Voici quelques extraits d'un article très intéressant sur l'euro et la Finlande. Je vous invite à le lire en entier.
Et si l’euro ne fonctionnait vraiment pas ? La réponse par les pays qui ont pourtant "tout fait bien"
Difficile de trouver un Etat membre de la zone euro qui aille bien, à part l'Allemagne. Même les pays qui respectent les règles imposées par la zone euro finissent parfois par connaître des déboires économiques. C'est le notamment le cas de la Finlande, qui fait les frais d'une politique monétaire trop rigide.
Atlantico : La Finlande a régulièrement été érigée en exemple par les tenants de l'austérité en Europe. Cependant, Standard & Poors lui a retiré son triple A, et sa dette public a atteint un niveau record malgré les coupes budgétaires importantes (32,7% du PIB en 2008, et 59,3% en 2014). Quelle est la réalité de la situation économique en Finlande ? Est-ce réellement un exemple à suivre ?
Le PIB finlandais est 5% en dessous de son pic de 2008.
L'économie dispose de deux manières de s'adapter à ce type de situation. Soit en dévaluant la monnaie du pays, soit en baissant les salaires et les prix (dévaluation interne). La première option n'a pas été possible à cause de l'appartenance de la Finlande à la zone euro. Ainsi, la Finlande n'a eu d'autre choix que de procéder à la dévaluation interne. En revanche, la hausse des salaires finlandais a été bien plus forte depuis 2008 que ce que montre la situation économique, reflet de problèmes structurels importants au sein du marché du travail finlandais.
Alors que la Finlande et la Suède ont connu une rémission économique similaire à la sortie de la crise du début des années 1990, celle de 2008 montre des divergences importantes (voir graphique de Paul Krugman). Quelle a pu être l'importance de l'action monétaire dans la meilleure rémission observée pour la Suède, qui ne fait pas partie de la zone euro ?
Lars Christensen : Il est clair qu'il y a eu des différences importantes entre les pays pratiquant des taux de change flottants et ceux qui sont dans la zone euro. La Suède, avec des taux de change flottants, a connu une croissance bien plus rapide que son voisin finlandais. De la même manière, la Turquie, qui pratique également les taux de changes flottants a dépassé la Grèce. Et enfin, la Suisse qui connait un taux de croissance supérieur à la France. Cela s'explique par deux facteurs. Premièrement, la politique monétaire au sein de la zone euro a été bien trop stricte depuis 2008, en particulier les deux hausses de taux d'intérêt de Jean–Claude Trichet en 2011 ont eu des conséquences très négatives sur la croissance de la zone euro. Deuxièmement, il n'est pas possible d'appliquer la même politique monétaire à tous. Ces politiques ont sous doute bien convenu à l'Allemagne dans l'ensemble, mais pas à des pays comme la Finlande qui a été frappée par ce que les économistes appellent des chocs asymétriques ( ex : l'impact de la crise russe sur l'économie de la Finlande ).
Gilles Saint-Paul : Les partisans du « plus d’intégration » utilisaient déjà cet argument lorsqu’ils prônaient l’Union monétaire, arguant du fait que le régime précédent de régulation des parités entre membres de l’UE ne fonctionnait pas, en particulier parce qu’il était vulnérable à des attaques spéculatives. Maintenant que l’on constate les dégâts considérables créés par l’Euro dans les pays de la périphérie, ils nous expliquent à nouveau que l’on n’a pas fait assez d’Europe et qu’il convient désormais de créer une union fiscale. Mais à moins d’ôter définitivement la souveraineté des pays membres, contre la volonté de leurs citoyens, on voit mal comment une telle union fiscale pourrait avoir lieu. Des propositions comme celle qui consisterait à mutualiser la dette en émettant des « euro-bonds » plutôt que de la dette nationale, se heurteraient vite aux incitations perverses des pays membres qui tenteraient d’accroître leur déficit pour les faire financer par les contribuables des autres pays. Et il est probable que des mécanismes de coordination du type Pacte de Stabilité, marcheraient encore plus mal que par le passé dans un tel contexte. La simple menace d’une sortie de la zone euro et de conversion de sa dette publique en billets de banque par le biais des retraits au distributeur a permis à la Grèce d’exercer un chantage implicite et de faire financer ses dépenses prolifiques par les contribuables allemands et français. Imaginez ce qu’il en serait si elle pouvait simplement émettre des titres assis sur les recettes fiscales futures du contribuable moyen de l’Union.
http://www.atlantico.fr/decryptage/et-e ... siWb4fP.99