bouquets d’oliviers et de sycomores… Nous découvrîmes Jérusalem par une ouverture des montagnes… Je croyais voir un amas de rochers brisés : l’apparition subite de cette cité des désolations au milieu d’une solitude désolée avait quelque chose d’effrayant ; c’était véritablement la reine du désert… »
François-René de CHATEAUBRIANT – 1806
« Traversé la plaine de Saron en vue des monts Ephraïm… Contrée desséchée et désertique… Petit déjeuner près d’une mosquée en ruine… Stérilité de la Judée… Rouille blanchâtre qui envahit des portions entières du paysage – décoloré – lèpre – incrustation de malédictions… Le délabrement sans la grâce… La nudité absolue de la désolation…Jérusalem… La couleur de la ville tout entière est le gris et elle vous regarde comme l’œil gris et froid d’un vieillard froid… Aucun pays ne dissipe plus rapidement les rêves romantiques que la Palestine – en particulier Jérusalem ».
Herman MELVILLE – 1857
« Le pays est vide d’habitants à un degré inimaginable ; il a besoin, avant toute chose, d’une population »
James FINN (consul britannique à Jérusalem) – 1857
« La Palestine est un pays imaginaire. La vallée de Jezréel n’existe plus. On ne trouve pas un seul village dans toute son étendue, sur trente miles au moins, quelle que soit la direction qu’on emprunte… Il y a bien deux ou trois campements de bédouins, mais pas la moindre habitation permanente… On peut parcourir dix miles à cheval sans rencontrer plus de dix êtres humains. »
Mark TWAIN – 1857
« Voici donc le Saron, dont la fertilité exquise et la beauté ont marqué à jamais l’esprit hébraïque. Je me demande, en la parcourant, où ses habitants ont bien pu résider autrefois. Cette plaine qui passe pour avoir été fertile et nourri une population immense n’est plus aujourd’hui qu’une solitude. Jour après jour, nous redécouvrons que l’ancienne prophétie s’est réalisée à la lettre : La terre est vide, en ruines et vide d’habitants.»
R.P. Samuel MANNING – 1874
« La Galilée, au printemps, est en proie à la mélancolie de l’abandon, comme toute la Terre sainte… C’est une contrée infiniment silencieuse, toujours plus désolée et solitaire… Une vaste et triste campagne à l’abandon, dont les ruines ne seront jamais relevées. »
Pierre LOTI - 1895
Tous ces témoignages confirment que le peuplement arabe de la Palestine est en très grande partie récent, induit par la forte activité économique générée par les pionniers juifs depuis la fin du XIX° siècle.