On peut être dans un état végétatif et conscient à la fois ?
Quand on regarde quelqu'un dans les yeux, on est pas un légume, désolé.
Vous êtes neurologue le dimanche, en plus d'assurer en semaine ?
Les révélations de la neuro-imagerie
La première démonstration difficilement réfutable fut, en 2006, avec une jeune femme en état végétatif depuis cinq mois des suites d’un traumatisme crânien. Placée dans un IRM, et ayant comme instruction d'imaginer jouer au tennis ou d'imaginer marcher dans sa maison, la jeune femme montrait des activations cérébrales similaires à des sujets contrôles, démontrant ainsi une compréhension du langage, la capacité d’imaginer, et de choisir le contenu de son imagerie mentale. Six mois plus tard, elle retrouvait des signes comportementaux démontrant sa conscience. Les résultats de cette étude laissaient toutefois planer un doute : est-ce que cette personne n’était pas déjà en transition vers l'état de conscience minimale au moment de l'expérience ? Ce cas était-il exceptionnel ou répandu ?
Un début de réponse vient d’être publié dans The Lancet par Damian Cruse et collaborateurs. Employant l’électroencéphalographie, une technique relativement facile à utiliser et peu dispendieuse, ils ont demandé à 16 patients en état végétatif et 12 sujets contrôles d’imaginer faire un mouvement spécifique suite à un son. Par ailleurs les sujets contrôles devaient aussi, dans un second temps, écouter les instructions sans les suivre afin d’exclure un éventuel effet lié à la simple écoute des instructions.
Les résultats démontrent que 3 des 16 patients en état végétatif, dont 2 des 5 patients ayant subi un traumatisme crânien, étaient capables de suivre les instructions (et donc potentiellement de communiquer avec l’aide de la machine). Réaliser cette performance implique nécessairement une attention soutenue au-delà de la minute, une compréhension des instructions verbales, une capacité de sélection du contenu de l’imagerie mentale, et une mémoire de travail suffisante. La préservation de ces fonctions cognitives rend peu plausible l’absence de conscience chez ces personnes. À l’inverse, l’absence de réussite ne signifie pas obligatoirement l’absence de conscience… trois des sujets contrôles ont d’ailleurs échoué au test !
Les prochaines étapes ? Entraîner les sujets, améliorer les interfaces, diffuser la technique, intégrer ces approches en réadaptation. Ergothérapeutes, chercheurs, ingénieurs, à vos machines.
http://www.futura-sciences.com/magazine ... tes-34894/
Disons qu'il y a des neurologues qui continuent de chercher et d'autres qui préfèrent tuer. Par paresse intellectuelle sans doute. Il est, en effet, plus facile de s'en tenir à une définition arbitraire de l'état végétatif qui permet en toute bonne conscience de décider du haut de sa chaire si un vie mérite d'être vécue ou non.