Ce que j'ai trouvé plus déplaisant chez Ali, ce n'est pas le côté anti-blanc parfaitement naturel, mais son côté anti-noir. Il accusait toujours ses adversaires noirs (Frazier surtout, Foreman un peu moins) d'être des lèche-cul des Blancs, s'arrogeant le titre du Seul Vrai Résistant, etc.
Ou l'art de dire tout et son contraire dans la même phrase.
Je ne vois d'ailleurs pas en quoi il serait légitime que les afro-américains fassent du racisme anti-blanc.
Le fait de "ne pas voir", c'est votre souci, on l'a déjà vu maintes fois.
Les afro-américains ont souffert d'une politique objective de ségrégation, par laquelle ils étaient opprimés et humiliés, non pas simplement dans un fantasme dans leur tête, mais dans la réalité. Ils n'avaient pas le droit de rentrer dans un bus "blanc" ou dans les toilettes des "blancs", qui étaient définis comme tels et tous solidaires de cette politique. C'était du racisme.
Le fait de représenter l'attitude des victimes de cet apartheid comme une sorte de reflet en miroir du premier est une manipulation idéologique indigne. Au même titre que renvoyer dos à dos nazis et Juifs en disant que les Juifs faisaient du racisme anti-aryen. Il n'existe aucune symétrie de cette sorte, où la parole du bourreau est tenue pour équivalente aux cris de la victime.
Les victimes n'étant pas devenues de ce fait des oies blanches et des saints, aucune souffrance n'est une sanctification, peuvent certainement exprimer leur révolte selon des voies qu'on désapprouve, comme je l'ai mentionné. Et il y a eu, dans la "communauté noire", des règlements de compte pas jolis que j'ai indiqués. (Je précise que je ne suis pas raciste : je n'accorde aux Noirs aucune supériorité sur les Blancs, ils ont parfaitement la possibilité d'être des salauds ou des saints, comme toute l'espèce humaine en général).
Pour ce qui touche aux accointances d'Ali avec les Blacks Muslims, j'ai parlé de réaction "naturelle" dans le sens où, à son époque, il n'y avait pas tellement d'autres approches et qu'il a pris ce qu'il pouvait prendre.
Quand vous mettez un jeune homme dans une situation d'oppression insupportable, il arrive qu'il réagisse mal ou très mal. Mais c'est l'oppression qu'il faut d'abord incriminer, même si elle n'excuse pas.
Vous savez très bien que nous avons le même souci avec l'islamisme, au Moyen Orient. Personne ne va dire que l'islamisme terroriste est une bonne position, mais la question c'est de savoir pourquoi un certain nombre des jeunes de ces pays sont massivement attirés vers cela, et le "racisme anti-blanc", c'est extrêmement léger, c'est juste de la pauvre branlette, comme principe explicatif.