Je ne crois pas que la religion ait vraiment de gros problèmes avec la science. Elle en a plutôt avec la diffusion de la science.
Parce que l'idée, couramment propagée, comme quoi l'Eglise ou le Christianisme (en gros comme ça, en bloc) serait contraire ou ennemie de la science, c'est pas très sérieux. Pour plusieurs raisons, mais on peut faire valoir par exemple que, pendant 1000 ans environ, les savants ont très souvent été des prêtres. Pas seulement par opportunité ni sans convictions religieuses.
Et même au 17ème siècle, un type comme Gassendi (Pierre Gassend, évêque de Digne) pouvait rédiger des traités matérialistes, atomistes et se livrer à des recherches physiques sans être embêté et, sur le plan personnel, sans incertitude sur sa spiritualité.
Jusque là, il n'y a pas de contrariété.
Là où le religieux se fâche, c'est lorsque cela se sait. Ce n'est pas tant le péché, qui le gêne, que le scandale. Le scandale, disait Bourdaloue, c'est la publicité du péché. Tant que l'on pèche entre soi, entre amis, de façon strauss-kahnienne, ça ne gêne pas. Faut juste pas que ça se sache (1).
Qu'un obscur astronome polonais raconte que la Terre tourne, rien à braire, ça reste entre nous, on peut en discuter, c'est intéressant, etc. Si c'est un type comme Galilée, là ça devient pénible, faut brûler ses bouquins. Mais ce n'est pas contre "La Science".
Le problème des religieux, ce n'est pas la vérité, c'est sa diffusion. Si tout se sait, où mettra-t-on l'espace sacré ? S'il n'y a plus rien à planquer, comment on fait ?
Et là, je ne voudrais pas me montrer arrogant avec les religions qui ont un Livre, mais, si elles avaient suivi mes conseils, elles n'auraient pas commis cette erreur. Laisser des traces écrites, c'est très compromettant et les religions antérieures s'en étaient bien gardées. Et si tous les peuples "premiers" ont déserté l'écriture, c'est peut-être pas par hasard ; on a dit que c'étaient des arrièrés, je demande à voir.
(1) Le scandale du monde est tout ce qui offense
Et ce n'est pas pécher, que pécher en silence
(Molière).