De quelle légitimité morale Nicolas Sarkozy peut-il se prévaloir pour faire la leçon à Aléxis Tsípras ? il y a une prétendue vérité qu’on répète partout, ici dans la rubrique commentaires, au journal télévisé et dans les couloirs de l’Assemblée nationale, et que je ne supporte plus parce qu’il s’agit d’un mensonge éhonté. Je veux parler de cette affirmation selon laquelle l’Europe a aidé la Grèce à hauteur de X ou Y centaines de milliards d’euros et que, maintenant, elle doit rembourser. La vérité est qu’en dehors des rétributions prévues par les traités sur les fonds structurels, l’Europe n’a jamais aidé la Grèce, jamais. D’emblée, mettons les choses au clair : si, demain, vous croisez un mendiant et vous lui donnez une pièce de cinq euros, vous l’aidez ; si vous lui dites que vous repasserez le lendemain et qu’il devra vous la rendre avec en sus quelques centimes d’intérêt, non seulement vous ne l’aidez pas, mais je gage qu’il vous enverra vous faire voir chez qui vous savez.
Ceux que l’Europe a vraiment tirés d’affaire, ce sont les banques privées – Deutsche Bank, BNP et leurs consœurs -, en leur rachetant, en 2011, leurs créances sur la Grèce lorsque personne n’en voulait plus, des créances qui, pendant de nombreuses années, avaient été leur placement obligataire le plus rentable du marché. Ce que l’on ne dit pas, c’est que quelques mois après ce sauvetage scandaleux, la Deutsche Bank versait à ses employés, au titre des fameux bonus de fin d’année, 5,05 milliards d’euros ! 2011, une année somme toute ordinaire, comme les précédentes et comme les suivantes, car depuis, c’est pareil et c’est là que ça devient amusant. Faites un petit calcul : prenez ces 5 milliards d’euros, multipliez-les maintenant par trois (je suis conservateur) pour couvrir l’ensemble des banques concernées et pas seulement la Deutsche Bank, puis à nouveau par huit, soit le nombre d’années écoulées (en moyenne) entre la date à laquelle la dette grecque est entrée dans le bilan de ces banques et aujourd’hui. Vous arrivez au chiffre extravagant de 120 milliards d’euros de bonus distribués par les ex-créanciers privés de la Grèce en huit ans à leurs employés. Eh bien, tenez-vous bien : c’est à quelques millions près le montant du premier plan de sauvetage de la Grèce. Voilà la vérité !
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Quant au remboursement, parlons-en ! Bien sûr que toute dette doit être remboursée, c’est d’ailleurs pour cela qu’un prêt n’est pas un don. Mais où fixer la limite ? Dans une transaction privée, c’est l’actif de l’emprunteur. Lorsqu’il est épuisé, le créancier prend sa perte et les actionnaires ne sont pas poursuivis sur leurs biens personnels (sauf, bien sûr, s’ils se sont portés caution, ce qui est rare). Mais avec un État ? Doit-on pousser les gens, jusqu’à les affamer ou jusqu’au suicide ? Non, enfin c’est mon avis et c’est d’ailleurs pourquoi j’estime qu’un État devrait recourir à l’emprunt uniquement pour financer des investissements productifs ! On fait quoi, alors, pour recouvrer ses créances ? Dans la pratique, on continue à prêter de l’argent pour que le débiteur puisse rembourser ses vieux emprunts. C’est ainsi que la France n’a plus jamais remboursé ses dettes depuis 1979.
En résumé, l’Europe n’a pas aidé la Grèce mais financé les bonus des traders de la finance et la France n’a jamais remboursé ses dettes. Cette mise au point faite, je vous pose la question : de quelle légitimité morale (parce que juridique, il n’en a aucune, cela va sans dire) Nicolas Sarkozy (leader autoproclamé d’un parti en banqueroute financière) peut-il se prévaloir pour (je laisse de côté les insultes) faire la leçon à Aléxis Tsípras ? Et, tant qu’à faire, pour aspirer un jour à diriger la France ?
Christophe Servan http://www.bvoltaire.fr/christopheserva ... ozy,187247 Bravo Servan ! Nous sans dent allons payer pour avoir sauvé les grandes Banques , alors que nous même la France pouvons a peine nous acquitter des intérêts de notre propre dette qui gonfle chaque mois qui passent .Quand je a tous ses ordures qui ont contribuaient à cela et qui passerons une bonne retraite à nos frais sans en être inquiété pour avoir laissé à des générations entières le fardeau du a ces incompétents et irresponsables . Alors la moindre de choses qu'ils pourraient faire ses donneurs de leçons, qu'ils se taisent à jamais !