L’essentiel semble t’échapper depuis le début. L’étape suivante devrait être l’unification politique de l’UE.
Je l'ai bien compris, mais honnêtement je ne veux pas spéculer sur ce que devrait être la prochaine étape, du moins pas maintenant.
C’est en cela que les résistances à noter sont celles des pays qui ont tout fait pour rester dans une union plus économique que politique.
Peut être bien.
La Grande – Bretagne ne doit certainement pas voir d’un bon œil l’acquis de Schengen alors qu’elle a refusé d’y entrer. Même son entrée en 1973, était calculée ; elle ne pouvait se tenir à l’écart d’un projet d’envergure ; donc elle a choisi d’y participer selon son bon plaisir. Pire, sa politique de négociation continue avec l’UE a fait des émules : le Danemark et la Suède se seraient-ils permis de négocier concernant l’Euro, s’il y avait eu le précédent britannique ?
Je n'ai pas assez de connaissances sur les enjeux pour le Danemark et la Suède pour une réponse complète, mais c'est plus facile d'emboîter le pas à un titan quand on est "plus petit" que d'essayer de négocier haut et fort pour ses intérêts.
Alors, que faire de ces pays réfractaires à l’unification politique ? Ne sont – ils pas un danger pour la construction européenne à long terme ? Doit – on continuer sans eux ? Tu vois : on en revient à mes précédents messages.
Ils le sont peut être, je comprends alors le choix binaire d'union ou dégradation que tu as énoncé.
En lisant ça je suis allé relire tes précédents messages et il y a cette phrase que j'ai loupé, rajoutée après coup :
L'on répond à un message par un autre message construit. Répondre phrase par phrase, c'est porter atteinte à la cohérence du post, se concentrer sur des éléments qui n'ont pas à être dissociés des autres...
J'ai l'habitude d'être très analytique, j'apprécie décortiquer un texte pour en analyser chaque parole de l'auteur. C'est une habitude que j'ai pris au fur et à mesure de débats. Ça me permet également de relever de potentielles incohérences (évitant parfois des dérapages malheureux) et d'isoler chaque arguments de l'auteur. Ceci dit je lis toujours (plusieurs fois, parfois) le texte en entier pour le cas échéant en comprendre la pensée globale.
* La comparaison avec la SDN n'est pas du tout pertinente ; ce n'est qu'un détail, donc j'y répondrai plus tard si tu le souhaites.
Pertinente? Probablement pas. Ce n'était qu'une image, ou plutôt pour donner une image (j'avais en tête le graphique de l'évolution du nombre de pays membres).
C’est surtout l’héritage d’un temps où la France était encore la tête de gondole politique de la CEE. Nous avions un siège au conseil de sécurité de l’ONU - et nous l’avons toujours- ; nous avions une économie encore florissante ; nous menions une politique internationale pas encore axée sur Washington ; l’Allemagne était encore un nain parce que divisée, et en conflit latent avec la RDA, même après les années 1970.
Je vois.
Il semble quand même que la conjecture nous soit moins favorable aujourd’hui. C’était prévisible ; de Gaulle a toujours voulu le morcellement de l’Allemagne ; Mitterrand a tenté de s’opposer à la réunification… Ce n’est pas pour rien ; l’Allemagne a vocation à devenir un hegemon en Europe centrale, en concurrence avec la Russie.
Par hegemon en Europe Centrale tu entends quoi? Y a t-il des actions entreprises qui te laissent à penser ça? Mis à part comme tu le dis ci-après de l'imposition allemande en UE.
C’est pour cela que je me demande si l’UE ne serait pas le moyen pour l’Allemagne de le devenir naturellement, en commençant par l’économie. Je ne pense même pas qu’il y ait à l’origine de volonté politique…. Disons que l’économique dicte peu à peu le politique.
Plutôt d'accord, oui. Mais l'économie européenne a sérieusement besoin de quelques réformes.
Reformulons ta question : l’unification politique sous la direction allemande est –elle une menace pour les autres ?
Pour la France qui aspire à un rôle de premier plan en Europe, oui. Comme je le disais précédemment, le couple franco – allemand la satisfaisait dans la mesure où elle avait des atouts politiques : diplomatie, rôle dans le monde, hommes politiques prépondérant dans la construction européenne, et l’Allemagne des atouts économiques, qui permettaient à chacune d’être des moteurs de la construction européenne.
La France et l'Allemagne serait résolument en opposition donc. Ce que ce soit même inconsciemment.
Nous aspirions probablement au rôle que joue désormais l’Allemagne : la réunification lui a permis de s’imposer sur nous ; la crise est sans doute venue aggraver cela. Tu l’as reconnu : la politique de la BCE est plus allemande que française. Il faut s’interroger sur les dégâts que cela cause en France. Il n’est pas certain non plus que l’UE soit ce qui nous profite le plus : une politique tournée vers nos anciennes colonies serait peut – être plus judicieuse.
C'est ce qu'on fait déjà pas mal par le biais de l'OIF. À quel genre de politique post-colonial fais-tu allusion?
Les autres membres n’avaient pas le poids suffisant pour espérer être le moteur du projet européen. Il leur fallait donc accepter le timonier qui leur semble le plus en adéquation avec leurs intérêts. En quoi l’hégémonie allemande leur profite plus ? Ca je ne sais pas.
Elle ne profite pas à grand monde, c'est ça le problème.
Pourquoi sont – ils entrés dans l’UE ? Il faudrait connaître les contextes locaux pour voir en quoi cela leur profite.
Sûrement, il y a différentes motivations mais une (telle) alliance économique est toujours profitable, ou à défaut vue d'un bon œil par le pays candidat. La Zone Euro en elle-même est une autre histoire
Dans quelle mesure ont –ils profité des fonds structurels pour se moderniser ?
Recevoir des fonds structurels implique des engagements, notamment l'aide aux entreprises locales. L'utilisation des fonds structurels selon la Commission Européenne.
Quant aux conséquences réelles, je ne sais pas.
Dans quelle mesure l’alliance européenne leur permet – elle de se protéger du voisin russe pour une bonne partie d’entre eux ?
Espoir d'un soutien politique? Bien que je pense que pour certains (beaucoup peut être?) ce soit surtout du symbolisme.
En quoi est – ce profitable pour leur économie ?
Outre les investissements européens, je ne saurais quoi dire.
Après en ce qui concerne la Zone Euro depuis la Grèce il y a une sorte d'accord tacite entre les pays membres au niveau de l'entraide, mais bon, bof.
Précisons quand même, que l’on ne peut pas parler d’accès à la démocratie, et à l’économie de marché comme des réussites, puisque ce sont des prérequis pour entrer dans l’Union Européenne : le fameux « acquis communautaire » de Copenhague.
Oui.
Je ne connais pas non plus l’aspect financier en toute honnêteté ; je ne me suis pas intéressé de près à cette partie du sujet. Tu n’auras qu’à nous renseigner si tu le souhaites dans ton prochain message.
Affaire de la triade, le niveau des échanges en/avec l'Europe est un des plus élevés au monde. L'Euro est une monnaie majeur qui unifie des puissances majeures et donc devient prisme d'investissements titanesques.
On remarque que la Chine reste encore fébrile sur ce point, la domination étant largement Américano-européenne. Tu pourras dire qu'avec la croissance chinoise et la date du graphique (source originelle : McKinsey Global Institute, 2011) ce n'est pas des plus pertinents, au contraire, cela montre que si demain l'UE ne veut pas non seulement se faire bouffer mais aussi rivaliser dans ce monde comme tu le dis multipolaire l'Euro est un atout majeur car il représente financièrement l'union des forces de l'Europe.
Deux sièges au conseil de sécurité de l’ONU : la Grande – Bretagne et de la France, donc deux droits de veto ; une vingtaine de voix au parlement de l’ONU ; et la possibilité d’autres membres au conseil de sécurité parce qu’il y a rotation. Tout cela serait coordonné par une diplomatie commune; L’UE y gagnerait alors un poids diplomatique non négligeable.
Un rapprochement politique voire même une union donnerait de bonnes raisons pour considérer l'UE comme un pays et ainsi l'avantage numérique au sein des institutions mondiales serait "restabilisé".
Un nouveau projet de "CED" serait aussi nécessaire pour peser sur le plan diplomatique d'une armée européenne commune, ce serait ne plus dépendre des USA ; pour ce faire, l'UE devrait créer sa propre organisation, en lieu et place de l'OTAN… Il deviendrait alors possible d'intervenir sans l'approbation et l'aide des USA.
Armée commune je ne sais pas, mais coordination d'une armée par une instance européenne supérieure serait possible. Rompre l'OTAN serait dangereux, mais que les Européens se mettent d'accord leur donnerait très probablement plus de répondant. Notre chaos est une opportunité pour nos ennemis.
Reprenons ton dernier argument : pourquoi l’Euro ne deviendraiit –il pas une monnaie d’échange sur le plan mondial au même titre que le dollar ou la monnaie chinoise ?
Il pourrait, mais il y perdrait son être. Parmi les trois grandes fonctions de la monnaie celle qui depuis le départ a été retenue pour l'Euro est celle de la réserve de valeur.
Après pas de traditionalisme, l'Euro peut très bien devenir une monnaie d'échange mondiale comme le dollar, elle rentrerait férocement en concurrence avec ce dernier.
Mais pour ça, ça semble déjà être le cas :
L’euro est largement utilisé, aux côtés du dollar américain, comme une importante monnaie de réserve en cas d’urgence monétaire. En 2015, plus d’un cinquième des réserves de change mondiales étaient détenues en euros.
L'euro est également la deuxième monnaie la plus échangée sur les marchés des changes. Elle représente environ 33 % de l’ensemble des transactions quotidiennes effectuées au niveau mondial.
L'euro est largement utilisé dans le monde pour l'émission de dettes publiques ou de dettes d'entreprises. En 2015, la part de la dette libellée en euro sur les marchés mondiaux a été d’environ 40 %, à égalité avec le dollar.
L’euro monte également en puissance comme monnaie de facturation et de paiement dans les échanges internationaux, non seulement entre la zone euro et les pays tiers, mais aussi entre les pays tiers. Il est utilisé comme monnaie de facturation commerciale dans plus de la moitié de l’ensemble des importations de la zone euro, et plus de 65 % de l’ensemble de ses exportations.
Plusieurs pays gèrent leur monnaie en la liant à l’euro, qui agit comme un point d’ancrage ou comme une monnaie de référence.
http://ec.europa.eu/economy_finance/eur ... dex_fr.htm
De la même manière, nous devrions nous intéresser de près aux institutions nées à Bretton Woods : le FMI et la Banque Mondiale. Elles sont dites « mondiales », mais sont en fait noyautées par les Etats – Unis… il faudrait y gagner en influence au point de remettre en cause cet état de fait.
Tacitement le FMI a toujours plutôt été européen et la Banque Mondiale américaine. D'ailleurs la quasi totalité des directeurs du FMI sont européens, si je ne m'abuse.
Le pays avec le plus gros poids décisionnel dans la Banque Mondiale est celui y investissant le plus, tu auras deviné que les États-Unis sont en tête avec environ 18% des parts.
II) Mais, tout cela ne deviendrait possible que si l’on allait vers une unification politique, non patronnée par les Etats – Unis. Je le répète: cette politique de puissance remettrait tout autant en cause l’ordre mondial américain que la Chine et la Russie actuelles.
Alors, plutôt que d’empêcher l’unification politique européenne, les Etats - Unis ont certainement choisi de la contrôler… Cela fait partie de leur propre politique de puissance : rester l’hegemon du monde, ce qu’ils sont depuis 1990, en devenant -ou restant- la tête d’une civilisation dite « occidentale » ou « atlantiste » : UE et USA* ; qui croise le fer avec d’autres civilisations : orthodoxe, chinoise, et musulmane en premier lieu.
Tous les indices me semblent aller dans ce sens : le TAFTA ou domination économique des USA sur l’Europe contre le reste du monde ; l’OTAN ou domination militaire de l’Europe, contre le reste du monde** ; la politique étrangère dite de « choc des civilisations » notamment au Moyen- Orient dictée par la diplomatie des Etats – Unis***… De plus en plus, l’on peut parler de lien de vassalité; dans une certaine mesure, l'on pourrait même défendre l'idée qu'il existe depuis 1945...
Je suis largement d'accord avec ça. Les États-Unis ont toujours voulu l'Europe comme alliée, le fameux "Monde Libre".
TAFTA apporterait certains avantages à l'UE, mais, dans la continuité de ce que tu dis, les États-Unis ont bien plus à y gagner. Ce qui m'inquiète est surtout la préservation des entreprises européennes, qu'on finisse pas en une Angleterre numéro 2 (sur certains points).
*En fait, selon Huntington, le Canada, l’Australie et la Nouvelle – Zélande font aussi partie de la civilisation occidentale.
Ça me semble évident.
Que va devenir l’ALENA ?
Je suis quelque peu troublé par cette question.
A ce propos, Israël est un îlot « occidental » au Moyen – Orient selon Netanyahou.
Ça me semble - encore une fois - évident.