Pour ceux que ça intéresserait, les banques ont sans aucun doute reçu bien plus que leur juste part du blâme pour la crise financière.
La responsable du gros problème, c'est la politique de logement du gouvernement américain. Et ça, on peut attendre patiemment pour les entendre l'admettre. C'est plus facile de péter son câble régulièrement au Sénat à la Elizabeth Warren contre les grandes banques qui sont des cibles faciles : régulées par l'Etat, détestées de la population parce qu'elles n'emploient que des sur-diplômés en costume et totalement désintéressées de leur image publique puisqu'elles ne vendent rien au consommateur.
La vérité, c'est que depuis l'administration Clinton, le pouvoir exécutif et législatif américain ont sacrifié le bien commun à leurs petits intérêts électoraux immédiats. Ils ont encouragé par tous les moyens possibles et imaginables le secteur privé à accorder des crédits immobiliers à des gens qui n'avaient pas les capacités de rembourser. Ils faisaient ensuite racheter ces crédits immobiliers faits par les banques (Chase, Wells Fargo, etc.) par les investisseurs institutionnels gouvernés par les pouvoirs publics, Freddie Mac et Fannie Mae. Enfin, les crédits immobiliers étaient repackagés et vendus comme des produits financiers à tous les investisseurs qui en voulaient bien. En 2008, 56% des crédits détenus par les deux FM étaient subprimes. C'était évidemment devenu insoutenable, et ça a explosé comme on pouvait s'y attendre.
Alors oui, les banques ont pris des risques inconsidérés en faisant et en rachetant tous ces crédits immobiliers, dont ils estimaient très mal le risque, mais c'était toujours avec la bénédiction et sous la menace des pouvoirs publics. Wall Street mérite une remise en question pour son comportement court-termiste, d'ailleurs on a bien vu quelles banques se sont gavées inconsidérément sur les subprimes (RBS, UBS, Merrill Lynch..) et quelles banques ont été sages (Credit Suisse, Deutsche Bank..). Mais les banques n'ont été que les agents de décisions politiques imposées en top-down, qui ont faussé l'équilibre économique du crédit immobilier. Tous les médias sont passés à côté.
Il faudra peut-être une deuxième crise des subprimes (peut-être détenus par le shadow banking cette fois) pour que les gens s'en rendent compte.