tiresias
Tirésias, il est vrai qu’aujourd’hui l’application de cet interdit en ce qui concerne le cochon peut paraître stupide. Mais il n’en était pas de même à l’époque où il a été édicté et où il était une obligation de Santé Publique.
C’est la caractéristique des religions révélées. La révélation issue de Dieu, de n’importe quel Dieu, était admissible par les individus en fonction de leurs intellects. De leur compréhension du monde, croisée par leurs capacités cognitives. Il est évident qu’aujourd’hui il serait difficile de faire admettre aux gens sensés une histoire de miracles, de personne multipliant les pains et les steaks hachés, marchant sur les eaux et réscucitées après trois jours de tombeau.
Tout le monde considèrerait qu’il s’agit d’un sketche de la Caméra Invisible.
Celui qui rapporterait cela à BFM TV ou à M 6 se retrouverait vite fait sous Prozac, camisole de force et hébergé en résidentiel dans un hôpital psychiatrique.
Encore que dans ce domaine, il faut être prudent. Le dernier qui a eu le culot de jouer à cela, a parfaitement manigancé son coup Joseph Smith qui a trouvé des tablettes d’or sur lesquelles étaient gravé le texte du Livre de Mormon et qui a fondé une religion qui marche fort bien. En 1823, il a reçu la visite d’un mec appelé Moroni, qui dans le civil était un ange. Et qui lui a révélé où il allait trouver des tablettes d’or sur lesquelles était gravé le texte du Livre de Mormon, dernier avatar en date d’une Révélation divine qui se réclame elle aussi du christianisme.
Mais qui a fort bien marché. Joseph Smith est mort richissime, les mormons sont une religion qui marche fort bien, et ses adeptes jureront aussi bien que les catholiques que ce sont eux qui détiennent la vérité révélée par Dieu. D’ailleurs, c’est pour cela que durant les trois jours qui ont séparé sa mort de sa résurrection, Jésus est allé en Amérique rendre visite à ses fidèles mormons.
Et c’était en 1823, il y a seulement à peine deux siècles. Qui peut croire qu’en deux siècles l’intelligence de masse des milieux populaires a pu faire plus de progrès que depuis la naissance des sociétés modernes, il y a cinq ou six mille ans.
Un grand spécialiste de ces questions, Ron Hubbard, qui a fait fortune dans la création de l’Église de Scientologie, et lui c’est seulement au siècle dernier, explique dans plusieurs de ses livres que la meilleure manière de devenir riche, c’est de créer une religion.
Tout cela pour dire qu’il ne faut pas juger une chose instituée il y a des millénaires à l’aune des faits du même ordre considérés aujourd’hui. D’ailleurs, comble de l’ironie, je l’ai conté dans une autre discussion, il y a dans l’Arava, dans le désert du Néguev, en Israël donc, une immense ferme placée sur la frontière israélo-jordanienne, moitié sur un pays moitié sur l’autre. Ce n’est pas la première. Et cette ferme est consacrée à l’élevage des porcs. Et elle à une grosse production en augmentation constante. Dont la majorité est consommée dans les pays arabes du Moyen-Orient. Et pas spécialement par les milieux chrétiens. Il n’y en a pratiquement plus.
De la même manière, l’Iran est un gros producteur de vin, théoriquement destiné au vin de messe des chrétiens iraniens. Mais il en est produit mille fois plus que cela ne serait nécessaire. Il ne sert pas à arroser les plantations de dattiers. Quant aux meilleurs vins d’Algérie, une part notable n’est pas exportée. La fait-on boire aux dromadaires ?
C’est, surtout en France, dans les milieux populaires déculturés que l’on respecte encore réellement les prescriptions religieuses en matière de halal et de prières. Par ignorance. Dans les milieux musulmans entrés dans la classe moyenne, le respect des prescriptions religieuses suit le même sens que chez les catholiques. La moitié des catholiques se met en ménage sans mariage religieux, et les trois quarts de ces ménages catholiques ne font plus baptiser leurs enfants.
Il en est de même des milieux religieux musulmans. Et si les islamistes et les salafistes n’avaient pas de visées purement politiques, il n’y aurait pas plus de rayons halal en magasins français que de marchands de chapelets et d’images pieuses en dehors du site de Lourdes.