Quel est le vrai nom de Jésus ?
David Belhassen ·samedi 26 décembre 2015
Je m'appelle Yeshou’a. En fait, ce nom est mon prénom. Il est construit sur la racine hébraïque YShA' qui signifie : "sauver", "délivrer", “rédimer”.
Étant décliné au passif, cela donne : "sauvé", “délivré” “rédimé”. Oui mais de quoi ?
En dépit de la forme passive, Matthieu l'évangéliste, un de mes innombrables biographes (il y en a parait-il plus de 80, mais celui-ci, que je ne connais d'ailleurs pas, a écrit sur moi un best-seller) donne à mon prénom un sens actif : "sauveur".
D'après lui, il m'a été donné sous injonction divine : " Un ange dit en songe à Joseph : « Elle enfantera un fils. Tu l'appelleras de son nom Yeshou’a car il sauvera son peuple de ses péchés. »
Avez-vous remarqué le petit signe ’ que j'ai ajouté avant le a de Yeshou’a ? C'est pour vous dire que ce ’ est en réalité une consonne gutturale.
Venant du fond de la gorge, elle était difficile à prononcer, et déjà à mon époque, les Hébreux avaient tendance à l'escamoter. C'est pourquoi mon entourage en Galilée m'appelait simplement du diminutif Yeshou.
Ce qui a donné en grec Yesous (les grecs raffolent de la consonne S qu'ils ajoutent à toutes les salades… grecques), et en français : Jésus.
A propos, mes détracteurs - des judéens pharisiens pour la plupart -, ont parfois usé et abusé de ce diminutif comme quolibet, car les lettres Y-sh-ou sont aussi en hébreu les initiales de : "Que soit maudit son nom et sa mémoire! ".
Dès que j'avais le dos tourné, ils le prononçaient en crachant par terre. Est-ce que cela m'a offensé ? Sans doute. Mais je préfère être offensé qu'offenseur.
Mais revenons à nos moutons, c'est-à-dire à mon prénom, qui fut et reste celui de l'homme le plus célèbre du monde, n'en déplaise à ceux qui me haïssent.
Les ‘Historiens’ qui parlent de moi, et qui souvent ne savent pas un traître mot d'hébreu, ont souvent dit qu’il était la contraction d'un prénom très célèbre de la Bible : Josué, le "disciple" de Moïse.
En réalité, c'est le contraire. Josué, en hébreu Yehoshou’a, est composé avec le nom de Dieu (comme par exemple "Théophile" : “qui aime Dieu”) par ajout du préfixe Yeho, contraction du tétragramme divin YHWH.
Une nouvelle thèse à la mode allègue que Yeshoua' n'est que mon pseudonyme. Mon véritable prénom serait inconnu. J'aurais été "rebaptisé" ainsi par les rédacteurs des Évangiles en vue de mieux "coller" à ma mission de sauveur de l'humanité. La thèse précitée argumente sur le fait qu'il y a dans les Évangiles des coïncidences heureuses dans l'attribution des noms. Ainsi, Jean (en hébreu Yohanan) qui signifie « Dieu pardonne », est trop adapté aux actes de mon cousin le Baptiste qui prêche le repentir pour obtenir le pardon. Ou bien celui de Lazare (El'azar, en hébreu: « Dieu vient en aide ») que j'ai parait-il fait ressusciter (Je ne me savais pas un tel don !).
Ou encore celui de Jacques, mon frère cadet (en hébreu Ya'aqov, qui signifie justement "il suivra"), pour désigner mon véritable successeur spirituel.
Et enfin Simon-Pierre, ‘pierre’ sur laquelle se construira la communauté de mes fidèles.
Ces noms si bien collés à la peau de ces personnages ne sont pas, toujours selon cette thèse d'Historiens, uniquement le fait du hasard, mais en vérité des surnoms rajoutés a posteriori. Leur argument, à première vue convaincant, n'en est pas un. Les noms en hébreu ont toujours un sens et se prêtent à des interprétations qui peuvent en effet faire supposer que ce sont des "pseudos" tant ils trahissent le caractère des personnages qui les portent : David = l'amoureux.
Salomon = le pacifié. Moïse = le meneur. Elie = Mon Dieu. Malachie = mon ange. Daniel = Dieu a jugé. Jusqu'à Matthieu lui-même, puisque son nom en hébreu "Mattatyahou" signifie cadeau de Dieu (son Évangile, évidemment !).
En vérité, mon prénom Yeshou’a n'a rien d'extraordinaire ni de particulièrement adapté.
La Bible le mentionne une trentaine de fois et il appartient à différents personnages. D'autres noms bibliques auraient été plus appropriés comme par exemple celui de Elqana (= Dieu l'a créé) qui aurait arrangé bien des choses, non ?! Chose curieuse pourtant, tous les personnages portant mon prénom sont des "justes".
Est-il donc "prédestiné"?
Quoi qu'il en soit, je peux vous rassurer : Yeshou’a est bien mon prénom. Et mon nom de famille, demandez-vous ? Cela n’existe pas un nom de famille" chez les Hébreux. Le prénom suivi de " fils de …" sert de patronyme.
Je suis donc Yeshou’a ben Yossef, Jésus fils de Joseph en français.
Certains m’ont appelé "Jésus fils du Père". Pourquoi ? Ne sait-on pas que je suis le "fils de mon père", diriez-vous ?! Il faut croire que non ! Certaines médisances insinuent que mon père a été cocufié ! Pfff !
En hébreu, "Jésus fils du père" se dit Yeshou’a ben Abi, et en araméen (la langue imposée par l’occupant aramo-babylonien et devenue chez nous aussi courante que l'hébreu) : Yeshou’a bar Abba. Ce qui a donné en français : Jésus Barabbas.
Eh oui ! Jésus Barabbas, le rebelle condamné à mort par les Romains, c’est... moi ! Seul Matthieu l’évangéliste a osé m’appeler ainsi. Mais son proto-Evangile écrit directement en hébreu a été censuré par des évêques qui comble de l’infamie, se réclament de moi et au lieu de m’appeler Jésus-Barabbas m’ont donné le titre de “Jésus-Christ “ !